Rendu du projet Les Glaneuses de la firme Rayside Labossière présenté lors du Sommet de l’Est (image courtoisie).

DES PROJETS À LA HAUTEUR DES AMBITIONS DE L’INITIATIVE D’EST EN EST

Le Sommet de l’Est, organisé en marge de l’initiative D’est en Est, a clôturé avec succès sa première édition le 13 novembre dernier. Ce grand rassemblement qui visait à mobiliser différents acteurs de la société civile et du gouvernement autour du développement économique et social du territoire de l’est a également été l’occasion de présenter les nombreux projets innovants portés par les entités engagées dans le Pacte pour l’Est.

Lancée en mai dernier, l’initiative D’est en Est avait pour mission première d’engager la communauté et les différents paliers de gouvernement dans une revitalisation concrète du secteur est de la métropole. Lors du Sommet de l’Est, les quelque 700 participants à l’événement ont pu découvrir les engagements et projets en développement mis en branle par près d’une cinquantaine de signataires du Pacte.

En étroit partenariat avec la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), le consultant Jean-Pierre Bernier a notamment collaboré avec les membres du comité directeur depuis le début de l’Initiative D’est en Est qui a donné lieu au premier Sommet de l’Est. Il s’est aussi plus particulièrement attardé à la gestion de la plateforme dans laquelle les entreprises et les individus allaient déposer leurs projets. « Je dirais que la réponse à l’appel de projets et à la mobilisation a correspondu aux attentes initiales. On a reçu environ une quarantaine de projets et probablement autant d’individus se sont engagés envers le mouvement. Ce sont des initiatives qui sont complètement gérées par les organisations qui les ont déposées. Il n’y a pas de contraintes ou de délais concernant la réalisation des projets. Certains sont déjà amorcés et d’autres en phase de développement », explique le consultant, communication et appui stratégique au développement économique. 

Le jour du sommet, plusieurs grands projets ont été présentés, certains lors des interventions des ministres présents, d’autres lors de différents panels rassemblant des participants. « Ce sont plus précisément les initiatives qui entrent dans l’investissement des 700 M$ annoncés. Pendant le sommet, c’est surtout ce dont il a été question », précise M. Bernier. D’autres projets mobilisateurs inscrits par les engagés dans le Pacte ont pu quant à eux profiter d’une visibilité sur des écrans pendant la journée.

Des projets écologiques et à visée sociale

Bien qu’il insiste sur le fait que tous les projets ont leur importance et qu’il ne souhaite pas « discriminer », Jean-Pierre Bernier a tout de même souligné quelques engagements qui, selon lui, sont particulièrement pertinents. 

Il nomme notamment le projet proposé par le Chic Resto Pop, un restaurant communautaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui offre des repas abordables aux citoyens. L’organisme s’est engagé à décontaminer le terrain situé à l’arrière du restaurant, en plus de réduire de plus de 50 % l’utilisation de contenants à usage unique dans le cadre de ses opérations. Il souhaite aussi cultiver un jardin urbain sur son terrain dès le printemps. « C’est un projet à petite échelle, mais qui se démarque et qui a une bonne correspondance avec la philosophie d’intervention de l’initiative », croit Jean-Pierre Bernier. 

Marc-André Simard (Courtoisie)

Selon le directeur général de l’établissement, Marc-André Simard, le Chic Resto Pop tient à participer activement aux différentes luttes sociales de son territoire depuis sa fondation. « Quand le Pacte pour l’Est est arrivé, c’était évident pour nous qu’il fallait trouver une manière de s’impliquer. On avait déjà amorcé une réflexion sur notre virage environnemental et sur notre impact dans la collectivité depuis environ un an. »

L’établissement avait la volonté de développer l’agriculture urbaine sur son terrain, mais devait d’abord s’assurer de la qualité du sol. « La décontamination vient d’être complétée cet automne. Pour le jardin, ça consistera en une production modeste de fruits, de légumes et de fines herbes qui va nous aider à approvisionner le restaurant communautaire. La plantation débutera ce printemps avec les semis », indique M. Simard.

En ce qui a trait à son virage zéro déchet, le restaurant communautaire avance une étape à la fois. « C’est une implication à plus long terme. On fait déjà beaucoup d’efforts au niveau du compostage et de la réduction des impressions. On a cependant encore un énorme travail à faire au niveau de la réduction de l’utilisation du papier et du plastique à usage unique, mais on s’est engagé à le faire à travers le Pacte, et aussi dans notre planification stratégique. »

En matière d’aménagement de logements sociaux, les projets Glaneuses et Héberjeunes de la firme d’architecture Rayside Labossière présentés lors du sommet prévoient la construction de bâtiments qui accueilleront plusieurs appartements pour les parents monoparentaux avec accompagnement de la DPJ, ainsi que pour les jeunes en difficultés.

« La firme Rayside Labossière a plusieurs projets d’habitation dans Hochelaga-Maisonneuve, dans Ahuntsic, dans Saint-Michel. Ils ont la mission de travailler de près avec les organismes, notamment avec la Société d’habitation des communautés noires (SHCM) et le Carrefour Familial Hochelaga, sur l’enjeu central du logement dans l’est. L’amalgame de tous ces projets permettra vraiment de faire une différence », croit Jean-Pierre Bernier. 

Autre projet d’importance pour l’est, le Campus Agora, initié par la ressource en intervention Déclic, se présente comme « un dispositif d’intervention innovant dans le soutien de la scolarisation et de la transition à la vie adulte des ex-placés de la DPJ ». « C’est un projet déjà conceptualisé, développé, présenté, qui est très intéressant », croit Jean-Pierre Bernier. 

Benoit Bernier (Courtoisie)

Selon le directeur général de l’organisme Déclic et initiateur du projet, Benoit Bernier, le sommet était une bonne occasion pour le Campus Agora de remettre son concept sous les projecteurs. Débuté il y a déjà 10 ans, le projet suprarégional d’envergure est actuellement encore en phase de financement. « En ce moment, le projet fédère tous les appuis dont il a besoin. Nous avons déjà reçu un premier financement l’année dernière de la part du ministère de l’Éducation pour poursuivre le développement. Ce sont des infrastructures qui frôlent les 90 M$, donc qui interpellent l’appui de plusieurs ministères. Pour nous, le positionnement dans l’est est important, et le sommet a été une manière d’avoir l’attention des décideurs. »

Des terrains potentiels situés dans l’est et «près des métros » sont présentement à l’étude pour l’aménagement du Campus Agora qui comprendra notamment des logements étudiants, un centre de formation académique générale et professionnelle pour les jeunes adultes en difficulté, et un laboratoire de recherche en innovation sociale. 

« Le projet est une première approche intégrée de services pour permettre la transition vers la vie adulte des ex-placés de la DPJ, mais aussi des jeunes adultes porteurs de traumatismes complexes, précise M.Bernier. La démarche mise sur la structure en adaptation scolaire pour soutenir l’intégration socioprofessionnelle de personnes qui ont des besoins complexes, qui sont un peu « abandonnés  » quand ils sortent des centres d’accueil, et plusieurs vivent même une première expérience d’itinérance dans la première année. Des soins psychosociaux spécialisés seront également offerts au Campus », explique Benoit Bernier.

Le Campus Agora, qui devrait ouvrir d’ici « trois à cinq ans » selon le directeur général, pourra accueillir jusqu’à 130 personnes dans ses logements, mais d’autres pourront bénéficier d’un accompagnement externe sans résidence et profiter de services scolaires et de soutien psychologique. « On aura une capacité d’intervention totale d’environ 335 jeunes par année avec ces deux structures confondues. L’Agora sera vraiment un milieu de vie et de développement, où les adultes en transition pourront suivre un cheminement académique adapté à leur parcours personnel et leurs besoins particuliers. »

NDRL : Un deuxième texte suivra dans quelques jours sur certains projets proposés dans le cadre du Sommet de l’Est 2023.

Modélisation du projet Campus Agora (Éric St-Louis, architecte)


Cette série spéciale est financée par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.