Ancien Pro Gym Projet Canoe

Le projet Canoë sera situé sur le site de l’ancien Pro Gym, angle Bennett et Hochelaga. Photo: Emmanuel Delacour/EMM

PROJET CANOË : L’OCPM DONNE SON FEU VERT ET FAIT SES RECOMMANDATIONS

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L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) recommande l’adoption du projet de règlement de la Ville de Montréal qui autoriserait, en dérogation au règlement d’urbanisme de l’arrondissement de Mercier−Hochelaga-Maisonneuve, la démolition de l’ancien édifice du Pro Gym, ainsi que la construction du projet Canoë, proposé par le promoteur immobilier, Rachel Julien.

« La requalification du 4500, rue Hochelaga constitue une occasion privilégiée de mettre en œuvre des principes d’aménagement et de développement durable. Il est proposé de construire un milieu de vie marqué par la mixité sociale, la diversité des usages, une offre de logements variée et de qualité, une offre commerciale et culturelle diversifiée, un verdissement accru et un engagement en matière d’écoresponsabilité », indique l’OCPM dans un communiqué émis au moment de la diffusion de son rapport, ce matin.

Ainsi, le complexe immobilier, dont la construction est prévue en six phases, vise la réalisation d’un projet mixte comportant des bâtiments d’une hauteur variant d’un à dix étages. On annonce la construction de 928 logements répartis en 205 unités locatives, 583 unités privées et 140 unités à vocation coopérative.

Dans son rapport, l’OCPM rappelle que le site est « présentement occupé par un bâtiment de 6 000 m² abritant l’ancienne salle d’entraînement du Pro Gym Montréal » et qu’il « s’agit d’un terrain clôturé et contaminé avec une surface asphaltée de 10 000 m² servant de stationnement, sans aucun espace vert ».

Les plans du projet Canoë, tirés du rapport de l’OCPM. Photo: Courtoisie OCPM

Bien que la commission en charge de ce dossier appuie le fait qu’on aille de l’avant avec le chantier, celle-ci émet une douzaine de recommandations afin d’harmoniser le projet avec les attentes des citoyens du secteur. On demande entre autres d’adopter un compromis pour réduire les hauteurs maximales des édifices sur l’avenue Bennett et de les préciser en étages et en mètres, et d’inclure les retraits aux étages pour tous les bâtiments de ce secteur. Les autres recommandations portent sur la densité maximale, l’illustration du traitement architectural, l’amélioration de l’ensoleillement et de la sécurité dans les espaces publics, la mobilité durable et la gestion des matières résiduelles.

Canoe Rachel Julien

Esquisse du projet du promoteur Rachel Julien.

Dans le cadre de cette consultation publique, l’OCPM a reçu près de 200 contributions et environ 600 personnes ont suivi les événements de la consultation, en salle et en ligne.

Réactions partagées

En août dernier, l’organisme Vivre en Ville avait participé aux consultations à propos de la requalification du 4500, rue Hochelaga et jugeait alors que le projet avait le potentiel de créer une variété de logements qui sauront répondre à une part de la demande en habitation du secteur. On considérait alors que les 191 logements sociaux et abordables ainsi que l’offre de 79 logements familiaux proposés constituaient un minimum acceptable. « L’ajout d’unités hors marché supplémentaires contribuerait à améliorer le
projet », soulignait à ce moment l’organisme dans son mémoire.

Aujourd’hui, le directeur général de Vivre en Ville, Christian Savard, se dit très satisfait des recommandations émises par l’OCPM. « On espère que les propositions faites au promoteur, mais aussi à la Ville en ce qui concerne l’aménagement du secteur, seront prises en compte. Ce que l’on veut, c’est que tout le monde puisse travailler ensemble pour construire un beau milieu de vie. »

Celui-ci croit qu’en fin de compte, le projet Canoë est un bon projet de densification, à proximité des transports en commun et qu’il pourra contribuer à résoudre les problèmes d’accès au logement dans le quartier. « Bien évidemment, on veut éviter autant que possible de gentrifier le secteur, mais on ne combat pas la gentrification en ne faisant rien. Il fallait redévelopper ce site. La Ville devra être proactive dans les prochaines années pour se prévaloir de son droit de préemption lorsque viendra le moment de racheter des terrains dans le quartier, afin d’y créer du logement social et abordable », indique-t-il.

Cependant, on est en désaccord avec cette vision du côté du Comité Bails Hochelaga-Maisonneuve, chez qui l’on aurait préféré qu’un projet constitué en majorité de logements sociaux voit le jour. « Faire du logement social, ce n’est pas toujours possible pour ces projets privés, mais considérant le contexte du quartier, nous croyons que cela est nécessaire », souligne Marine Gourit, organisatrice communautaire.

Celle-ci se dit déçue du fait que le projet du promoteur reçoive essentiellement l’aval de l’OCPM et pense que les futurs propriétaires des unités de logement proviendront en majorité de l’extérieur d’Hochelaga, contribuant ainsi à son embourgeoisement. « C’est surtout des gens de la classe moyenne qui auront les moyens de se payer ces condos. Dans Hochelaga, on a beaucoup de personnes âgées et de gens qui vivent avec des enjeux de santé mentale. Je trouve vraiment dommage que le promoteur dans ses messages publicitaires prône l’inclusion et la mixité, mais lorsqu’on voit le résultat, je trouve cela un peu hypocrite. »

Le promoteur Rachel Julien, contacté par EST MÉDIA Montréal, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevues.


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