Photo: Emmanuel Delacour/EMM

PROJET CANOË : « NOUS RESPECTERONS L’ESPRIT DES RECOMMANDATIONS DE L’OCPM »

Une grande étape venait d’être passée dans le projet du 4500, rue Hochelaga, lundi matin. En effet, les pelles mécaniques s’affairaient à démolir l’édifice de l’ancien Pro Gym, afin que puisse se réaliser le « Canoë », un concept sur lequel la firme Rachel Julien travaille depuis plusieurs années.

Quelques mois après le dépôt du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui émettait plusieurs recommandations au sujet du bâtiment de 928 unités à vocation mixte, le coup d’envoi a été lancé. La firme promet d’entrée de jeu qu’elle prendra en considération l’ensemble des demandes faites par l’OCPM.

« [Ces recommandations] allaient dans le sens de ce projet. Ce n’est pas quelque chose qui nous affrontait, ça allait dans les valeurs qu’on s’est données, des objectifs qu’on voulait atteindre. On va respecter l’esprit [des recommandations], parce que tout n’est pas écrit directement », assure Denis Robitaille, président de Rachel Julien.

Denis Robitaille, président, et Mélanie Robitaille, vice-présidente directrice générale de Rachel Julien . Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

Parmi les recommandations qui avaient été émises par l’OCPM étaient incluses des demandes sur l’adoption d’un compromis pour la réduction des hauteurs maximales des édifices sur l’avenue Bennett. On demandait aussi de préciser ces hauteurs en étages ainsi qu’en mètres et d’introduire les retraits aux étages pour tous les bâtiments de ce secteur. De plus, l’OCPM s’était penché sur la densité maximale, l’illustration du traitement architectural, l’amélioration de l’ensoleillement et de la sécurité dans les espaces publics, la mobilité durable et la gestion des matières résiduelles. Certaines recommandations ont été faites au promoteur, tandis que d’autres s’adressaient à l’administration municipale. « On va faire du logement locatif, social, abordable et du commerce de proximité. On désire vraiment s’insérer dans le quartier pour le redonner aux futurs résidents. On a voulu faire un « win-win », souligne M. Robitaille.

Rappelons que Rachel Julien avait annoncé son acquisition du terrain du Pro Gym en 2020 pour y développer son projet. Des dérogations ont été obtenues auprès de l’arrondissement pour dépasser la hauteur permise des édifices, qui est fixée à 3 étages dans le secteur. Durant les consultations de l’OCPM, plusieurs citoyens sont venus s’opposer à certains aspects du projet, particulièrement les constructions en hauteur que certains jugeaient excessives.

Un chantier d’envergure

La démolition qui vient d’être amorcée est donc le premier pas vers la réalisation d’un projet comprenant 6 phases qui s’étendront sur un calendrier de 5 à 8 ans, selon les informations qui avaient été soumises à l’OCPM en juin 2022 par Rachel Julien. Les plus récents plans incluent une vingtaine d’édifices, d’une hauteur qui varie entre 1 et 10 étages. Le terrain, dont la superficie est de 15 992 m², sera occupé à environ 50 % par les immeubles. Le reste de l’espace laissera ainsi la place à des aires végétalisées, dont un parc linéaire représentant 10 % du lieu. Ce sont entre 150 et 170 arbres qui seront plantés sur le terrain. Une autre portion du site, entre la nouvelle école Irénée-Lussier et le projet « Canoë », sera léguée à la Ville, afin d’y créer un espace public, assure-t-on.

Photo: Emmanuel Delacour/EMM

L’étape de la déconstruction de l’ancien édifice du Pro Gym devrait durer de 2 à 4 semaines, selon la firme. Ensuite viendra la réhabilitation des sols, dont les coûts s’élèveront à environ 10 M$. De ce montant, 10 % sera remboursé dans le cadre d’un programme de la Ville de Montréal, une fois la décontamination complétée. « Le terrain est très contaminé, confie M. Robitaille. On retrouve surtout des scories de sables de fonderies qui étaient implantées dans le secteur. »

Une fois l’excavation du site achevée, la phase 1 sera lancée. Celle-ci prévoit 203 unités locatives, dont une cinquantaine d’unités seront abordables à long terme en vertu d’un programme de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. « On vise le début de la construction en mai, juin au plus tard », indique le président de Rachel Julien. La phase serait alors complétée à l’été 2025, conçoit ce dernier.

Au-delà des unités d’habitation, le développeur a toujours dans ses plans d’intégrer une offre commerciale, ainsi que des ateliers d’artistes et une garderie. Effectivement, le président de Rachel Julien indique que la firme est en discussion avec un épicier dans l’idée d’inclure une offre alimentaire dans un des édifices qui sera bâti. Le secteur étant un désert alimentaire, M. Robitaille affirme qu’il était très important qu’un épicier fasse partie du projet, et éventuellement une pharmacie et une clinique médicale, qui pourrait inclure un groupe de médecine de famille.

À terme, l’objectif d’intégrer des logements familiaux, sociaux et abordables reste sur la table. Le président ne se le cache pas, l’inflation, la hausse du coût des matériaux de construction et de la main-d’œuvre, ainsi que la flambée des taux d’intérêt auront un impact sur le calcul des prix de vente des unités. « C’est un facteur qui rend plus difficile l’accessibilité. Alors, on travaille sur ces fronts-là. Ce n’est pas facile et on fait affaire avec des professionnels pour réduire le plus possible nos coûts, tout en ayant un projet de grande qualité », conclut M. Robitaille.

Photo: Emmanuel Delacour/EMM.