Les commerçants de la rue Jean-Talon entre les boulevards Saint-Michel et Pie-IX sont en processus de regroupement en ce moment afin de mettre sur pied une Société de développement commercial (SDC), qui devrait dès cet été organiser au moins un événement public a appris EST MÉDIA Montréal.

Lors de la séance du mois d’avril, le conseil de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a donné son aval à deux règlements ayant pour objectif de créer le cadre réglementaire qui permettra ensuite aux commerçants de déposer un projet de constitution de société de développement commercial (SDC) dans le secteur. « L’adoption de ces deux règlements assurera un contexte plus propice à la création de SDC et aidera nos commerçants locaux à se regrouper et à faire rayonner leur artère commerciale. Nous souhaitons soutenir tous les efforts déployés par les commerçants et les accompagner durablement dans leur souhait de faire de leur rue commerciale une artère de destination », a déclaré par voie de communiqué Giuliana Fumagalli, mairesse de l’arrondissement.

En visioconférence, Mme Fumagalli indiquera que la création de la SDC était une de ses promesses électorales en 2017, alors qu’elle portait les couleurs de Projet Montréal (écartée du parti en 2018, elle siège depuis comme indépendante, mais se représentera à la mairie de l’arrondissement cette année avec un nouveau parti local, Quartiers Montréal). « Nous avions identifié cette artère comme prioritaire pour le développement économique de VSMPE, et là nous venons de passer à une étape très importante. Avec la création de la SDC, les commerçants pourront bénéficier d’une aide financière de la Ville, mieux s’organiser, promouvoir plus efficacement l’artère commerciale et faire avancer des dossiers communs. Ça va changer la donne au bénéfice de tout le monde, tant des commerçants que des résidents du quartier qui devraient voir l’artère commerciale s’améliorer », affirme la mairesse.

La mairesse de l’arrondissement de VSMPE, Giuliana Fumagalli (photo courtoisie).

Une rue commerciale en évolution

Si la rue Jean-Talon, dans Saint-Michel, abrite depuis les années 1990 une majorité de commerces issus de la communauté maghrébine (auparavant l’artère commerciale était plutôt reconnue pour ses commerces italiens et, en moindre proportion, portuguais), aujourd’hui elle se diversifie rapidement avec l’arrivée de plusieurs entrepreneurs d’origines variées. Ainsi, le nouveau regroupement de commerçants n’a pas encore défini le nom que portera officiellement la SDC. « Oui il y a toujours beaucoup de commerces maghrébins sur la rue, mais il n’y a pas que cela. Et ça évolue chaque année. Donc on se pose la question à savoir si c’est vraiment représentatif d’appeler la SDC Petit Maghreb, même si les couleurs sont quand même plutôt maghrébines dans le coin. Nous n’avons pas tranché encore », explique Imed Lakhdara, co-propriétaire du Marché Castel, un des commerces phares de la nouvelle SDC.

Trois types de commerces prédominent dans le quartier Petit Maghreb: les boucheries de viande halal, les pâtisseries et les cafés, quoiqu’on y retrouve aussi des commerces typiques de proximité comme quincaillerie, services professionnels, etc. Mais selon l’aveu même des dirigeants de la nouvelle SDC, l’artère commerciale est plutôt « macho », et attire une clientèle très majoritairement masculine. Un des objectifs déjà définis du regroupement de commerçants est donc d’accueillir dans un avenir rapproché plus de commerces qui intéressent généralement la gent féminine. « Il y a beaucoup de cafés par exemple sur la rue, et les femmes maghrébines ne fréquentes pas naturellement ces endroits, elles boivent plus du thé dans des salons de thé par exemple. Et il n’y en a pas sur Jean-Talon. Il manque de boutiques de vêtements, de salon de coiffure, d’articles pour la maison, etc., qui ferait de l’artère commerciale une rue avec une offre plus diversifiée pour toute la famille. Ça, c’est vraiment un objectif très important pour nous. Et on aimerait aussi qu’il y ait plus de femmes d’affaires qui viennent s’installer chez nous », soutient M. Lakhdara. Parmi les autres défis identifiés rapidement par la SDC, notons le manque d’espaces de stationnement sur la rue (il n’y a pas de parcomètre en ce moment et de limite de temps que l’on voit généralement sur les artères commerciales pour le stationnement), l’attractivité plutôt pauvre de l’artère en dehors du quartier (la promotion de l’artère commerciale est en ce moment au point mort), et le manque d’événements. « Maintenant, avec la SDC, nous allons pouvoir améliorer tout cela. Ce sera plus facile aussi de travailler avec la Ville pour faire avancer nos dossiers », dit l’actionnaire du Castel.

Marché Castel, situé au coeur de la nouvelle SDC (photo : EMM).

Quant à la mairesse de l’arrondissement, elle est d’avis que l’artère commerciale pourra dorénavant se doter d’une signature plus intéressante, et faire preuve de plus de cohésion dans son développement. « On a pas le choix d’ailleurs de repenser tout ce secteur du quartier, car avec tout ce qui va se passer du côté de Pie-IX avec l’arrivée du SRB et la nouvelle station de métro, il va y avoir un engouement pour l’artère commerciale, les gens vont se promener beaucoup plus entre Saint-Michel et Pie-IX », conclut-elle.