Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois (Photo : EMM).

PAUL ST-PIERRE PLAMONDON : LE BUDGET DE LA CAQ EST « UNE INSULTE POUR L’EST DE MONTRÉAL »

Le député de Camille-Laurin et chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon ne mâche pas ses mots lorsque vient le temps de critiquer le budget récemment déposé par le ministre des Finances, Eric Girard. Selon lui, le manque d’investissement pour l’est de Montréal est « insultant » et prouve l’« inconscience » du gouvernement en ce qui concerne les besoins de ce secteur, alors qu’il s’est écoulé cinq années depuis le début de la prise du pouvoir par la Coalition avenir Québec (CAQ) et la signature de la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal.

« Quand on se concentre sur l’est de Montréal, le fait est que c’est un budget qui aggrave la tradition de sous-financement du secteur », martèle le chef du PQ.

Dans l’ensemble, on retrouve 23 M$ sur trois ans (2023-2026) spécifiquement prévus pour permettre à l’est de Montréal de se revitaliser, note M. St-Pierre Plamondon, tout en ajoutant que le budget n’explique pas comment cet argent sera dépensé. Quoi qu’il en soit, cette somme représente un montant famélique si l’on prend en compte les besoins de cette partie de la métropole.

Les enjeux de l’est

En s’attardant sur les investissements dans les divers ministères, le chef du PQ constate que peu d’argent sera injecté pour s’attaquer aux problèmes propres à l’est.

« En matière de logement, durant la campagne électorale, la CAQ s’était engagée à créer 11 700 logements sociaux (au Québec) sur quatre ans, mais elle vient de manquer à son engagement et elle a menti à la population parce que le budget dit qu’il va y en avoir 5 200 sur six ans. À titre comparatif, au PQ, notre engagement il est de 35 000 logements et on pense qu’en date d’aujourd’hui, vu la migration, surtout concentrée à Montréal, ça prendrait pas mal plus que 35 000 logements sociaux pour répondre à la demande », affirme M. St-Pierre Plamondon.

Le chef du PQ y voit un manquement pour l’est de Montréal, parce que les besoins en logements sociaux dans la ville sont en général très importants. La sortie récente cette semaine de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur la problématique du logement abordable dans la région métropolitaine confirme une fois de plus ceci, remarque M. St-Pierre Plamondon.

En matière de transport, le député de Camille-Laurin se dit déçu de l’absence d’investissement pour les infrastructures routières. « En 2018, la CAQ s’était engagée à réaménager la rue Notre-Dame. On prévoyait alors d’investir 2,6 milliards d’ici 2030. Mais il n’y a rien qui a avancé depuis. On est rendu à la cinquième année de pouvoir caquiste et je ne vois rien dans le budget, rien qui a bougé. »

Même constat en santé, alors que l’est semble encore une fois être l’enfant pauvre du budget provincial. « J’espérais voir un engagement pour l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont à la hauteur de 4,2 milliards de dollars et non de 2,5 milliards, ce qui est nettement insuffisant pour parvenir à rénover l’édifice. Mais il n’y a rien », se désole-t-il.

Plus spécifiquement, dans le domaine de la santé mentale, les enjeux dans l’est sont très présents, selon M. St-Pierre Plamondon, mais encore une fois, le budget laisse à désirer en ce sens. « Que ce soit au niveau de la consommation de drogues ou à celui de la détresse psychologique, les sommes annoncées, de l’avis de tous les experts, sont nettement insuffisantes. »

De plus, en ce qui a trait aux infrastructures, le député de Camille-Laurin se dit déçu de ne pas trouver de sommes prévues pour l’École Louise-Trichet, située dans Tétraultville, dans le Plan québécois des infrastructures. En effet, à la suite d’une visite en février dernier, M. St-Pierre Plamondon avait réagi sur Twitter à propos du fait que l’établissement accueillait désormais 600 élèves, alors que sa capacité maximale est de 480, selon le ministère de l’Éducation. L’élu avait alors rappelé dans son message que le gouvernement proposait en 2018 un agrandissement des lieux comme solution à cette surpopulation, mais que jusqu’à aujourd’hui, aucun appel d’offres n’avait été fait en ce sens.

« La CAQ avait aussi promis 1,5 milliard de dollars sur dix ans (pour l’ensemble du Québec) pour les infrastructures sportives : les arénas, piscines, terrains de soccer… Ça serait vraiment utile de rénover nos infrastructures dans l’est. Malheureusement, ils ont encore manqué à leurs promesses, parce qu’ils ramènent ce montant à 300 M$ uniquement », ajoute-t-il.

Enfin, l’absence de mention concernant le Projet structurant de l’Est (ancien REM de l’Est) désappointe l’élu qui souhaite que le gouvernement s’engage rapidement à un plan concret à ce sujet.

L’économie avant tout

À titre de chef d’un parti de l’opposition, M. St-Pierre Plamondon croit que de façon générale, « c’est un budget prudent, très axé sur la stimulation de l’économie. »

« Mais il y a des angles morts; c’est que les questions sociales et environnementales font partie des questions économiques, poursuit ce dernier. Si les gens ont nulle part où se loger, n’ont pas de place en garderie pour leur enfant et donc ne peuvent pas aller travailler, ont des problèmes de santé mentale et ne trouvent pas de ressources, ont des problèmes à se faire soigner en général, des problèmes de transports collectifs, alors les gens ne peuvent pas participer à ton économie. »

Ainsi, s’il pense que le gouvernement à un devoir « humaniste » de veiller au bien être des citoyens, le chef du PQ ajoute que « le manque d’engagement de la CAQ » sur les enjeux sociaux et environnementaux « va nous rattraper » sur le plan économique éventuellement.

Ce dernier croit tout de même que certains aspects du récent budget sont positifs, incluant la multiplication de cliniques de super infirmières, la création de programmes télévisés pour enfants faits au Québec à la chaîne de Télé-Québec, et l’absence de réengagement pour le troisième lien à Québec.