Thomas Awad, directeur à la coordination des équipes chez Octasic (Emmanuel Delacour/EMM)

OCTASIC : UNE ENTREPRISE QUÉBÉCOISE À L’EXPERTISE UNIQUE

Que ce soit pour aider les forces de l’ordre à localiser les gens, dans des opérations de sauvetage ou des cas de force majeure, une entreprise située dans Rosemont possède une rare expertise en télécommunications. Elle nous a ouvert ses portes.

Thomas Awad nous accueille dans les bureaux d’Octasic, établis depuis 2018 à l’angle des rues Rachel et Molson, dans le Technopôle Angus. Directeur de la coordination des équipes, ce dernier nous fait découvrir les activités insoupçonnées qui se déroulent quotidiennement derrière les portes de l’entreprise.

« Ce sont environ 100 000 de nos puces qui sont distribuées annuellement à nos clients. On en a deux principales, qui sont achetées par des clients internationaux, dont un au Japon », explique M. Awad. Ces puces, qui permettent de traiter des données média audio, sont utiles pour la conception de divers appareils de communication. « Un autre de nos clients conçoit pour une grande chaîne de supermarchés des machines dans des usines automatisées. C’est grâce à notre technologie que ces machines peuvent parler entre elles », indique le directeur.

Octasic conçoit aussi un appareil de surveillance des communications, surtout utilisé par les corps policiers nord-américains « Nos clients sont plus limités dans ce domaine, parce qu’on fait attention avec qui on fait affaire, pour des raisons éthiques », souligne le directeur.

L’appareil dont il est question est un simulateur de station téléphonique sans fil, un dispositif de la taille de trois grandes valises de voyage et pesant environ 70 kg, donc assez imposant. « C’est très spécialisé comme appareil. C’est utilisé par exemple afin de secourir les personnes perdues en forêt », illustre M. Awad. Il faut en effet des dispositifs qui puissent repérer précisément les signaux cellulaires. Autrement, les efforts de recherche seraient semblables à essayer de trouver la proverbiale aiguille dans une botte de foin.

Des employés d’Octasic s’affairent à inspecter les produits de l’entreprise (Emmanuel Delacour/EMM)

Dans les espaces de la rue Rachel, ingénieurs et techniciens s’affairent à inspecter la qualité des puces, fabriquées à Taïwan et en Corée du Sud. Les installations à haute technologie possèdent aussi plusieurs robots qui permettent l’automatisation du contrôle de la qualité, avant que les précieuses puces soient envoyées aux clients d’Octasic. Dans une valse répétitive, les bras mécaniques inspectent des dizaines de microprocesseurs en quelques minutes.

Une entreprise internationale bien d’ici

Pas facile pour une compagnie québécoise de laisser sa marque dans le monde ultra compétitif et global des télécommunications. « Depuis la fermeture de Nortel, on n’en voit plus beaucoup au Québec. Il y a eu comme un départ de l’expertise vers l’étranger », constate M. Awad.

Fondée en 1998 par Michel Laurence, l’entreprise est passée de consultante en création de puces à conceptrice. Puis, c’est son modèle de puce qui élimine l’écho en 2003 qui lui permet réellement de percer le marché. « Puis, entre 2008 et 2014, on s’est vraiment concentrés sur la téléphonie sans fil. On a misé sur ce marché, et désormais, cela représente près du trois quarts de notre chiffre d’affaires », raconte le directeur.

Si la compagnie est bien québécoise, elle a dû apprendre à s’internationaliser pour faire sa place dans le milieu. « On est une centaine d’employés dans nos bureaux montréalais et ceux-ci proviennent d’environ 25 pays différents », affirme-t-il. Octasic a aussi sauté sur l’occasion d’aller chercher l’expertise tant prisée en Inde. En effet, un ancien membre fondateur, qui est retourné dans son pays natal il y a quelques années, a été un lien important qui aura permis d’ouvrir le second bureau à Bangalore, où évoluent désormais une centaine d’employés.

« En termes de haute technologie, c’est quand même rare au Québec, ce qu’on fait. On est fiers de maintenir cette expertise-là chez nous. Ce n’est pas facilement remplaçable, ce que l’on crée. Même mondialement, pas énormément de compagnies ont notre d’expertise », conclut M. Awad.