L’arrondissement de Montréal-Nord compte plusieurs quartiers très prisés par les familles. Photo : Léa Villalba

MONTRÉAL-NORD : DU QUARTIER POPULAIRE AU SECTEUR HUPPÉ

De la résidence de luxe au bord de l’eau jusqu’aux petits appartements populaires en passant par des quartiers familiaux, l’arrondissement de Montréal-Nord arbore une pluralité marquée dans son cadre bâti. Les différences d’un secteur à l’autre s’expliquent notamment par l’histoire de son développement, mais aussi par la diversité des gens qui y habitent.

L’ancienne ville de Montréal-Nord, fusionnée à la métropole en 2001, demeure néanmoins un arrondissement encore plutôt méconnu de nombreux Montréalais. Pour Adèle Pavageau, conseillère en planification, c’est principalement dû au fait que l’arrondissement soit peu desservi par le transport collectif, ce qui en complique l’accès. « Beaucoup de Montréalais connaissent moins les quartiers de Montréal-Nord et les fréquentent donc moins, aussi parce qu’ils sont peu mis en valeur », explique-t-elle. « Pourtant, il y a beaucoup de richesse et de forces ici. Il y a de très beaux quartiers avec beaucoup de potentiel », renchérit Jérôme Vaillancourt, directeur de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à Montréal-Nord.

Un exemple de maison de type bungalow sur la rue Edger. Photo : Léa Villalba

Un « split-level » sur la rue Marcel-Monette. Photo : Léa Villalba

Le quartier des fleurs serait l’une de ces richesses. « C’est un quartier pavillonnaire cossu avec de grands arbres. Peu de gens le savent, mais c’est un très beau milieu de vie au cœur de l’arrondissement ! » explique Antoine Guilbault-Houde, conseiller en planification à l’arrondissement. Constitué principalement de maisons jumelées, ce quartier ne connaît pas d’élan de construction ni de mouvement de population importants. « Les gens qui sont ici y restent, car les conditions de vie sont très bonnes », poursuit-il. En plus de la taille des maisons, ce secteur est aussi intéressant pour son architecture comme l’explique Mme Pavageau. « Ce sont de beaux pavillons des années 70, des maisons qu’il faut vraiment préserver. Nous travaillons à protéger son style d’origine et son caractère », assure-t-elle. Cette richesse historique se retrouve aussi tout le long du boulevard Gouin puisque celui-ci loge une vingtaine d’immeubles patrimoniaux.

Maison Cazal, construite en 1754 sur le boulevard Gouin. Photo : Courtoisie

Maison Andegrave-Drouin-Xénos, construite en 1741 sur le boulevard Gouin. Photo : Courtoisie

Une vingtaine de maisons patrimoniales se retrouvent sur le boulevard Gouin, dont celle-ci. Photo : Léa Villalba

Le secteur nord-est de l’arrondissement, quant à lui, présente une forte proportion de nouveaux arrivants et fait face à des défis sociaux économiques importants, mais il comporte du même coup une richesse indéniable au niveau de la vie communautaire. Ce quartier compte encore aujourd’hui quelques immeubles locatifs en mauvais état et les espaces verts y sont rares. « La salubrité des logements y est déficiente et nous avons le devoir d’agir pour aider les familles qui y habitent », selon Jérôme Vaillancourt. Pour se faire, une opération d’inspection de tous les logements sera lancée prochainement. Cela permettra ensuite à l’arrondissement de décider, en concertation avec les résidents, de la façon la plus efficace d’agir, et ce, en ayant le moins d’impact possible sur le prix des loyers. « L’arrondissement travaille pour aider ces gens à vivre dans des conditions plus décentes », ajoute-t-il.

Le nord-est de l’arrondissement devrait connaître une certaine revitalisation dans les prochaines années. Photo : Léa Villalba

Le nord-est fait aussi l’objet d’une grande démarche collective avec sa population afin d’en améliorer les conditions de vie. « L’élaboration du plan d’aménagement du nord-est est une expérience unique et participative qui permettra de revitaliser ce quartier et d’améliorer l’état du logement », soutient M. Vaillancourt.

Montréal-Nord se transforme

Plusieurs transformations majeures sont en train de se produire à Montréal-Nord, notamment dans l’ouest de l’arrondissement. « C’est un quartier en pleine revitalisation, notamment grâce à sa situation géographique, à ses rues commerciales, ses écoles et ses parcs. Nous pouvons sentir que des changements sont en cours », indique M. Guilbault-Houde.

Parmi ces changements, on peut notamment évoquer l’arrivée prochaine du SRB Pie-IX, qui verra le jour en 2023. « Cela facilitera grandement l’accès au centre-ville », explique Mme Pavageau. Dans les prochaines années, les citoyens pourront semble-t-il aussi compter sur le REM de l’est, projet qui fait d’ailleurs l’objet, en ce moment même, de consultations publiques. Plusieurs projets commerciaux devraient d’ailleurs voir le jour aux abords de ces nouvelles infrastructures de transport en commun. « Les commerces vont vouloir s’installer autour, c’est sûr. On voit déjà que ça commence sur les rues Fleury, Monselet, Charleroi. Avec nos partenaires locaux, nous devons assurer un positionnement adéquat de nos artères commerciales et les consolider dans ce nouveau contexte », ajoute M. Vaillancourt. Selon ce dernier, Montréal-Nord est un secteur de choix pour installer son entreprise, notamment grâce à la main-d’œuvre disponible. « Beaucoup de nos citoyens doivent aller très loin pour travailler. Notre défi, c’est de favoriser les conditions nécessaires pour que les gens vivent et travaillent ici », détaille-t-il.

L’arrondissement voit aussi le nombre de constructions augmenter fortement sur son territoire, notamment avec l’arrivée prochaine de deux grands immeubles le long du boulevard Gouin. 300 nouvelles unités verront aussi le jour aux abords du boulevard Pie-IX dès l’été 2022, et plusieurs projets d’agrandissement dans des résidences pour personnes âgées sont déjà au programme. Enfin, des logements locatifs devraient être construits sur le boulevard Gouin, sur le bord de la rivière des Prairies pour 2024. « Les terrains d’Olymbec, situés sur la rue Albert-Hudon, comportent aussi un gros potentiel de développement et nous travaillons à leur intégration dans la trame urbaine existante », affirme M. Vaillancourt.

Un développement immobilier récent près du boulevard Langelier. Photo : Courtoisie

Un secteur attractif

Depuis 2017, on observe une augmentation du nombre de permis de construction, de rénovation, et de démolition dans plusieurs quartiers. Montréal-Nord a connu un véritable « boom » avec une augmentation de 200 % des permis de construction émis en 2020. « Les prix ont augmenté considérablement dans tous les secteurs de Montréal, mais Montréal-Nord reste plus abordable qu’ailleurs », avance M. Vaillancourt. Et M. Guilbault-Houde d’ajouter : « Il y a beaucoup d’opportunités pour les familles. Par exemple, nous avons des secteurs avec de nombreuses maisons semi-détachées et des quartiers de plex aussi. »

Un exemple de maison familiale dans le secteur plutôt huppé de Gouin. Photo : Léa Villalba

Avec la bonification des transports en commun, l’arrondissement s’attend aussi à ce que la demande en termes de logements abordables devienne plus importante. « Il y a quelques années, les gens pouvaient hésiter entre investir à Laval ou à Montréal-Nord. Mais avec le SRB Pie-IX et le REM, le territoire sera certainement plus attractif », élabore M. Guilbault-Houde.

En 2020, la valeur des permis de construction émis s’élevait à 125 M $ et l’arrondissement prévoit un chiffre encore plus élevé pour 2021.


Le dossier spécial « Montréal-Nord 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration de :