Montréal-Est (Courtoisie de la Ville de Montréal-Est)

MONTRÉAL-EST : UNE VILLE AUTONOME ET FIÈRE DE L’ÊTRE

Défusionnée de la Ville de Montréal depuis 2006, Montréal-Est est la seule « ville liée » de l’est de la métropole. Cette position lui donne une certaine latitude au niveau des responsabilités locales qui lui reviennent, alors que d’autres compétences relèvent toujours du conseil d’agglomération.

Après avoir résisté plusieurs fois à une fusion avec la Ville de Montréal, Montréal-Est se voit contrainte par le gouvernement du Québec de s’annexer à la métropole au début des années 2000, tout comme 200 autres municipalités dans les régions métropolitaines. En 2002, Montréal-Est est officiellement intégrée à l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles–Montréal-Est.

Puis, lorsque les libéraux prennent le pouvoir en 2004, le nouveau gouvernement donne l’option aux villes fusionnées d’organiser un référendum en vue d’une éventuelle séparation avec Montréal. « Pour les villes qui voulaient se séparer, il y avait une volonté d’avoir plus de pouvoir sur leur territoire et face à leurs besoins. Montréal-Est avait toujours eu ses services à elle et aussi une proximité avec ses élus, et elle a perdu cela quand elle est devenue un arrondissement », explique Colleen McCullough, directrice générale par intérim et trésorière de la Ville de Montréal-Est.

Colleen McCullough, directrice générale par intérim et trésorière (Courtoisie de la Ville de Montréal-Est)

Montréal-Est profite donc de l’opportunité que lui offre le parti au pouvoir pour s’émanciper et retrouver son ancienne autonomie. Bien qu’elle ne compte aujourd’hui qu’environ 4 400 habitants, la ville, qui tire une part importante de ses revenus des industries qui s’y sont installées, est bien nantie, mais aussi particulièrement dynamique et proche de sa communauté. « On est très agile et on a le potentiel de réagir rapidement pour nos citoyens. Ces derniers ressentent une appartenance particulièrement forte pour Montréal-Est. Aussi, notre situation est assez exceptionnelle, parce que même si on est une petite ville, on a un budget annuel d’environ 40 M$-50 M$ », précise Mme McCullough.

Des responsabilités justement partagées

Bien que Montréal-Est soit une ville défusionnée, l’agglomération de Montréal demeure toujours en charge de différents services et dossiers, comme l’environnement, l’évaluation, la sécurité civile (services d’incendie et de police), les transports en commun, l’eau potable ou bien le logement social. La Ville de Montréal-Est se charge quant à elle de l’habitation et de l’urbanisme sur son territoire, de la collecte des matières résiduelles, de l’aménagement des bibliothèques et des parcs ou encore du développement culturel et social. « La position de ville liée nous donne une belle liberté sur le choix des projets, sur les infrastructures, sur nos priorités en développement, ainsi qu’au niveau du zonage et de l’usage du territoire », ajoute Colleen McCullough. 

Selon cette dernière, le modèle actuel de partage des compétences et des responsabilités entre la ville-centre et Montréal-Est est adéquat. « Je crois que les responsabilités sont bien réparties. Car on s’entend, ça serait difficile de donner la charge à chaque petite ville de s’occuper de certaines tâches, et pour nos budgets aussi. Par exemple, comme notre territoire est petit, ça ne serait pas réaliste qu’on ait notre propre service de police ou de pompiers. »

Martin Michaud, coordonnateur des relations citoyennes et des mesures d’urgence à la direction générale (Courtoisie de la Ville de Montréal-Est)

La division de la gouvernance en place permet aussi à la Ville de Montréal-Est de concentrer ses efforts sur l’aménagement d’espaces réservés au bien-être et au divertissement des citoyens, particulièrement nombreux sur son territoire, selon Martin Michaud, coordonnateur des relations citoyennes et des mesures d’urgence à la direction générale de la Ville de Montréal-Est. « Même si notre population est petite, on a une patinoire, une piscine, un terrain de baseball, une programmation culturelle et beaucoup d’activités et d’installations. Nos élus ont voulu investir avec les années, et on n’a pas eu besoin de demander la permission à Montréal pour tout ça. »

Quelques embûches 

L’Association des municipalités de banlieue (AMB), qui représente les intérêts des villes liées de l’agglomération de Montréal, se penche depuis quelque temps déjà sur l’enjeu des quotes-parts, ou plus précisément sur l’équité du partage des dépenses allouées aux services. Plusieurs villes défusionnées jugent que les montants qu’elles doivent débourser sont inéquitables. Pour la Ville de Montréal-Est, les questionnements sont les mêmes. « Il est vrai que la formule de répartition des coûts, c’est un point épineux pour de nombreuses villes liées. L’AMB a demandé à l’agglomération de repenser la séparation des dépenses. Par exemple, sur mon territoire, je peux avoir seulement trois autobus, donc peu de couverture du transport en commun, mais nos quotes-parts sont définies en fonction de notre richesse foncière, et non en fonction du service rendu. On essaie de faire valoir d’autres méthodologies au niveau de la manière de calculer », explique Mme McCullough.

Elle souligne aussi des lacunes en ce qui a trait à la centralisation de l’information et aux partages des données avec les villes liées. « Au niveau de la géomatique, on aimerait que Montréal partage davantage les informations plus privilégiées. Par exemple, elle a les compétences sur l’eau, mais certains conduits appartiennent à l’agglomération de Montréal et d’autres appartiennent à Montréal-Est. Et pour avoir des données sur leurs infrastructures souterraines, ça peut être plus difficile. Parfois, on a un accès par la porte arrière, par le bouche-à-oreille, à de l’information. C’est certain qu’on veut, avec la technologie d’aujourd’hui, protéger des dossiers spéciaux, mais ça serait bien si on trouvait une façon plus optimale de partager les données qui servent à tous. »

La fierté d’une petite ville

Montréal-Est rappelle, dans le bons sens du terme, « un petit village gaulois », soit une sympathique communauté tissée serrée et collaborative, qui a à coeur la préservation de son espace et de ses droits, selon Colleen McCullough et son collègue Martin Michaud. « Les citoyens participent aussi beaucoup aux activités proposées par la Ville. Par exemple, un samedi de février, 250 personnes ont participé à la journée de patin libre. Montréal, l’agglomération et les arrondissements, c’est plus dilué, il y a moins cette ambiance qui rappelle celle d’un village », croit M. Michaud. Et même si Montréal-Est est petite, le travail et l’ambition de bien servir la communauté sont bien présents à la Ville. « La quantité d’ouvrage que l’on a comparativement au nombre de citoyens qu’on a, ce n’est pas comparable », conclut Colleen McCullough.


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