L’édifice cruciforme de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont qui doit être modernisé, selon les plans du gouvernement. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

MODERNISATION DE L’HÔPITAL MAISONNEUVE-ROSEMONT : LE MINISTRE DUBÉ PRÉSENTE SON PLAN

La modernisation et l’agrandissement de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) se feront en une phase et dureront de « huit à dix ans », a annoncé aujourd’hui le ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Dès cette semaine, nous allons lancer les appels d’offres pour des honoraires professionnels. Ça veut dire qu’à compter de la prochaine semaine, il va y avoir des professionnels qui vont dessiner, qui vont quantifier le projet », a ajouté le ministre lors d’un point de presse sur les lieux de l’hôpital, lundi. Ce dernier estime donc « qu’on aura des « pépines » dans la cour d’ici 2024 ».

Le projet sur la table semble correspondre aux attentes du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, qui avait dans ses cartons des plans pour de nouvelles installations comprenant un total de 720 lits, en chambres inviduelles, alors que l’HMR accueille en ce moment 450 lits en chambres doubles.

Deux milliards pour la construction

La question de la facture de ce projet, qui dans le passé a été une épine dans le pied du gouvernement, ne semble cependant pas complètement résolue. Interpellé à ce sujet, le ministre est resté vague et a indiqué que dans les appels d’offres bientôt lancés, « on parlera d’une construction d’environ 2 milliards de dollars ». Ce dernier a ajouté que dans de tels chantiers, le coût de la facture pouvait cependant passer du « simple au double », si l’on inclut le coût des équipements médicaux et les provisions pour les imprévus. « Vous pouvez donc faire vos calculs », a laconiquement rétorqué le ministre aux journalistes. Dans le passé, une analyse du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal avait évalué la facture à 4,2 milliards, entre autres à cause de l’inflation dans le milieu de la construction. Jusqu’à tout récemment, le gouvernement insistait sur le fait que le budget alloué à la revitalisation de HMR serait de 2,5 milliards.

Christian Dubé, ministre de la Santé. (photo: Emmanuel Delacour/EMM)

La proposition du gouvernement de procéder en plusieurs étapes et de rénover l’édifice central cruciforme pour accueillir les nouveaux lits avait aussi créé un tollé en début d’année. Cet immeuble, dont la maçonnerie est sécurisée par des grillages de métal en raison d’un risque de chute de briques et dans lequel la présence d’amiante est fortement suspectée, ne sera finalement pas réaménagé pour des services cliniques, a confirmé lundi le ministre. Le bâtiment ayant un potentiel patrimonial, M. Dubé n’exclut pas qu’on lui trouve une autre fonction, mais sa démolition demeure aussi sur la table. De plus, procéder en plusieurs étapes n’apporterait finalement pas la « valeur ajoutée » escomptée, a concédé le ministre. Le projet se fera donc en une seule étape.

Les plans et devis devront attendre un an au moins avant d’être complétés et la construction qui s’en suivra se poursuivra pendant « huit à dix ans ». Néanmoins, on sait d’ores et déjà que la prochaine mouture de l’HMR comprendra des unités de soins et de soins intensifs qui atteindront un total de 720 lits en chambres individuelles, en plus de 26 lits pour bébés. Le gouvernement prévoit aussi un bloc opératoire, la chirurgie d’un jour et une unité de retraitement des dispositifs médicaux; de l’imagerie médicale; une pharmacie; des laboratoires; l’animalerie du secteur de recherche, ainsi que tous les services de soutien sous un même toit. À l’égard des stationnements, l’HMR compte actuellement 2 788 places. La solution immobilière prévue devrait faire passer ce nombre à 3 500 places.

Enfin, pour pallier les services qui seront déplacés durant les travaux, Jean-François Fortin Verreault, président-directeur général du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a souligné « qu’on a commencé à faire de la place » dans les différents établissements de l’organisation pour accueillir les départements qui seront relocalisés temporairement. De son côté, le ministre Dubé confirme la construction d’un mini-hôpital privé qui devrait voir le jour d’ici 2025 dans l’est de Montréal pour aider à maintenir les services durant les rénovations à l’HMR. Un appel d’offres pour ce mini-hôpital serait lancé cet automne, selon M. Dubé. Rappelons que l’HMR représente 17 % des installations en santé de l’agglomération de Montréal, tandis qu’il dessert 25 % de sa population.

L’Est se réjouit

Présents lors de l’annonce, le député de Québec solidaire pour Rosemont, Vincent Marissal, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, se sont réjouis de l’annonce. « Ce n’est pas un caprice, ce n’est pas un cas de comté. L’HMR est une infrastructure dont on a absolument besoin. Je suis donc heureux de dire que « ça y est, on est là », a affirmé le député solidaire. « Vous savez, la Ville et le gouvernement s’affairent à redévelopper l’est de Montréal, mais pour y parvenir, il faut aussi s’occuper des infrastructures présentes sur le territoire et une de ces institutions, c’est l’HMR. Un hôpital, c’est un peu comme une école, c’est un lieu autour duquel on peut développer, construire du transport entre autres », a ajouté Mme Plante.

Pour sa part, le président et chef de la direction de la Société de développement Angus, Christian Yaccarini, a réagi positivement à l’annonce. « Le ministre Dubé a présenté aujourd’hui un projet pour un nouvel hôpital qui correspond aux véritables besoins de l’Est. Nous avons déjà accumulé un trop grand retard en matière d’infrastructures stratégiques. Ainsi, que l’on parle de ce projet comme étant le plus important projet d’infrastructure au Québec n’est pas un exploit, mais bien le reflet de ce que notre territoire mérite. Ce nouvel hôpital est certainement une des pièces maitresses parmi celles identifiées pour relancer l’est de Montréal », a indiqué M. Yaccarini dans un communiqué.

De son côté, la Chambre de commerce de l’est de Montréal (CCEM) a dit accueillir avec une grande satisfaction l’annonce du ministre. « L’annonce d’aujourd’hui est une excellente nouvelle pour l’est de Montréal. La CCEM salue la décision du ministère de la Santé de finalement doter l’est de Montréal d’une infrastructure de santé de grand calibre pour desservir la population, attirer les talents et accélérer la recherche médicale », a déclaré par voie de communiqué Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’est de Montréal.