Le ministre Pierre Fitzgibbon est intervenu dans le cadre d’un diner-conférence organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal au Club de golf Métropolitain Anjou. (Crédit photo : Benoit Vermette / CCEM.)

FITZGIBBON PARLE DE MILLIARDS DE DOLLARS D’INVESTISSEMENTS POUR RÉHABILITER LES SOLS DE L’EST

Il y avait beaucoup d’éléments intéressants dans le discours du ministre Pierre Fitzgibbon hier, dans le cadre d’un diner-conférence organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM). Environ 300 personnes étaient ainsi conviées au Club de golf Métropolitain Anjou pour cet événement qui affichait complet. Une impressionnante table d’honneur regroupait un large éventail des leaders de la société civile et des élus du territoire venus entendre le ministre faire sa mise au point concernant les enjeux de la région.

S’il n’y a pas eu d’annonces spectaculaires, il fallait toutefois être attentif et lire entre les lignes pour comprendre ce qui semble être un nouveau positionnement de la part du gouvernement québécois dans le développement territorial de l’est de Montréal. Le ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal a pour la première fois déclaré que la décontamination des sols industriels n’était pas une question d’une ou de deux centaines de millions de dollars, mais plutôt de coûts dans « les milliards ». Questionné à ce sujet en point de presse à la fin de l’événement, M. Fitzgibbon a spécifié que cela incluait la mise en place d’infrastructures souterraines, comme un aqueduc et des égouts, et d’autres services publics afin de rendre plus attractives et prêtes à l’emploi de grandes superficies d’une ère industrielle révolue, particulièrement celle des anciennes pétrolières Shell et Esso, que l’on retrouve en grande partie à Montréal-Est. Le ministre a par ailleurs souvent fait référence, lors de son allocution, au développement territorial de Bécancour comme exemple de revitalisation et d’implication gouvernementale.

Selon lui, pour stimuler la décontamination de ces terrains, il faudra donc aller plus loin et annoncer des projets, ou du moins des plans de développement concrets pour bien déterminer la vocation de ces derniers. À ce sujet, il a aussi confirmé en point de presse que son gouvernement était prêt à « acheter un ou deux terrains » dans l’est s’il le fallait. Rappelons que c’est un secret de polichinelle que le gouvernement Legault a un œil sur une partie des terrains d’Esso, qui sont officiellement en vente depuis plus d’un an. Une réserve est d’ailleurs en vigueur sur un lot important indique la firme pétrolière, qui refuse pour le moment de confirmer à EST MÉDIA Montréal qu’il s’agit bien de la partie convoitée par les autorités publiques.

Autour du REM

En lien avec ce même sujet, Pierre Fitzgibbon a réitéré hier le fait que le projet de REM de l’est demeure la clef de voûte du développement territorial, et qu’il attend avec impatience la nouvelle proposition officielle de sa collègue aux Transports, Geneviève Guilbault, prévue dans les prochaines semaines. C’est à partir de ce moment que devraient être déterminés les endroits exacts où seront projetées les stations, qui elles amèneront plusieurs projets d’aménagements territoriaux dans l’est de Montréal, en théorie. Malheureusement pour les adeptes d’une liaison directe du REM de l’est avec le centre-ville, et ils sont nombreux, comme en témoigne cette déclaration publiée récemment dans Le Devoir et EST MÉDIA Montréal par 54 dirigeants de la société civile, ce projet ne sera pas retenu dans l’élaboration des plans du REM de l’est pour les prochaines années a confirmé le ministre.

Concernant la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Pierre Fitzgibbon s’est montré rassurant devant l’auditoire en reprenant la promesse du ministre Christian Dubé qui a affirmé il y a quelques semaines à La Presse que l’hôpital serait reconstruit en une seule phase, avec une capacité de 720 lits. Mais toujours pas de date inscrite au calendrier pour le début des travaux.

23 M$ et un appel à projets

Annoncée le 12 mai dernier dans le cadre du lancement de l’initiative D’est en Est de la CCEM, on en sait maintenant davantage sur l’enveloppe de 23 M$ mise en place par Québec pour aider à la création de projets porteurs pour l’est de Montréal. Le ministre Fitzgibbon a profité de sa tribune hier pour expliquer qu’un appel à projets est maintenant officiellement lancé (voir ici les détails). L’administration viserait ainsi «à soutenir des initiatives qui auront un impact direct sur la revitalisation et la mise en valeur de quartiers, d’artères commerciales et d’espaces publics, ou sur la réduction de nuisances visuelles ou sonores», indique-t-on sur la page web dédiée. Les aides financières qui seront accordées «devront servir à créer un effet de levier important auprès d’autres contributeurs, pour que les projets puissent se réaliser rapidement».

Le budget de 23 M$ sera coordonné par la députée d’Anjou-Louis-Riel, Karine Boivin Roy, adjointe gouvernementale à la Métropole. Elle fera des recommandations au ministre Fitzgibbon quant aux projets soumis par les organismes à but non lucratif, les coopératives, les organismes municipaux et les entreprises du secteur privé admissibles.

Présente lors de l’événement, la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, a eu droit à de bons mots de son collègue et successeur à la Métropole, Pierre Fitzgibbon rappelant que « Chantal Rouleau demeure la conscience de l’est de Montréal pour la CAQ. »

Finalement, soulignons la déclaration bien placée lors des échanges du président-directeur général de la CCEM, Jean-Denis Charest, qui s’est adressé aux politiques ainsi : « investissez dans nos infrastructures publiques, et la société civile va faire sa part. »