L’ÉLU DE SAINT-LÉONARD… DEPUIS 45 ANS!
Michel Bissonnet est un personnage politique fascinant qui, à l’aube de ses 81 ans, continue de marquer l’histoire de Saint-Léonard.
Élu pour la première fois à la mairie de la Ville de Saint-Léonard en 1978, il sautera dans l’arène politique provinciale trois ans plus tard pour devenir député de la circonscription de Jeanne-Mance (maintenant Jeanne-Mance-Viger) de façon continue jusqu’en septembre 2008. Soulignons ici que ce comté électoral est composé essentiellement du territoire de Saint-Léonard. Fatigué de faire l’aller-retour Montréal-Québec, après 27 années à l’Assemblée nationale, il reviendra immédiatement, toujours en septembre 2008, occuper le poste de maire de l’arrondissement de Saint-Léonard, fonction qu’il assure encore aujourd’hui sous la bannière du parti Ensemble Montréal. Un phénomène exceptionnel, et un témoin précieux de l’histoire somme toute récente de ce « quartier-banlieue » montréalais, devenu aujourd’hui beaucoup plus dense.
La politique dans le sang
Il suffit de s’assoir quelques minutes avec Michel Bissonnet, et de lui poser une ou deux questions sur son parcours professionnel, pour réaliser à quel point cet homme est un passionné de la vie politique, et de la stratégie électorale. Reconnu comme un excellent organisateur dès ses premières armes avec le NPD avant 1970, alors qu’il côtoiera de près son chef Robert Cliche, Michel Bissonnet consacrera dès lors toute sa vie à la politique. Cette passion, qui occupe ce natif d’Hochelaga-Maisonneuve pratiquement à temps plein depuis son jeune âge, aura d’ailleurs un effet sur ses études de droit, qu’il complètera seulement en 1976, à l’âge de 34 ans, via des cours du soir. Il travaillera également de 1960 à 1977 pour la Ville de Montréal, occupant divers postes qui le rapprochent des élus municipaux de l’époque (archiviste, commis de bureau, chef de bureau au greffe, coordonnateur des élections municipales, avocat stagiaire au contentieux…). « J’adorais ça. Le fonctionnement du conseil municipal, le rôle des élus, la réglementation, le protocole, le système électoral, tout ça me fascinait. Mais honnêtement, à l’époque, je visais une carrière au greffe de la Ville, pas en politique. Je ne croyais pas que la politique pouvait, en fait, devenir une carrière pour moi, même si la passion était là », affirme le maire de Saint-Léonard, rencontré dans ses bureaux en février dernier.
Des anecdotes de la vie politique, Michel Bissonnet peut en livrer pendant des heures. En entrevue, il se laisse rapidement prendre au jeu et c’est avec un plaisir évident qu’il aime raconter mille et une histoires, quelques-unes à micro fermé, question de ne surtout pas froisser quelques ex-collègues, dont certains grands noms de la politique québécoise qu’il a côtoyés. Par exemple, il rappellera qu’à sa première campagne électorale pour la mairie de Saint-Léonard, il prenait l’autobus Lacordaire, coin Henri-Bourassa, et il s’assoyait sur le premier banc, près du chauffeur, distribuant ses dépliants aux passagers qui entraient. « Quand j’arrivais à l’autre extrémité de Saint-Léonard, quelqu’un de mon équipe m’attendait dans une auto, me ramenait à Henri-Bourassa, et je recommençais mon manège », s’esclaffe sans malice le vieux routier pour qui la politique « s’est toujours jouée sur le terrain, vraiment près des gens et de leur quotidien. »
Fait à noter, la femme de Michel Bissonnet, Yvette, a été 23 ans conseillère municipale à Saint-Léonard. On peut imaginer les discussions sur l’oreiller… mais sur une chose le maire est catégorique : « Pendant mes années comme député, jamais, jamais je ne me suis mêlé de la politique municipale à Saint-Léonard. Je m’occupais de mes affaires à Québec et je laissais les élus municipaux faire leur travail. Ma femme et moi, on avait une ligne à ne pas franchir à ce niveau-là. »
Laisser sa marque
Celui qui appelle encore aujourd’hui des résidents du quartier le jour de leur anniversaire a réalisé, on s’en doute, plusieurs choses au fil des années, à Saint-Léonard comme à Québec. Son plus grand fait d’arme, de son propre aveu, aura été de rapprocher les diverses communautés présentes sur le territoire de Saint-Léonard dans une perspective de « vivre ensemble », notamment les gens d’origines italienne, québécoise, haïtienne et maghrébine. « Ça été mon premier slogan électoral, et c’est demeuré mon thème principal pendant très longtemps par la suite pour Saint-Léonard. Je me suis toujours soucié d’avoir dans mon équipe des candidats représentant les principales communautés parce que je crois, et je crois toujours, qu’il faut se parler, se comprendre, s’intéresser aux autres pour vivre ensemble harmonieusement. C’est certainement une raison qui explique ma longévité comme élu à Saint-Léonard », exprime Michel Bissonnet. Effectivement, le présent conseil municipal, tous des élus d’Ensemble Montréal, est composé de deux personnes d’origine italienne, une conseillère d’origine maghrébine et deux Québécois, incluant le maire.
Sur la scène politique québécoise, Michel Bissonnet, toujours élu sous les couleurs du Parti Libéral, aura réussi à occuper le poste qu’il a toujours désiré, selon son propre aveu, soit celui de président de l’Assemblée nationale, de 2003 à 2008. Mais du bilan qu’il fait de ses années passées dans la Capitale nationale, ce sont surtout ses tournées auprès des jeunes du Québec qu’il semble chérir particulièrement. « J’ai toujours cru que plus on expliquait l’importance et le rôle des institutions politiques auprès des jeunes, plus on les intéresse à la politique tôt dans leur vie, mieux se porte notre démocratie. Pour moi, c’est très important de voir les jeunes s’impliquer. C’est pourquoi j’ai mis sur pied des tournées dans les régions du Québec quand j’étais à la présidence de l’Assemblée nationale pour expliquer aux jeunes dans les écoles secondaires comment ça fonctionne le parlement. Et ça répondait vraiment très bien dans toutes les régions du Québec. Il n’était pas rare de voir plus de mille jeunes rassemblés dans ces occasions. J’étais très fier de cette réalisation », soutient le maire. Par ailleurs, ce dernier continue cette mission avec la mise sur pied du premier et tout récent conseil jeunesse de l’arrondissement, qui a siégé dans la Salle du conseil de Saint-Léonard pour une première fois il y a quelques semaines. « On devait réaliser ce projet il y a trois ans, mais avec la pandémie, il a malheureusement été retardé. Là, on y est avec le conseil jeunesse, et c’est vraiment une bonne chose pour Saint-Léonard, pour les jeunes de Saint-Léonard. Ils ont maintenant une tribune privilégiée pour se faire entendre des élus. »
Un dernier tour de piste?
Michel Bissonnet l’avoue d’emblée : tant que la santé sera clémente, il continuera de faire de la politique. « La retraite pour la retraite, ça ne m’intéresse pas. Je préfère continuer à servir les concitoyens si la santé me le permet », dit-il. Victime d’un petit AVC l’an dernier, qui l’a laissé avec quelques séquelles au niveau des reins, le maire a depuis ralenti légèrement ses activités. « Je ne vais plus aux rencontres avec les citoyens le samedi dans nos bureaux d’arrondissement. Je laisse ça aux autres élus maintenant. Mais dans l’ensemble, je vaque à mes occupations de maire comme d’habitude. La santé est correcte », affirme-t-il, sans vouloir se prononcer sur une éventuelle prochaine campagne électorale.
Le maire terminera plutôt l’entrevue en nous ramenant les deux pieds sur terre, alors qu’il tient à discuter des grands dossiers en cours actuellement à Saint-Léonard. On parlera alors du tout récent Plan d’action en développement social, déposé par son administration l’an dernier; de la vision urbanistique qui se trame actuellement concernant le développement des abords du boulevard Métropolitain; de la revitalisation à venir du parc industriel de l’arrondissement; du transport collectif avec le prolongement de la ligne bleue, le Projet structurant de l’est (PSE – nouvelle appellation du REM de l’est) et le REV (Réseau express vélo); du projet d’agrandissement de la bibliothèque municipale, du récent Plan climat de Saint-Léonard et finalement, du projet de revitalisation de l’artère commerciale Jean-Talon. C’est alors que, de toute évidence, on réalise à quel point le maire et patriarche de Saint-Léonard est toujours aussi branché sur ce qui se fait sur son territoire, décortiquant tous ces enjeux en détails.
Pour la photo d’usage, on se rendra rapidement dans son bureau personnel, le temps commence à manquer après 75 minutes d’entrevue. On remarque d’entrée de jeu que le lieu est parsemé de nombreux souvenirs de sa vie politique. « Ici, sur la photo, c’est moi, tout jeune. Vous savez qui est avec moi, l’autre jeune homme sur la photo? Eh bien c’est le frère de Jean Coutu, oui oui, le pharmacien là. Faut que je vous raconte… »