Les espaces du 3440, rue Ontario Est, demeurent vacants. Photo: Emmanuel Delacour/EMM

MHM : DES OBNL ÉVINCÉS POUR UN PROJET QUI TARDE À DÉMARRER

Quelques mois après avoir été évincés par leur propriétaire, des organismes communautaires se sont trouvés tant bien que mal de nouveaux locaux. Poussés à quitter leurs anciens bureaux le plus rapidement possible l’an dernier, ceux-ci constatent que le nouvel occupant de l’édifice tarde à lancer le projet pour lequel il s’est approprié les lieux.

L’édifice dont il est question, situé au 3440, rue Ontario Est, n’est pas occupé pour l’instant, a constaté EST MÉDIA Montréal lors de son passage mardi dernier. Pourtant, son propriétaire, le Cestar College, prévoyait ouvrir une école de formation professionnelle opérationnelle dès le 1er janvier 2023, selon ce que rapportait le quotidien Le Devoir en mai 2022.

« Il ne se passe absolument rien au 3440; il n’y a rien qui a été fait, ils n’ont même pas changé les serrures », constate Guillaume Dostaler, coordonnateur d’Entraide logement et ancien locataire de l’édifice commercial. L’OBNL de ce dernier s’est vu forcé de déménager le 20 juillet dernier.

En effet, rien n’indique sur le site Internet de Cestar qu’une école ouvrira ses portes sur la rue Ontario, ni la nature des programmes qui pourraient y être offerts. Au moment d’écrire ces lignes, la direction de Cestar College n’avait pas répondu aux demandes d’entrevue d’EST MÉDIA Montréal.

Contacté à ce sujet, le ministère de l’Éducation n’a pas été en mesure de nous confirmer avant la parution de cet article si les permis nécessaires pour l’ouverture d’une école professionnelle privée avaient été accordés à Cestar. De plus, une annonce publiée il y a un peu plus de deux semaines sur le site de location commercial Realtor.ca indique que trois locaux d’une superficie de 3500 pieds carrés y sont présentement à louer au prix de 6 665 $ par mois. Aucune autre activité ne semble se dérouler dans l’immeuble de quatre étages.

Se reloger pour plus cher

Le 3440, Ontario Est logeait six organismes communautaires avant d’être racheté en 2021 par le Cestar College. La plupart d’entre eux ont quitté les lieux au courant de l’été suivant, puisque le nouveau propriétaire souhaitait effectuer des rénovations à l’automne 2022 pour accueillir rapidement les premiers étudiants de son établissement.

Sommé de quitter ses locaux d’ici 60 jours dans un courriel envoyé le 1er janvier 2022, le Carrefour Relance a réussi à faire respecter les clauses de son bail qui se terminait le 30 juin 2022. « On a pu repousser notre départ jusqu’au 1er août, question que nos nouveaux locaux soient prêts », explique François Dallaire, directeur adjoint de l’OBNL d’aide à la recherche d’emploi. Ce dernier mentionne qu’au début des discussions, le propriétaire lui a demandé de quitter l’édifice prétextant que celui-ci était insalubre, ce qui est faux, selon M. Dallaire.

Le Carrefour a pu finalement se trouver de nouveaux espaces au 2250, avenue Bennett, mais à un prix au pied carré beaucoup plus élevé. « On est passé de locaux d’une superficie de 4900pi² à 4200pi². Ça nous coutait 14 $ du pi² sur Ontario, tandis qu’on paie désormais 22 $ du pi². Il faut aussi qu’on paie les factures d’Hydro-Québec et d’Énergir, alors qu’avant tout était inclus », souligne le directeur adjoint.

Pour sa part, Entraide logement a réussi à se trouver des locaux avec son organisme frère, le Comité BAILS, dans l’édifice du Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve, situé sur le boulevard Pie-IX. Il s’agit ainsi du quatrième déménagement qu’a connu l’organisme en défense des droits des locataires depuis 2019. Comble de malchance, Entraide logement a d’ailleurs récemment appris que le CSSDM avait sommé tous les organismes logés à cet endroit de quitter les lieux d’ici décembre 2023, comme le rapportait EST MÉDIA Montréal dans un précédent article. Le coordonnateur d’Entraide logement croit qu’il est temps de plaider auprès des administrations municipales pour qu’elles protègent les espaces occupés par les organismes communautaires contre la spéculation immobilière et la flambée des prix des baux commerciaux privés. « C’est sûr que dans les prochaines discussions qu’on va avoir avec la Ville, on va essayer d’avoir une espèce de droit acquis de nous garder une place dans l’espoir que dans un prochain projet de construction ou d’habitation, il y ait un espace prévu pour les organismes communautaires », indique M. Dostaler.