MAYRAND PRÉPARE SON EXPANSION DANS LE GRAND MONTRÉAL
L’épicerie indépendante et centenaire Mayrand en a fait du chemin depuis sa création en 1914, prenant de l’ampleur progressivement pour devenir aujourd’hui rien de moins que le plus grand magasin-entrepôt en alimentation de la région de Montréal à desservir les restaurateurs, traiteurs et autres professionnels de la cuisine. Mais ce qui distingue encore plus ce grossiste en alimentation situé à Anjou, c’est qu’il ouvre ses portes au grand public et ce sans frais d’adhésion ou carte de membre pour les particuliers. D’ailleurs, ils sont de plus en plus d’adeptes à fouler ses allées depuis son réaménagement en 2016 dans de nouvelles infrastructures de 80 000 pi2 longeant l’autoroute 25, au nord de la 40. Le commun des mortels peut ainsi profiter autant des prix avantageux dont bénéficient les professionnels que des produits et accessoires spécialisés qu’ils leur sont généralement réservés. « J’aime dire que magasiner chez nous, c’est en quelque sorte s’aventurer dans les coulisses des professionnels de la cuisine », affirme la gestionnaire Danièle Bergeron, qui occupe la présidence de Mayrand entrepôt d’alimentation depuis 2017.
À l’heure actuelle, environ le tiers de la clientèle du magasin-entrepôt est constitué du public, principalement des résidents des alentours, mais le secret plutôt bien gardé est en train de s’estomper avec une nouvelle offensive marketing plus soutenue et étendue dans tout l’Est de Montréal et qui est déployée depuis déjà quelques mois. « Il est vrai que la clientèle grand public augmente depuis l’ouverture de nos nouveaux locaux, mais on constate que celle des professionnels suit la même courbe. Nous sommes toujours à plus de 60 % de clients provenant des services alimentaires », soutient Mme Bergeron, qui a aussi dirigé auparavant avec succès quelques bannières québécoises de renom, dont notamment Mobilia, Jacob et SAIL.
À la conquête de nouveaux territoires
Fleuron du commerce de détail de l’Est montréalais, Mayrand s’apprêterait pour la première fois de son histoire à ouvrir de nouvelles succursales dans la grande région métropolitaine, et probablement à s’installer aussi dans la région de Québec. Un investissement considérable et une offensive somme toute audacieuse dans le marché extrêmement concurrentiel de l’alimentation, où les bannières indépendantes d’une certaine notoriété se font maintenant rarissimes. « Nous envisageons l’ouverture d’un autre magasin-entrepôt vers la fin de 2019 dans la région de Montréal, si tout se déroule selon nos plans », soutient Mme Bergeron, qui ne cache pas l’intérêt prioritaire de la bannière pour les couronnes sud et nord de la ville ainsi que l’ouest de l’île. Les nouveaux commerces projetés suivraient le même concept de magasin-entrepôt, mais seront vraisemblablement un peu plus petits que le « flag ship » d’Anjou qui compte à lui seul quelque 175 employés. « L’administration générale et certains services de préparation alimentaire resteront centralisés dans l’Est de Montréal. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous avons investi dans une grande surface de 80 000 pi2 il y a deux ans », explique la présidente.
Danièle Bergeron se dit nullement inquiète pour l’expansion de Mayrand : « Notre créneau de magasin-entrepôt spécialisé pour les professionnels de la cuisine, mais accessible au public, est unique en son genre. Notre offre ne se compare pas vraiment aux chaînes d’alimentation traditionnelles ou à Costco. C’est une niche très particulière et il y a encore de la place à prendre pour nous. »
Le modèle d’affaires de l’entreprise 100 % québécoise est effectivement unique en son genre. Avant tout grossiste en alimentation, Mayrand fournit ainsi les restaurants, les cafés, les traiteurs, et tous les types de fournisseurs de services alimentaires professionnels. En denrées bien évidemment, mais aussi en accessoires, ustensiles et outils de cuisine, en excluant les gros équipements comme les fours, réfrigérateurs etc. Et l’offre alimentaire, aussi accessible au public en gros et petits formats, est vraiment complète : services de boucherie, de poissonnerie, de boulangerie, de fromagerie, transformation alimentaire, plats cuisinés, produits préparés emballés sous vide, fruits et légumes frais, charcuterie, épicerie régulière, produits d’importation et produits spécialisés, tout se retrouve ainsi sous le même toit. « Notre principal objectif est de faciliter la vie des gens qui travaillent dans le milieu des services alimentaires. En leur offrant, au même endroit, à peu près tout ce qu’ils peuvent avoir besoin et en leur donnant un service rapide, des heures d’ouvertures adaptées à leur réalité, un service de livraison, la prise de commande par téléphone, et en préparant certains aliments spécifiquement pour eux à l’avance, par exemple, eh bien on se retrouve avec un concept qui se démarque. En fait, nous sommes les seuls à offrir une véritable offre complète de produits et de services alimentaires sous le même toit aux professionnels de l’industrie à Montréal », de dire Mme Bergeron.
Selon la vice-présidente du marketing de la bannière, Sophie Schwartz, si le positionnement de Mayrand peut paraître assez large aux yeux du grand public, il en est autrement pour les spécialistes de l’industrie. « Le B2B en services alimentaires, ce n’est vraiment pas tout le monde qui veut y toucher. Cela demande des façons de faire différentes, des modalités adaptées aux réalités des professionnels et des PME, et les grandes bannières ne sont pas conçues pour répondre efficacement à ce marché, malgré certaines incursions infructueuses ces dernières années. Par exemple, ce n’est pas évident pour une grande bannière d’ouvrir et gérer des comptes de petites entreprises et de répondre continuellement à leurs besoins d’approvisionnement qui demandent notamment une grande stabilité d’inventaire de produits spécialisés », dit-elle. Et la présidente en rajoute : « Mayrand, c’est une PME en mode entrepreneurial qui a beaucoup d’agilité et de flexibilité pour évoluer dans ce secteur, ce que de grands joueurs n’ont pas », clame-t-elle, en spécifiant que la marque angevine est actuellement active « sur le marché des acquisitions et pour établir des partenariats stratégiques. » Toujours selon sa présidente, Mayrand envisage même déjà, après la vague d’implantation de nouveaux magasins-entrepôts dans les prochaines années, une nouvelle phase d’expansion « mais avec un format de magasin différent. »
Fait à souligner, et qui explique probablement en bonne partie la volonté et la capacité de l’entreprise de faire des petits, est la participation importante de la firme québécoise d’investissements Walter Capital, qui est devenue partenaire de Mayrand en 2014 en s’associant avec le propriétaire du magasin, Daniel Le Rossignol. Les nouveaux associés sont également propriétaires de l’important distributeur alimentaire Alimplus. « Walter Capital est un bon partenaire qui excelle dans la croissance des PME québécoises bien établies et qui voit à long terme. Avec Mayrand qui est une entreprise profitable, et Alimplus qui vient renforcir nos activités, nous sommes en bonne position pour faire croître la bannière au-delà de l’Est montréalais », affirme Mme Bergeron.
Le petit paradis des foodies
Acheter chez le grossiste, c’est bien sûr faire avant tout des économies. Et c’est le cas chez Mayrand, particulièrement si vous achetez en grande quantité ou si vous optez pour des grands formats. « Mais même si vous faites votre épicerie hebdomadaire régulière, vous allez économiser sur le prix des grandes chaînes c’est garanti », affirme Danièle Bergeron. Pas étonnant donc que parmi la clientèle grand public on retrouve chez Mayrand, paraît-il, nombre de grandes familles. Beaucoup de réguliers du commerce seraient également issus de diverses communautés culturelles que l’on retrouvent dans l’Est de Montréal. « C’est vraiment intéressant parce que ça nous amène à tenir des produits que l’on peut difficilement trouver ailleurs à Montréal. Nous avons notamment l’une des meilleures sélections de produits de spécialités italiennes de la région », explique Mme Schwartz.
Mais ce qui étonne lors d’une première visite chez Mayrand, après le stationnement couvert (!), c’est sans nul doute l’immense inventaire de produits rarement accessibles au grand public, qui attirent bien sûr beaucoup d’adeptes et d’amoureux de la cuisine, et tout ça à prix très compétitif. La section des articles et accessoires de cuisine, qui répond aux besoins quotidiens des chefs et cuisiniers professionnels, est particulièrement vaste et impressionnante.
Côté bouffe, le commerce s’illustre il faut le dire sous plusieurs facettes. Soulignons entre autres le choix exceptionnel de plus d’un millier de variétés de fromages, la section boucherie et charcuterie qui offrent des coupes et des produits de grande qualité dont plusieurs produits maisons emballés sous vide, un grand choix de mets cuisinés incluant des pâtisseries, et une foule de produits d’épicerie spécialisés comme par exemple la gamme de chocolats Barry. Mayrand offre aussi un large éventail de fruits et légumes frais et une poissonnerie bien garnie. En vous promenant dans les différentes sections du magasin, vous serez certainement étonné par le nombre de produits qui sont adaptés pour faciliter la vie des professionnels de la restauration et des services alimentaires, ne serait-ce que par les aliments « semi-préparés » comme des coupes tartares portionnées et emballées sous vide, ou encore des plateaux de légumes ou de charcuteries « prêts à assembler » pour les traiteurs. Un monde certainement à découvrir pour tous les passionnés de cuisine.
Implication sociale
Mayrand entrepôt d’alimentation est l’un des partenaires majeurs de l’organisme Regroupement Partage, qui opère de nombreux magasins-partage dans la région de Montréal. Ces derniers permettent à des milliers de gens dans le besoin, et particulièrement à des familles démunies, de pouvoir se procurer des denrées et des produits d’épicerie à faible coût. « C’est notre cause phare chez Mayrand et qui nous tient vraiment à cœur. Les magasins-partage, ce n’est pas qu’une aide alimentaire, c’est un soutient qui se fait dans la dignité des personnes. C’est un service essentiel selon moi », nous dit Danièle Bergeron.
Après l’aide alimentaire, un second pôle d’implication sociale interpelle la direction de Mayrand, soit l’environnement. L’entreprise a, entre autres innovations, fait installer récemment deux ruches sur son terrain par l’entreprise Alvéole. Elle profite maintenant de son propre « miel de quartier », qu’elle distribue à ses employés et fournisseurs lors d’occasions spéciales.
La bannière collabore aussi étroitement avec L’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA), une branche du Collège de Maisonneuve. La mission de ce centre de recherches est de développer et de partager des pratiques innovantes en emballage et procédés alimentaires pour que les organisations desservies se démarquent sur le plan économique, environnemental et social. « C’est une collaboration qui nous stimule énormément car elle nous apporte des idées et nous fait découvrir des procédés qui nous aident à réduire l’emballage de nos produits en magasin. Nous mettons beaucoup d’efforts à ce sujet. Et c’est encore plus intéressant de réaliser que cette expertise est à côté de nous, dans l’Est de Montréal », conclut Danièle Bergeron.