Vincent Marissal et Alexandre Leduc. (Photo : EMM).

QS VEUT S’ASSURER QUE LES ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX SE CONCRÉTISENT DANS L’EST

Vincent Marissal et Alexandre Leduc, les nouveaux députés de Québec Solidaire dans Rosemont et Hochelaga-Maisonneuve, deux châteaux forts péquistes balayés par la vague solidaire en octobre dernier, ont bien l’intention de défendre les grands enjeux de l’Est montréalais dès la rentrée parlementaire en février. « Notre rôle sera notamment de s’assurer que l’Est de Montréal ne soit plus largué par le gouvernement et qu’on ne soit plus le parent pauvre des grands investissements publics », a déclaré Vincent Marissal la semaine dernière dans le cadre d’une entrevue conjointe avec son collègue d’Hochelaga-Maisonneuve. Ce dernier a rapidement enchaîné en affirmant que « les questions vont se poser en chambre pour suivre les engagements de la CAQ sur le territoire. Nous n’hésiterons pas à les talonner pour que les dossiers concernant le transport collectif, le projet de réfection de la rue Notre-Dame ou encore la décontamination des sols, entre autres, avancent réellement », de dire Leduc.

Gérer la transition

C’est évidemment une toute nouvelle réalité professionnelle qui débute pour les deux députés solidaires, mais aussi un bouleversement dans l’organisation familiale, puisqu’Alexandre Leduc est aussi depuis peu un nouveau papa alors que Vincent Marissal et sa conjointe ont la charge de quatre enfants, ceux-là d’âge scolaire. Comment se déroule leur adaptation? « En ce qui me concerne, avec le congé parental, je dois avouer que ça faisait un bout de temps que je ne m’étais pas assis dans un bureau (rires) », déclare le député d’Hochelaga-Maisonneuve qui oeuvrait avant son élection dans le milieu syndical. Selon lui, s’il est vrai que le travail d’adaptation est quelque peu complexe pour un nouveau député, ne serait-ce que pour engager et gérer une équipe d’attachés politiques, trouver et emménager un bureau de comté ou encore apprendre les rouages de l’Assemblée nationale, cela serait tout de même moins exigeant qu’une campagne électorale. « Les semaines qui suivent une élection, il y a quelque chose qui s’apparente à un lâcher prise. Entre le rythme complètement fou d’une campagne et organiser un bureau de comté, je dirais que le bureau est pas mal moins stressant », soutient Alexandre Leduc, qui admet également qu’il était bien préparé à occuper la fonction de député (les sondages donnaient QS gagnant dans la circonscription depuis plusieurs mois avant les élections) et que « la victoire aide aussi grandement à décanter. »

L’ex-journaliste de La Presse, Vincent Marissal, partage en grande partie les propos de son collègue, quoique pour lui la situation familiale est assez différente. « Mes enfants sont plus grands et ma conjointe travaille à Montréal, donc la famille ne peut pas vraiment m’accompagner à Québec. Ça va certainement changer un peu le rythme de ma vie familiale, mais c’est en même temps une situation qui n’est pas tout à fait nouvelle pour moi puisque j’ai longtemps été appelé à couvrir la scène parlementaire lorsque j’étais journaliste » , dit-il. Il ajoute que le fait de demeurer dans le comté, tout comme Alexandre Leduc dans Hochelaga-Maisonneuve, aide grandement à pouvoir passer du temps en famille lorsque l’Assemblée ne siège pas. « Quand on est à la maison, on est aussi dans le comté, on fait en quelque sorte notre terrain en même temps. Je ne sais pas comment font les députés qui ne demeurent pas dans leur circonscription, je crois que c’est beaucoup plus difficile pour eux de concilier le travail et la famille », affirme le député de Rosemont pour qui la bataille électorale s’annonçait plus serrée que dans Hochelaga-Maisonneuve, mais qui a tout de même obtenu pas moins de 2 500 votes de plus que l’ex-chef du PQ Jean-François Lisée. Pour Leduc, rappelons que la victoire annoncée s’est concrétisée par un solide 50,05 % des voix et une avance de plus de 7 000 votes.

Les nouveaux députés solidaires affirment également avoir été bien encadrés par la permanence de leur parti dès leur élection. « Quatre jours après le scrutin nous tenions notre premier caucus et il a été alors abondamment question de la logistique entourant notre nouveau rôle d’élu. L’équipe de QS a été très efficace pour nous guider et nous aider à gérer la transition, tant pour notre installation à Québec que pour établir notre bureau de comté et engager du personnel par exemple », explique Alexandre Leduc. Le député de Rosemont se souvient également de cette journée « et surtout de l’euphorie qui nous animait lors de cette première rencontre officielle avec tous les députés de QS. Il y avait quelque chose de grisant, mais plus la journée avançait, plus on sentait que ce sentiment était tempéré par le poids des responsabilités. On sentait bien tout le travail qui s’annonçait », dit-il.

Les équipes de comté sont donc maintenant complètes pour les deux élus, qui ont engagé chacun trois attachés politiques, tout comme les autres députés de QS. Selon la permanence du parti, plus de 700 curriculums vitae ont été reçus pour combler 24 postes. « Dans Rosemont on en a reçu plus de 280! », affirme Marissal, qui a opté pour installer ses bureaux dans le même local que le PQ occupait depuis 24 ans au coin de Rosemont et Saint-Michel. Quant à Hochelaga-Maisonneuve, les bureaux de QS sont situés au 2030 boulevard Pie-IX, près d’Ontario.

Les deux députés de QS avouent qu’ils sont évidemment très sollicités en début de mandat. Pour Leduc, le travail serait particulièrement intense du côté des nombreux organismes du comté qui désirent faire leurs représentations au nouveau député. « Je pourrais en rencontrer facilement trois par jour mais c’est bien sûr impossible. On donne toutefois rendez-vous à tout le monde, et on va finir par se voir et suivre les dossiers. Nous sommes dans un secteur où le communautaire est très présent et les organismes ont beaucoup de besoins. Malheureusement, nous n’avons pas plus de budget que d’autres circonscriptions, même si nous sommes dans un secteur plutôt défavorisé », soutient Leduc.

Marissal se dit peu surpris par le grand nombre de demandes d’aide qui échouent sur son bureau de comté. « Mais je suis toujours renversé par le niveau de grande indigence dans lequel on laisse traîner certains de nos concitoyens. Il y a beaucoup de personnes laissées complètement à elles-mêmes, seules. La solitude, c’est un gros problème dans notre société, surtout chez les gens âgés », affirme le député. Il ajoute qu’il « découvre de plus en plus dans Rosemont la grande solidarité qui existe entre les groupes communautaires et les gens du quartier. Pour moi il y a plein de résistants là-dedans, des résistants au néo-libéralisme qui se tiennent debout et qui m’impressionnent énormément. C’est encourageant de voir ça parce que tu peux te retourner et travailler avec eux, faire progresser certaines choses de façon concrète. »

Les priorités de Leduc et Marissal

La prochaine session parlementaire qui s’ouvrira à Québec le 5 février prochain sera donc la véritable rentrée pour la nouvelle cohorte politique et ses quelques 67 nouveaux députés (sur 125), puisque, rappelons-le, la chambre n’a siégé que quelques jours après l’élection du 1er octobre dernier.

Du côté de Marissal, on devrait l’entendre particulièrement sur les dossiers touchant les finances, la fiscalité, le Conseil du trésor et le revenu, alors que QS a confié à Leduc la fonction de critique en matière de travail, de solidarité sociale, de justice et de sécurité publique.

Concernant les enjeux locaux, le député de Rosemont affirme que pour lui la grande priorité est de trouver une solution à la pénurie de classes au primaire. « Il en manque une cinquantaine, soit l’équivalent de trois nouvelles écoles. Et ce problème va inévitablement se répercuter bientôt sur les écoles secondaires, et rappelons que dans Rosemont il n’y a même pas une seule école secondaire publique francophone sur le territoire, c’est une situation inconcevable », dit-il. Ce dernier ajoute aussi à sa liste de priorités locales les dossiers concernant la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le transport collectif, la qualité des logements sur le territoire, la problématique des déserts alimentaires et l’intégration harmonieuse de la communauté maghrébine de plus en plus nombreuse dans le nord-est du comté. « Ces gens-là, les jeunes en particulier qui forment une deuxième génération de familles d’arrivants, manquent vraiment d’infrastructures culturelles et d’infrastructures de loisirs. Il faut qu’on s’occupe d’eux, que l’on travaille avec eux sinon ce secteur pourrait devenir un ghetto refermé sur lui-même », soutient le député.

Les priorités locales du côté d’Alexandre Leduc sont aussi nombreuses mais il tient à citer en particulier le développement du secteur L’Assomption Sud en zone mixte, la rénovation d’écoles primaires, la construction du SRB Pie-IX, le projet de réfection de la rue Notre-Dame, le règlement concernant le bail ou la relocalisation du Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve, ainsi que la problématique de la consommation à ciel ouvert et de l’itinérance sur la rue Sainte-Catherine.

Finalement, les deux députés solidaires ont affirmé leur intérêt à s’impliquer bientôt dans les différents comités de développement de l’Est de Montréal, notamment au sein du CDEM, à l’invitation de sa présidente et ex-députée péquiste de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger. « Nous allons être de tous les débats de l’Est de Montréal, et nous allons faire entendre notre voix c’est certain », conclut Vincent Marissal.