Plusieurs élues du territoire étaient de la partie lors du repas des Fêtes du Centre des femmes de Montréal-Est/PAT. On reconnait la mairesse de Montréal-Est Anne St-Laurent, la ministre et députée de PAT Chantal Rouleau, la directrice du bureau du député Mario Beaulieu, Sophy Forget Bélec, ainsi que la conseillère municipale Daphney Colin. Dorette Mekamdjio, la directrice de l’organisme, est au centre de la photo (Courtoisie Centre des femmes de Montréal-Est/PAT).

LE CENTRE DES FEMMES DE MONTRÉAL-EST/PAT INAUGURE LA MAISON GISÈLE-POMERLEAU POUR FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE

EST MÉDIA Montréal est parti à la rencontre de Dorette Mekamdjio, directrice du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles (PAT), qui coordonne méticuleusement les derniers préparatifs en vue de l’inauguration officielle de la Maison Gisèle-Pomerleau, prévue le 2 février prochain. Cet édifice, composé de 20 appartements, accueillera les femmes victimes de violence. 

Depuis son bureau situé au centre communautaire Roussin, Dorette Mekamdjio s’efforce de remplir quotidiennement l’objectif principal du Centre des femmes de Montréal-Est/PAT, c’est-à-dire : « Donner à la femme l’opportunité de se réaliser, d’être elle-même et de s’épanouir », souligne-t-elle. 

Siégeant au poste de directrice depuis 9 ans, cette femme d’expérience est intervenante au centre depuis 17 ans. Elle a été responsable de plusieurs missions dont la coordination des articles de Paroles des femmes, journal de l’organisme qui n’existe plus aujourd’hui. Elle est ensuite devenue chargée de projets puis assistante de direction avant d’occuper le poste de directrice.

Fondé en 1995, le centre vient en aide aux femmes victimes de violence conjugale, mais également à celles qui vivent toute forme d’abus. Le profil des femmes qu’il accueille est très diversifié : « Les personnes ainées représentent la plus grande proportion des femmes qui viennent nous voir. Beaucoup sont victimes d’isolement. Mais il y a aussi des femmes monoparentales et des femmes victimes de violence », mentionne la directrice. 

Le nombre de femmes victimes de violence conjugale ne cesse d’augmenter. Selon Statistique Canada, 537 femmes par tranche de 100 000 personnes ont déclaré en avoir été victimes au Canada en 2021. Un taux qui augmente depuis 2014, année où ce taux était de 452 sur 100 000 personnes. Il est important de souligner que ces données ne reflèteraient pas complètement la réalité, qui s’avèrerait bien pire. Au Centre des femmes de Montréal-Est/PAT, le chiffre des appels à l’aide augmente également : « Depuis la pandémie de COVID-19, nos appels ont quasiment triplé. On en a eu vraiment beaucoup concernant les violences domestiques », raconte la directrice. Le centre offre une écoute à celles qui l’appellent et les réfère vers des organismes ou des intervenants spécialisés.

Violence et autres problématiques

L’organisme gère différentes problématiques. Il exploite notamment un volet jeunesse dans le but d’éviter le décrochage scolaire chez les jeunes filles en difficulté : « Il s’agit d’un système de mentorat organisé en collaboration avec l’UQAM. Des femmes mentors viennent, toutes les deux semaines pour écouter et inspirer les jeunes filles tout en leur offrant des modèles positifs », explique Dorette Mekamdjio.

Expression corporelle, atelier de couture, atelier d’informatique, atelier de cuisine économique, atelier de croissance personnelle, café-rencontre… Le centre offre plusieurs activités et ateliers gratuits pour renforcer la confiance en soi, contrer l’isolement social ou encore faciliter la réintégration en société. Il ne cesse de multiplier ses activités : « On est passé de 25 000 $ à 50 000 $ de frais d’activités », confie la directrice. Chaque activité rencontre un tel succès qu’il existe dorénavant des listes d’attente pour y accéder. 

La directrice Dorette Mekamdjio à son bureau du centre communautaire Roussin (EMM/Sophie Gauthier)

L’organisme fonctionne à l’aide de subventions du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), mais également de donations privées : « 99 % de nos dons proviennent d’entreprises de l’est », révèle Dorette Mekamdjio.

La directrice constate l’impact du centre sur la vie des femmes au quotidien : « On a eu des femmes qui sont arrivées ici en bénéficiant de l’aide sociale et qui sont reparties en étant chauffeuses d’autobus. Certaines étaient incapables de regarder leurs interlocuteurs dans les yeux au début. Maintenant, elles s’expriment correctement et sont contentes de venir ici », dit la directrice en esquissant un grand sourire. S’il est possible de mesurer le nombre de femmes qui ont trouvé un emploi ou repris leurs études, il est impossible d’établir de statistiques pour celles qui ont retrouvé une santé mentale ou pris confiance en elle grâce à l’accompagnement et au soutien de cet organisme. Néanmoins, les observations sont là : « Ça me fait du bien de voir comment ces femmes ont évolué. Certaines sont là depuis que j’y travaille, depuis 17 ans. Plus nécessairement parce qu’elles en ont besoin, mais parce qu’elles s’y sentent bien », indique Dorette Mekamdjio.

Inauguration de la Maison Gisèle-Pomerleau

Si le Centre des femmes de Montréal-Est/PAT est un refuge de jour pour beaucoup de femmes, les équipes ont réalisé que la problématique de logement revenait souvent. C’est pourquoi l’organisme est fier d’inaugurer la Maison Gisèle-Pomerleau, nommée en hommage à la fondatrice du Centre des femmes, décédée en décembre 2021. L’ouverture est prévue pour le 2 février prochain. Destinée aux femmes victimes de tous types de violence, elle permettra d’accueillir principalement celles aux prises avec la violence conjugale.

Ce nouveau bâtiment possède 20 appartements entièrement meublés, allant de 3 à 6 pièces, les plus grands appartements étant destinés aux femmes accompagnées de leurs enfants. Les locataires devront payer une contribution : « Il faudra débourser 600$ par mois pour loger dans un 6 et demi par exemple. Tout est compris : wifi, hydro, câble… », indique Dorette Mekamdjio. Ces appartements permettront aux femmes contraintes de quitter leur logement à la suite d’abus d’être logées pendant un an, durée pouvant s’allonger d’une autre année en cas de nécessité. Ayant coûté environ 11 millions de dollars, la Maison Gisèle-Pomerleau a été financée par l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL). 

De gauche à droite, Dorette Mekamdjio, Anne Roy-Binette, Stéphanie Ruel, Etni Corés et Monique Tamouya lors de la pelletée de terre officielle de la Maison Gisèle-Pomerleau le 3 novembre 2022 (Courtoisie Dorette Mekamdjio)

L’idée de construire ce foyer est née en réponse à une forte demande. Pendant deux années consécutives, le Centre des femmes a été financé par le Secrétaire de la condition féminine pour mener des projets de sensibilisation à la violence conjugale. Lors de cette période, l’organisme a réalisé des statistiques. Souhaitant répondre aux besoins d’une réalité qu’elles ont observée durant le processus, Dorette Mekamdjio et Gisèle Pomerleau ont entamé « des démarches auprès du gouvernement, des ministres et de l’arrondissement. Ce n’est que progressivement qu’on s’est aperçues qu’il existait des financements », se remémore la directrice. 

Pour accueillir et encadrer au mieux les futures locataires, Dorette Mekamdjio est maintenant en plein recrutement : « Pour le moment, j’ai recruté cinq personnes. Mais pour répondre aux besoins de 20 femmes, il me faudrait au moins 10 à 15 intervenantes », annonce-t-elle. Ces dernières se chargeront de l’accompagnement juridique et des plans d’intervention, elles offriront aux femmes un suivi personnel et les aideront à retrouver un logement. « Le but est qu’au bout d’un an, ces femmes puissent trouver une nouvelle location ou emménager dans un HLM, trouver un emploi ou encore reprendre des études », explique la directrice. L’équipe de la Maison Gisèle-Pomerleau souhaite comprendre les problématiques de chaque résidente et l’accompagner en fonction de ses attentes et besoins particuliers. 

Pour bénéficier d’un appartement de la Maison Gisèle-Pomerleau, il faudra être référé par un autre organisme : « Soit par une autre maison d’hébergement de première étape, soit par le CIUSSS ou bien par une travailleuse sociale », termine Dorette Mekamdjio. 

Pour obtenir plus de renseignements à propos du Centre des femmes de Montréal-Est/PAT, rendez-vous sur son site.