PHOTO: Vincenzo D’Alto / Arrondissement de RPP

L’IMPRESSIONNANT BALLET DU DÉNEIGEMENT DANS ROSEMONT

Vous êtes-vous déjà demandé comment fonctionne « la machine » du déneigement dans un arrondissement montréalais? Les opérateurs de chenillettes, de grattes à neige, de souffleuses, de camions à benne, sont-ils des employés municipaux? Est-ce qu’il y a des normes précises qui déclenchent les opérations diverses? Bref, un monde qui semble certainement mystérieux pour plusieurs, mais qui n’est pas opaque du tout nous fait découvrir Hugo Nappert, directeur des Travaux publics de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.

D’abord, il faut savoir que l’arrondissement n’engage pas des employés dédiés uniquement au déneigement. Les cols bleus et contremaîtres qui travaillent au déneigement, un effectif de quelque 90 personnes dans RPP, font aussi d’autres travaux de maintenance, de voirie ou dans les parcs pendant l’hiver et bien sûr tout au long de l’année. À eux s’ajoutent également environ 90 autres personnes du secteur privé qui mettent la main à la neige lors des opérations de chargement. « Comme beaucoup d’équipements ne sont pas vraiment identifiés aux couleurs de la Ville ou de l’arrondissement, ce n’est pas évident de voir si ce sont des employés de l’arrondissement ou du privé qui s’activent sur la rue en période de chargement. Mais pour le déneigement régulier et l’épandage d’abrasifs, la plupart du temps ce sont nos employés que les gens voient dans leur secteur », explique M. Nappert. Quant aux conducteurs de camions à benne, il s’agit toutefois uniquement d’effectifs provenant du secteur privé.

Est-ce que l’arrondissement s’assure que tous ces gens ont une formation adéquate pour opérer cette flotte de véhicules particuliers? « Bien sûr. Nos employés attitrés aux différents véhicules reçoivent tous la formation appropriée à l’interne, et les contracteurs doivent prouver que leurs employés sont qualifiés, ça fait partie des exigences dans les appels d’offres de la ville-centre, qui accorde tous les contrats de déneigement sur le territoire », affirme le directeur des travaux publics. Si la ville-centre gère l’ensemble des contrats de déneigement à Montréal, qu’en est-il du parc d’équipement de déneigement que l’on voit dans les clos de voiries des arrondissements? « Là encore, ça appartient à la Ville, et non à l’arrondissement. En fait, la ville-centre nous octroie un certain nombre de véhicules et d’équipements chaque année, et c’est aussi elle qui en fait la maintenance. »

François Lefebvre, chef de section, Travaux et Déneigement; Hugo Nappert, directeur, Travaux publics; et Jacob Germain, contremaître, Voirie et Parcs (photo courtoisie arrondissement de RPP).

Hugo Nappert est un nouveau directeur des Travaux publics, arrivé tout juste en septembre dernier dans RPP. Auparavant, il occupait des postes de direction à la Commission de la construction du Québec (CCQ) et au sein de Canadian Tire. Donc le ballet du déneigement, c’est aussi une première pour lui cet hiver. « On m’a initié à ces règles, ces normes, et même à la chimie des abrasifs (rires), et c’est vraiment intéressant. Mais j’avoue que ce qui m’a le plus impressionné, sans prêcher pour ma paroisse, c’est de voir à quel point notre équipe est bien préparée et surtout enthousiaste et motivée à l’approche des grandes bordées de neige. Je pense qu’il y a quelque chose de concret dans le fait de déneiger, de se sentir utile pour les résidents de l’arrondissement. Je les appelle maintenant mes guerriers de la neige », dit-il.

207 piscines olympiques de… neige

Bon an, mal an, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie charge environ l’équivalent de 207 piscines olympiques de neige sur son territoire, dont la grande partie sera déversée dans l’ancienne carrière Francon, dans le quartier Saint-Michel. Le reste prendra le chemin d’un dépôt sur Ray-Lawson, plus au nord-est de l’île. Comme l’hiver actuel est plutôt dans les standards en termes de quantité de neige tombée, l’arrondissement s’attend à fermer les livres en 2021 dans cette proportion.

Pour déneiger l’ensemble de l’arrondissement RPP, il faudra sillonner quelque 225 km de rues et de trottoirs, et en ajouter une cinquantaine d’autres pour les principales pistes cyclables sur le territoire. Et pour enlever la neige tout au long de ces km (en réalité il s’agit plus de 400 km, puisqu’il faut ramasser sur les deux côtés de rue et leurs trottoirs respectifs), il faudra évidemment la collaboration des automobilistes en ce qui a trait aux interdictions de stationnement. C’est un peu le nerf de la guerre. L’an dernier par exemple, seulement dans RPP, on a compté plus de 4 300 remorquages lors des opérations de chargement. « C’est de loin l’aspect qui ralentit le plus notre travail, et ça engendre des coûts importants. Avec la pandémie et le télétravail, nous avions beaucoup de craintes cette année que la situation soit encore plus difficile, mais finalement c’est le contraire qui se produit. La collaboration des résidents est vraiment bien, à tel point que nous connaissons plutôt une baisse de remorquages d’environ 20 % jusqu’à maintenant », affirme M. Nappert.

D’après-vous, est-ce permis de mettre de la neige d’un terrain privé dans la rue? Absolument… pas, explique le directeur des travaux publics de RPP. « C’est sûr que nous avons une certaine tolérance. Du côté des commerces ou des immeubles à condos, nous sommes appelés à intervenir à quelques reprises chaque année. Car le fait de déplacer de grandes quantités de neige dans la rue peut causer bien des problèmes et des retards dans nos opérations de chargement. Souvent il s’agit de gens qui ne connaissent pas le règlement et un avertissement suffit, mais il arrive que nous devions émettre des amendes, qui peuvent être assez salées. »

Bon à savoir, si jamais une chenillette part avec un bout de votre terrain, ou encore que vous êtes témoin d’un incident du genre sur le domaine public, n’hésitez pas à aviser l’arrondissement. Selon M. Nappert, des petits accidents du genre sont inévitables lors des opérations de déneigement, « et les employés de la Ville sont généralement en mesure de remettre les choses en conditions au printemps. »

Question budget, si on se fie aux informations fournies par la Ville de Montréal, qui évalue actuellement le coût de déneigement autour de 20 000 $ / kilomètre, on parlerait donc d’une enveloppe d’environ 4,5 M $ pour Rosemont–La Petite-Patrie en 2021.

Finalement, qui, comment, quand et pourquoi décide-t-on d’une opération de déneigement ou de chargement de la neige? C’est en fait la ville-centre qui décide des grandes lignes, et qui émet les directives. Ces règlements et ces normes sont d’ailleurs expliqués sur le site de la Ville (https://montreal.ca/deneigement). Toutefois, c’est l’arrondissement qui coordonne par la suite les opérations sur son territoire. « Grosso modo, à partir de 2,5 cm nous allons enclencher le déblaiement des rues et trottoirs, et selon ce qui s’annonce nous allons décider d’épandre certains types d’abrasifs, ou pas. À plus de 15 cm de neige, généralement la Ville va annoncer une opération de chargement. L’arrondissement a toutefois la latitude de déclencher, à sa discrétion, deux opérations de chargement sur son territoire par année », conclut Hugo Nappert.


Le dossier spécial « Rosemont 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :