Photo tirée du site web de Ray-Mont Logistique

LE TON MONTE ENTRE LA VILLE ET CHARLES RAYMOND

La saga se poursuit entre Ray-Mont Logistiques et l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Alors que l’administration municipale diffusait hier un communiqué de presse « invitant l’entreprise à développer un projet en collaboration avec les citoyens et respectueux du milieu dans lequel il s’implante », et annonçant qu’elle organiserait une rencontre prochainement entre ses services administratifs et l’entreprise afin de définir un cadre de travail ainsi que des échéances claires pour que le projet soit développé au sein des travaux de l’instance Concertation Assomption Sud-Longue-Pointe, avec les citoyens et les partenaires; Ray-Mont Logistiques a réagi ce matin en invitant plutôt la Ville de Montréal et l’arrondissement de MHM « à prendre leurs responsabilités et agir sur-le-champ. »

Rappelons que mardi soir dernier Concertation Assomption Sud–Longue-Pointe avait organisé une rencontre virtuelle publique avec le propriétaire de Ray-Mont Logistiques, Charles Raymond, afin de faire le point sur les intentions de ce dernier à la suite de la réception du fameux permis de construire du grand terminal de transbordement logistique intermodal, conclusion de la guerre juridique que se livraient la Ville et l’entreprise depuis 2017, jugement de la Cour d’appel du Québec en faveur de Ray-Mont Logistiques. Quelques jours avant la rencontre, Charles Raymond avait accordé une entrevue à EST MÉDIA Montréal où il affirmait ne pouvoir déroger d’un iota du plan de construction de base lui permettant d’opérer ses activités à ciel ouvert 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, sans aucune mesure d’atténuation des nuisances. Il a également partagé lors de l’entrevue un document produit par la firme d’architectes et de design Lemay qui exposait des esquisses de plusieurs aménagements et mesures d’atténuation qui auraient été selon lui envisageables dans le cadre d’un certain partenariat avec l’arrondissement, document que l’entrepreneur affirme avoir présenté à l’époque à l’administration du maire Réal Ménard, et par la suite à celle de Pierre Lessard-Blais et quelques résidents des alentours qui militaient contre le projet de Ray-Mont Logistiques. Document visiblement jamais partagé publiquement, ni par les élus ni par l’entreprise, pas même dans le cadre des audiences publiques de l’OCPM portant sur la vision d’Écoparc industriel de la Grande Prairie en 2019. Finalement, toujours dans le cadre de l’entrevue, Charles Raymond déclarera que la Ville de Montréal et les élus de l’arrondissement refusent systématiquement de discuter avec lui depuis le jugement en début d’année (et la poursuite qu’il intente contre la Ville en dommages et intérêts de plus de 370 M $) et malgré des invitations répétées afin de s’entendre sur l’aménagement de structures qui réduiraient les nuisances pour les citoyens qui demeurent à proximité (il clame qu’il ne demandera pas de nouveaux permis à la Ville sans entente préalable, disant craindre de longues complications réglementaires).

Ainsi, la rencontre publique du 27 avril dernier a suscité énormément d’intérêt de la part des citoyens de l’arrondissement (particulièrement du groupe Mobilisation 6600 pour MHM) et des parties prenantes au point que la capacité de 100 participants a vite été atteinte pour l’événement (l’instance de concertation avait une licence Zoom limitée à 100). Parmi les personnes qui ont pu réussir à se brancher, on ne remarquait aucun élu de l’arrondissement. Au début de la rencontre, l’animateur a déclaré que sous recommandation du contentieux de la Ville, aucun représentant de la Ville n’interviendrait lors des discussions (il y avait des fonctionnaires de la Ville et du personnel politique en ligne), compte tenu que Ray-Mont Logistiques poursuit actuellement la Ville. Tout au long de la discussion, Charles Raymond répètera (à tort ou à raison) qu’il ne peut rien aménager pour réduire les nuisances sans s’entendre avant avec la Ville, que la Ville refuse toujours de lui parler, et que les travaux commenceront dans quelques semaines. L’intégrale de la rencontre est disponible ici.

Communiqué de presse émis par l’arrondissement de MHM hier après-midi :

Écoparc industriel de la Grande Prairie – L’arrondissement invite toujours Ray-Mont Logistiques à développer un projet de concert avec les citoyen.ne.s

Les élu.e.s de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve réitèrent leur volonté de voir les dirigeants de Ray-Mont Logistiques développer un projet en collaboration avec les citoyen.ne.s et respectueux du milieu dans lequel il s’implante. C’est d’ailleurs à cette fin qu’ils ont convié l’entreprise à participer à l’instance de concertation créée par la Ville de Montréal.

« Déjà en janvier, j’ai rencontré Charles Raymond afin de rouvrir le dialogue, lui offrir la collaboration de la Ville et de l’arrondissement et inviter son entreprise, Ray-Mont Logistiques, à s’asseoir avec les citoyen.ne.s afin de développer un projet en cohérence avec la vision préconisée pour l’Écoparc industriel de la Grande Prairie. Or, plutôt qu’établir un véritable dialogue, l’entreprise a décidé de poursuivre la Ville et de lui réclamer 373 millions en dommages », a déclaré le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais.

Le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais (photo arrondissement de MHM).

Rappelons que suite au jugement édicté par les tribunaux au début de l’année, l’arrondissement a délivré le permis demandé par l’entreprise.

« Avec son permis en main, Charles Raymond peut aller de l’avant et développer le projet déposé par son entreprise. S’il désire l’améliorer, ce que tout le monde souhaite, il a toujours l’opportunité de déposer une demande formelle à la Ville, qui pourrait servir de base de discussion. Nous organiserons une rencontre prochainement entre nos services administratifs et l’entreprise afin de définir un cadre de travail ainsi que des échéances claires pour que le projet soit développé au sein des travaux de l’instance de concertation, avec les citoyen.ne.s et les partenaires », a ajouté M. Lessard-Blais.

« Je suis heureux que Charles Raymond ait pris part aux activités de l’instance de concertation depuis la mi-avril. Parce que c’est avec eux, les résident.e.s du secteur, que l’entreprise doit élaborer son projet. C’est précisément la raison d’être de l’instance. Si le résultat de la concertation est acceptable pour les citoyen.ne.s, les élu.e.s s’engagent à le recevoir favorablement », a-t-il conclu.

Concertation Assomption Sud-Longue-Pointe (ASLP)

Concertation ASLP est une structure d’échanges entre la Ville et les parties prenantes qui évoluera dans le temps et s’ajustera en fonction des défis à relever. Elle a pour objectif d’orienter le développement du secteur en donnant une voix aux citoyens et aux partenaires du territoire. C’est un lieu qui facilite les échanges entre les parties prenantes du territoire, afin de favoriser la compréhension mutuelle des enjeux de développement du secteur. Pour plus d’information, visitez Réalisons Montréal.

Communiqué de presse émis par Ray-Mont Logistiques ce matin :

Développement du secteur L’Assomption Sud – Longue-Pointe La Ville de Montréal et l’Arrondissement MHM doivent prendre leurs responsabilités et agir sur-le-champ.

L’entreprise montréalaise de transport logistique, Ray-Mont Logistiques, se désole que la Ville de Montréal et l’Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM) refusent d’assumer leurs responsabilités et d’entamer un dialogue constructif sur le développement du projet de plateforme logistique intermodale dans le secteur L’Assomption Sud – Longue-Pointe. Depuis cinq ans, l’entreprise tend la main à de multiples reprises aux élu.e.s en leur soumettant des solutions concrètes pour favoriser la cohabitation entre les activités industrielles du secteur et les zones résidentielles; ceux-ci n’ont jamais donné suite aux propositions.

Rappelons que depuis 2017, l’Arrondissement refuse illégalement de délivrer un permis de construction à l’entreprise pour qu’elle y développe ses activités sur le terrain de l’ancienne fonderie Canadian Steel Foundries. L’entreprise a dû solliciter l’intervention des tribunaux pour statuer sur son droit d’opérer. La Cour supérieure, puis la Cour d’appel du Québec, ont toutes deux donné raison à Ray-Mont Logistiques et ordonné à l’Arrondissement d’émettre le permis à l’entreprise.

Malgré ce litige, l’entreprise a transmis près d’une dizaine de lettres et de demandes de rencontre aux élu.e.s de la Ville et de l’Arrondissement pour tenter de déjudiciariser le conflit et de discuter de bonne foi des mesures de cohabitation qu’elle voulait mettre en place. À chaque reprise, les élu.e.s ont préféré la poursuite de la judiciarisation plutôt que la discussion, notamment en portant en appel le jugement de la Cour supérieure. Maintenant que les tribunaux ont tranché et que le permis de l’entreprise a été délivré, les élu.e.s doivent prendre leurs responsabilités et se mettre à table pour discuter d’un projet gagnant-gagnant, comme l’entreprise propose de le faire depuis des années.

« L’administration de Projet Montréal est en poste depuis près de 4 ans, elle possède toute l’autorité règlementaire et les pouvoirs afin de modifier et d’émettre ou non un permis, pas les citoyens. Les élu.e.s ne peuvent se décharger de leurs responsabilités en demandant aux citoyens de faire le travail à leur place. Le maire Lessard-Blais doit assumer son rôle et accepter de rencontrer une entreprise sérieuse qui développe un projet majeur dans son arrondissement. Bien que je sois très heureux de discuter d’idées avec les citoyens, c’est aux élu.e.s de s’asseoir et de faire leur travail afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de cicatrices dans le quartier pour les 50 prochaines années. Advenant le cas, ils devront assumer toute la responsabilité des conséquences de leurs inactions. Je tends encore une fois la main aux élu.e.s, il n’est pas trop tard pour changer de cap, mais le temps presse et commence à manquer » a déclaré Charles Raymond, président-directeur général de Ray-Mont Logistiques.

Charles Raymond (photo EMM).

Émis le 1er avril 2021, le permis autorise l’entreprise à développer son projet tel que déposé à l’Arrondissement en 2017, alors que les discussions sur les mesures de cohabitation étaient à peine entamées. En raison des modifications de zonage et de la judiciarisation du dossier, l’entreprise est contrainte de respecter à la lettre le permis émis, l’empêchant ainsi de faire toute modification sans enclencher un nouveau processus de discussion avec l’Arrondissement. Toutefois, les élu.e.s refusent catégoriquement de rencontrer l’entreprise en invoquant le recours en dommages que celle-ci a déposé à l’endroit la Ville.

« Après 4 ans de procédures judiciaires longues et coûteuses qui ont paralysé l’un des projets phares de notre développement, il est légitime de demander une réparation en dommages pour les actions illégales de la Ville dont deux tribunaux ont tranché. Cela ne devrait cependant pas nous empêcher d’avoir une discussion de bonne foi et axée sur l’avenir avec les élu.e.s. Nous ne serons ni la première, ni la dernière entreprise en litige avec la Ville, qui maintient un canal de communication avec les élu.e.s. La balle est dans le camp du maire Lessard-Blais » a conclu l’entrepreneur.