La pièce est présentée au Théâtre Denise-Pelletier du 14 novembre au 9 décembre (Courtoisie Victor Diaz Lamich / Théâtre Denise-Pelletier)

LE ROI DANSE : CHANT, DANSE ET JEU À LA COUR DE VERSAILLES

Le Théâtre Denise-Pelletier accueille une nouvelle pièce du 14 novembre au 9 décembre. Inspirée du film éponyme, l’oeuvre Le roi danse, présentée pour une première fois sur les planches, propose une incursion dans l’ère victorienne et mélange danse, chant et jeu. 

Cette pièce d’une durée de 1 h 35 min transporte le spectateur en 1643 à Versailles, alors que la France a besoin d’un nouveau roi. Louis XIV accède au trône si convoité avant son cinquième anniversaire. Sa mère, Anne d’Autriche, mène la danse, mais à mesure qu’il grandit, Louis XIV décide de gouverner par la beauté. Il accorde ainsi une importance capitale à la danse qu’il maîtrise à merveille, la musique de Lully et le théâtre de Molière. Pouvoir, rivalité et surtout égo sont aussi au menu. 

Le metteur en scène Michel-Maxime Legault (Courtoisie Victor Diaz Lamich / Théâtre Denise-Pelletier)

Le protagoniste, Louis XIV, adorait danser. Celui que l’on surnommait le Roi-Soleil a en effet dansé dans 27 grands ballets durant son règne. Il est également derrière l’initiative de la création de l’Académie royale de danse. Pour préparer le comédien Mattis Savard-Verhoeven au rôle du monarque, la chorégraphe Janie Richard l’a aidé dans l’apprentissage de plusieurs pas de ballet. « La danse est une passion pour le roi. Chacune de ses danses est un moment qui le fait vibrer », souligne le metteur en scène, Michel-Maxime Legault. 

Mais pour pouvoir danser, il faut de la musique. Avant que le personnage du compositeur Lully n’arrive sur scène, la musique n’existe pas. Il y a seulement des ponctuations et des percussions. Lorsque Lully apparait, le roi danse immédiatement sur sa musique : « J’ai vraiment voulu marquer ce passage de la rencontre entre le roi et Lully », explique Michel-Maxime Legault. 

Ce spectacle multidisciplinaire offre aussi une place importante au chant. Pour mettre en scène l’aspect musical de la pièce, le metteur en scène avait d’abord pensé à ajouter un musicien sur les planches : « Je voulais auditionner un violoniste, mais je trouvais que ce n’était pas assez », raconte-t-il. Le metteur en scène a par la suite décidé d’opter pour les arrangements d’Antoine Bédard, concepteur sonore. La musique occupe un vrai rôle dans cette oeuvre et appuie la dramaturgie : « Lully a voulu s’intéresser à l’opéra parce qu’il voulait être le seul musicien de la cour. Il interdit même à Molière d’avoir un grand nombre de musiciens et de chanteurs dans ses pièces. C’est l’un des enjeux de cette guerre d’égos », ajoute Michel-Maxime Legault.

Un autre axe décisif dans la mise en scène est le décor et les costumes, tous deux marqués par une omniprésence de la couleur or : « J’avais envie de beauté et que les gens puissent voir de beaux tableaux », souligne le metteur en scène. Les habits sont caractérisés par le style victorien, même s’ils sont légèrement actualisés. Et le personnage de Louis XIV porte des vêtements presque non genrés : « Il y a un côté très féminin dans son costume. Et puis, on est dans une époque où on peut dire que la dentelle est à la mode! », plaisante Michel-Maxime Legault.

Faisant partie des costumes et des accessoires, la couleur or ne quitte jamais la scène pendant la pièce (Courtoisie Victor Diaz Lamich / Théâtre Denise-Pelletier)

Un metteur en scène qui réalise un rêve 

Cette pièce s’inspire du film éponyme de Gérard Corbiau sorti en 2000. L’oeuvre cinématographique a joué un rôle majeur dans la mise en scène de la pièce Le roi danse : « J’ai découvert le film lorsque j’avais 18 ans. Depuis, j’ai dû le voir une cinquantaine de fois! », raconte Michel-Maxime Legault. Grâce à ce long métrage, il a découvert trois figures historiques : « J’ai été vraiment touché par la beauté du film, mais surtout par l’humanité de ces trois personnages. Tous ces jeux de coulisses, ces jeux de pouvoir, ces égos démesurés, et toute la fragilité et la vulnérabilité de ces artistes face au pouvoir sont fascinants », explique-t-il.

Molière (Boris Terral) et Louis XIV (Benoît Magimel) dans le film Le roi danse sorti en 2000 (Courtoisie Gérard Corbiau)

Cette affinité particulière du metteur en scène avec l’œuvre cinématographique s’est transformée en un véritable défi, car ce dernier a dû s’éloigner du film et générer sa propre vision de l’oeuvre : « Parfois, j’avais en tête des images du film que j’avais envie de reproduire sur scène, sauf qu’on n’a pas les mêmes moyens au théâtre et au cinéma. Le montage au cinéma permet d’avoir un gros plan par exemple, et c’est un procédé qui est évidemment impossible [à transposer] sur une scène », illustre Michel-Maxime Legault. 

Un travail d’adaptation

Pour adapter ce film sur scène, Michel-Maxime Legault avait aussi besoin d’une autrice. Il a alors immédiatement pensé à Emmanuelle Jimenez, avec qui il a déjà travaillé pour la pièce Centre d’achats diffusée au Théâtre d’Aujourd’hui. L’écrivaine a d’abord élaboré une première version très fidèle au film. Par la suite, elle a décidé, de concert avec Michel-Maxime Legault, de créer une version plus libre : « En visionnant le film ensemble, on a réalisé qu’il avait bien et mal vieilli, dans le sens où on sentait qu’il fallait faire une adaptation plus ouverte, notamment vis-à-vis de certains personnages féminins qui sont un peu faibles dans le film », confie le metteur en scène.

Afin de transporter les spectateurs à la cour de Versailles, le premier réflexe du metteur en scène et de l’autrice fut de penser qu’ils auraient « besoin de 25 acteurs, d’énormément de figurants et même de l’Orchestre symphonique de Montréal pour combler ce grand plateau! », se rappelle Michel-Maxime Legault. Mais finalement, le duo a préféré favoriser une approche plus pure. Ils ont sélectionné les figures importantes qui devaient exister sur scène et ont donc engagé six acteurs pour jouer Louis XIV, Molière, Lully, Anne d’Autriche, la Cour (qui joue plusieurs personnages tels que le maître de danse et le médecin) et le personnage Soleil. Ce dernier « est vraiment notre touche 2023. On avait besoin que quelqu’un s’adresse directement au spectateur. Il nous rappelle que nous sommes tous égaux et que c’est le même soleil qui a éclairé Louis XIV et qui nous éclaire maintenant. Et il faut justement faire attention à ne pas se prendre pour le soleil », philosophe le metteur en scène. 

Le milieu de la cour du roi engendre parfois certaines contrariétés (Courtoisie Victor Diaz Lamich / Théâtre Denise-Pelletier)

En plus du film de Gérard Corbiau, le livre Lully ou le musicien du soleil paru en 1992 est une autre oeuvre qui a beaucoup aidé Michel-Maxime Legault dans sa mise en scène : « C’est un livre très complexe et intéressant à propos de Lully. C’est aussi beaucoup d’analyses musicales », raconte-t-il. 

Néanmoins, le plus gros challenge concernant la mise en scène de cette pièce fut de rappeler aux comédiens qu’il ne fallait pas jouer le personnage historique mais l’humain : « Je veux qu’on s’attache au personnage de Lully et qu’on le suive dans sa déroute. Je veux qu’on s’attache aussi au personnage de Molière, grâce à sa lucidité et son regard vif sur le monde. Et je veux qu’on s’attache aussi à la démesure de Louis XIV », termine le metteur en scène.

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