Jean-Luc Lavergne, directeur général, oeuvre dans le marché du plastique recyclé depuis 1985 (Courtoisie Lavergne)

LAVERGNE, L’ENTREPRISE QUÉBÉCOISE DE PLASTIQUE RECYCLÉ QUI MÈNE LA DANSE

Spécialisé dans la production de résine à partir de plastique recyclé, le groupe Lavergne est aujourd’hui un leader mondial dans son domaine. Le saviez-vous?

Située à Anjou, Lavergne est une entreprise qui s’occupe de la conception, du développement et de la fabrication de résines durables. Elle tire son épingle du jeu en fabriquant cette matière première non pas à partir de plastique vierge, mais plutôt de plastique recyclé provenant de produits en fin de vie, qui sont ensuite transformés en résine. Le groupe livre ensuite son produit fini à ses clients, des entreprises mondialement connues telles que HP, Lexmark, Mercedes, Keurig, Dr Pepper… 

Si Lavergne représente aujourd’hui l’un des groupes de plastique recyclé les plus importants d’Amérique du Nord, tout a pourtant commencé tranquillement en 1985… dans la baignoire de son fondateur! Jean-Luc Lavergne, alors âgé de 23 ans, a l’idée de créer de la résine à partir de produits en plastique abimés. Après avoir passé plusieurs entrevues sans décrocher d’emplois, notamment parce qu’il n’a pas de diplôme universitaire, le jeune homme se dit qu’il faut trouver un autre moyen de gagner sa vie. À l’époque, ce qui l’attire dans le domaine du plastique recyclé n’est pas forcément l’aspect recyclage, mais plutôt le fait de créer et développer quelque chose. Le fondateur se plonge dans ses souvenirs : « Je me souviens que le premier plastique que j’ai lavé était des contenants pour le café. Le processus de recyclage faisait que les contenants restaient au chaud plusieurs semaines, et je me souviens encore de leur odeur épouvantable », raconte en riant le directeur général.

Depuis, l’entreprise a bien grandi et compte quelque 250 employés aujourd’hui. Lavergne est présent sur plusieurs marchés tels que l’automobile, l’électronique ou encore celui des chaises de bureau.

Adieu le plastique vierge 

La pollution plastique et ses impacts préoccupent le monde entier, notamment les entreprises : « On ressent davantage l’intérêt des compagnies. Elle sont plus prêtes aujourd’hui à écouter qu’il y a quelques années », indique Jean-Luc Lavergne. Sur le marché depuis 38 ans, le directeur général constate que les entreprises ont vraiment commencé à s’intéresser au plastique recyclé depuis 5 ans : « On sent qu’il y a un mouvement vers le plastique recyclé avec cependant des atténuations comme présentement, à cause de la baisse du coût du plastique vierge sur le marché », explique-t-il. 

Dans les coulisses de l’une des usines de recyclage du groupe (Courtoisie Lavergne)

La Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (FEDEREC) s’inquiète justement ces temps-ci de l’effondrement de la demande du plastique recyclé au profit du plastique vierge. Dans un communiqué publié le 5 juillet dernier, elle indique qu’entre mai 2022 et mai 2023, les principaux plastiques vierges ont enregistré une baisse de prix de l’ordre de 25 % à 40 %. Ce coût attractif attire les entreprises qui délaissent ainsi le marché du plastique circulaire. « Les gens ont souvent le réflexe de se dire que le plastique recyclé coûte plus cher. Mais ça dépend de la période. Présentement, le marché du plastique vierge est très bas par exemple. Pour le plastique recyclé, on arrive à garder une stabilité au niveau du prix grâce aux nouvelles technologies utilisées pour exécuter la séparation des plastiques mélangés », déclare Jean-Luc Lavergne. 

De plus, de nouvelles directives gouvernementales aideront l’industrie du plastique recyclé : « La réglementation et la législation qui se mettent en place en Europe vont faire en sorte que les entreprises seront pénalisées si elles n’utilisent pas de plastique recyclé », indique M. Lavergne. Depuis septembre 2021, les fabricants européens de plastique ont par ailleur l’obligation d’incorporer 30 % de matière recyclée dans les emballages plastique d’ici 2030, afin de respecter les objectifs du pacte vert de la Commission européenne. Le Canada suit le même chemin puisque le gouvernement interdira six produits de plastique à usage unique à partir de décembre 2023 : les sacs d’emplettes, les ustensiles, les récipients alimentaires à emporter difficilement recyclables, les anneaux pour emballages de boissons, les bâtonnets à mélanger et les pailles.

Une présence à l’internationale 

L’intérieur de l’installation de fabrication Lavergne en Belgique (Courtoisie Lavergne)

Si son siège social est basé à Montréal, Lavergne est également présent à l’international. Ses trois installations de fabrication sont réparties à Montréal, à Đà Nẵng au Vietnam et, depuis l’an passé, en Belgique. Lavergne possède également une plateforme dédiée au plastique des océans, appelé Ocean Bound en anglais, située en Haiti. L’entreprise possède également pas moins de 21 centres de distribution répartis dans le monde entier : « On n’a pas le choix, on doit pouvoir livrer à nos clients en quelques jours », insiste le directeur général. 

Lavergne est donc une entreprise très internationalisée : « 90 % de notre chiffre d’affaires se fait à l’extérieur du Canada car 75 % de nos rentes viennent d’Asie, lieu de production des entreprises nord-américaines, mais aussi un peu aux États-Unis. Avec notre usine en Belgique, on est vraiment en train de commencer à nous positionner favorablement face au marché européen », affirme Jean-Luc Lavergne. « On considère le marché européen plus mature dans sa volonté d’acheter du plastique recyclé. »

L’un des projets de l’entreprise est de continuer à s’établir dans d’autres pays, comme « le Brésil, le Mexique ou encore l’Ouest américain », conclut le directeur général de cette entreprise méconnue de l’est de Montréal et qui recycle son petit bonhomme de chemin tout autour du globe!