LAURENCE LAVIGNE LALONDE REDONNERA-T-ELLE VSMPE À PROJET MONTRÉAL?
Durant la présente campagne électorale municipale, EST MÉDIA Montréal proposera plusieurs rencontres avec des aspirants à la mairie d’arrondissements de l’est, question de découvrir à la fois leur plateforme locale et leur vision de certains enjeux liés au territoire. Aujourd’hui, Laurence Lavigne Lalonde, de Projet Montréal, candidate dans Villeray−Saint-Michel−Parc-Extension.
La formation de Valérie Plante avait causé une certaine surprise en 2017 en remportant la victoire dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, alors que Giuliana Fumagalli avait délogé la représentante vedette d’Équipe Denis Coderre pour Montréal et mairesse sortante de l’arrondissement, Anie Samson. Deux des quatre postes de conseiller avait aussi été remportés par Projet Montréal. Toutefois, on se souviendra que Mme Fumagalli avait été écartée de Projet Montréal peu de temps après son élection pour des allégations d’harcèlement dans son milieu de travail, restant en poste comme indépendante (aujourd’hui elle se représente sous les couleurs de son parti local Quartiers Montréal).
L’arrondissement de VSMPE est donc visiblement fort convoité par les deux principaux partis dans le cadre de cette élection qui, les sondages le confirment sans cesse, s’annonce très serrée. Aux candidatures de prestige que sont Guillaume Lavoie (Ensemble Montréal) et Laurence Lavigne Lalonde (Projet Montréal), s’ajoute dans ce cas-ci la mairesse sortante Giuliana Fumagalli, dans une course à trois plutôt intéressante.
Retour au bercail pour Laurence Lavigne Lalonde
La candidate de Projet Montréal, élue aux deux dernières élections dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, a fait un premier mandat dans l’opposition pour ensuite diriger l’arrondissement aux côtés du maire Pierre Lessard-Blais, tout en occupant un siège au sein du Comité exécutif de la Ville. Spécialiste des questions environnementales et de la transition écologique, elle s’était particulièrement impliquée dans la planification de développement du secteur Assomption Sud, appuyant activement, entre autres, le groupe militant Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM qui lutte contre l’implantation de l’entreprise de transbordement de marchandises Ray-Mont Logistiques sur ce territoire. Elle habitait alors le secteur jusqu’à il y a environ trois ans, pour s’implanter par la suite dans son quartier d’enfance avec sa famille, dans l’arrondissement de VSMPE.
« J’ai décidé de briguer la mairie de VSMPE parce qu’évidemment j’habite à nouveau cet arrondissement que je connais très bien, ayant passé toute mon enfance dans ce secteur, et qu’avec tous les grands défis qui attendent encore le district de Maisonneuve-Longue-Pointe, que j’ai représenté pendant 8 ans, je pense que ça prend quelqu’un qui peut être très souvent et facilement sur le terrain. Ce qui était plus difficile pour moi ces deux dernières années avec ma grossesse, mon aménagement plus au nord de Montréal et aussi mes responsabilités au sein du Comité exécutif », explique Laurence Lavigne Lalonde. Elle ajoutera rapidement en début d’entrevue que la « stagnation », voire la « dégradation à certains niveaux » des quartiers Saint-Michel et Parc Extension depuis les 20 dernières années l’a aussi interpellé pour se présenter à la mairie de l’arrondissement, une première expérience pour elle. « Quand je me suis réinstallée dans l’arrondissement, j’ai constaté qu’il y avait eu des choses positives qui se sont faites ces dernières années, mais qu’il y a aussi encore tellement d’inégalités et de travail à faire, surtout dans Saint-Michel et Parc Extension, que je me suis dit que je ne pouvais pas laisser faire cela, rester spectatrice de cela. Plusieurs choses me dérangeaient et j’avais envie de continuer mon engagement politique, près de chez moi. Et avec l’expérience que j’ai acquise ces dernières années, je me sens prête pour le poste de mairesse », avance-t-elle.
Des enjeux de taille
Celle qui aspire à diriger l’arrondissement de VSMPE pour les 4 prochaines années dit se questionner « sérieusement » sur le travail des élus du secteur au cours des deux dernières décennies, et qu’il y a beaucoup de rattrapage à faire, selon elle, pour améliorer particulièrement le sort de Saint-Michel. « Ça me dépasse d’entendre des candidats et des candidates qui sont là depuis de nombreuses années dire que Saint-Michel, ou Parc Extension, ont besoin d’aide au niveau d’une panoplie de dossiers. Par exemple pour le logement, la sécurité, les parcs, la mobilité… Qu’est-ce que les élus d’Ensemble Montréal, ou sous le règne de Tremblay avant cela ont fait depuis 20 ans? Comment ça se fait que nous sommes au même point, sinon pire, aujourd’hui dans ces quartiers? Poser la question, c’est y répondre », n’y va pas de main morte la candidate de Projet Montréal.
La grande priorité de Laurence Lavigne Lalonde, si elle obtient la faveur populaire, sera de travailler sur la question de la transition écologique dit-elle. « Je pense que l’on peut faire d’une pierre deux coups en accentuant la transition écologique dans l’arrondissement, surtout dans des secteurs comme Saint-Michel et Parc Extension. Parce qu’avoir des quartiers qui sont plus verts, planter des arbres massivement, en faisant des saillies de trottoir, en apaisant la circulation, par exemple, eh bien ça vient faire en sorte qu’ils sont plus beaux, plus agréables, plus sécuritaires. Les gens vont avoir envie de sortir de chez eux, de s’investir dans la communauté, ça donne du loisir aux jeunes, et tout cela vient aussi créer de la solidarité, de la bienveillance. Je crois que travailler sur la trame écologique d’un quartier, ça crée des liens sociaux, on a qu’à penser aux ruelles vertes, pas assez présentes d’ailleurs dans Saint-Michel », affirme Mme Lavigne Lalonde.
La candidate abordera également le volet de la mobilité sur le territoire, et du même souffle l’enjeu du décloisonnement de Saint-Michel. Elle mettra particulièrement l’emphase sur l’Autoroute 40. « Mon équipe et moi sommes vraiment préoccupées par ce qu’il adviendra des travaux de réfection de l’Autoroute 40 qui arrivent à grand pas. Il faut absolument profiter de ce chantier pour sécuriser et venir humaniser au moins les principaux axes de passages nord-sud, en dessous de la structure aérienne. Il faut embellir ces lieux, ajouter de l’éclairage, et faire en sorte que les résidents des alentours n’aient plus peur de traverser cette barrière qu’est la Métropolitaine. Et réfléchissons maintenant, quant à moi, aux meilleures façons de repenser complètement cette fracture dont Québec entrevoit une nouvelle mouture dans 25 ans. »
Sur le même thème, Laurence Lavigne Lalonde avance qu’une prochaine reconstruction complète du parc George-Vernot, qu’elle aimerait mener à terme si elle est élue, permettrait d’entamer enfin une reconversion attendue de l’ancienne carrière Francon, immense et profonde structure qui scinde le quartier Saint-Michel. « Nous ce que l’on propose pour la requalification de la carrière et par le fait même améliorer la mobilité dans ce secteur, c’est d’y aller d’un premier pas concret avec la réfection complète du parc George-Vernot, qui est absolument désuet, et de profiter pour l’agrandir par le terrain de Francon. On pourrait ainsi relier la rue Jean-Rivard, coupée en ce moment par la carrière », soutient-elle. Cette dernière ne croit pas réaliste pour le moment la construction d’une grande infrastructure dans la carrière, comme le projet de passerelle proposé par sa rivale Giuliana Fumagalli. « En partant, elle affirme qu’il s’agit d’un projet de 50 M $, alors que notre équipe à la ville centre l’évalue au double. Mais au-delà de cela, je pense qu’avant de précipiter quoi que ce soit dans ce dossier, on devrait profiter des travaux du prochain Plan d’urbanisme et de mobilité de la Ville, qui prévoit des consultations publiques spécifiques pour le terrain de Francon, pour bien identifier les besoins du secteur et élaborer un projet qui va susciter un certain consensus pour toute la population et les acteurs du milieu. On ne peut pas injecter 100 M $ dans une structure dont on ne sait pas s’il faudra la démolir dans 10 ans pour faire place à un autre type de développement, qui est par ailleurs presqu’inévitable selon moi », clame Laurence Lavigne Lalonde.
Quant à l’épineuse question de la sécurité, dont Saint-Michel fait les manchettes plus souvent qu’à son tour depuis de nombreuses années, la candidate fait un petit pas de recul face à la promesse électorale de sa cheffe Valérie Plante d’augmenter les effectifs policiers d’ici 2022. « Ajouter 250 policiers, ça ne viendra pas régler le problème de Saint-Michel. Ça donne un sentiment de sécurité aux gens qui n’habitent pas le quartier, et je ne pense pas que les résidents de Saint-Michel accueillent cette annonce-là comme une grande solution. Je suis d’avis que le SPVM doit bien sûr s’occuper des crimes qui ont lieu actuellement et que l’on continue de travailler avec le fédéral pour faire en sorte que les armes arrêtent d’entrer si facilement sur notre territoire, mais ce qu’il faut surtout faire, c’est occuper les jeunes », avance l’aspirante mairesse. Selon elle, il faut donner accès aux jeunes à du sport, du loisir et de la culture, près de chez eux. « Il faut que ce soit des activités accessibles financièrement, accessibles aussi le soir et la fin de semaine, dans des infrastructures de qualité. C’est là qu’il faut investir collectivement, et je pense qu’il faut démontrer à ces jeunes qu’ils méritent cela comme d’autres ailleurs, et non les stigmatiser dès le départ. »
Finalement, au sujet du commerce local, Laurence Lavigne Lalonde salue la création récente de la SDC du Petit Maghreb, rue Jean-Talon, « qui va bonifier de beaucoup l’expérience client et dynamiser l’impact pour les commerçants. » Elle ajoute qu’une administration Projet Montréal revitaliserait par ailleurs la rue Saint-Michel et ses commerces. « Il faudrait vraiment embellir le secteur commercial de la rue Saint-Michel, ajouter du mobilier urbain, etc. Malheureusement, elle a été refaite mais à l’identique par l’administration Coderre. Faudrait corriger cela. » La candidate indique également vouloir pérenniser et bonifier la présence de marchés solidaires dans l’arrondissement, dont certains secteurs sont qualifiés de déserts alimentaires.