LES JEUNES DE RIVIÈRE-DES-PRAIRIES ONT BESOIN D’ESPACES

Si Rivière-des-Prairies est l’un des quartiers les moins favorisés de Montréal, la Corporation de développement communautaire de Rivière-des-Prairies (CDC RDP) agit heureusement au quotidien afin d’améliorer la qualité de vie de ses habitants et en particulier de la jeunesse, qui représente un véritable enjeu dans le nord-est montréalais.

« Rassembler, innover, agir pour notre quartier » est d’ailleurs la devise de la CDC RDP. Son but, comme on l’a vu depuis le début de cette série spéciale, est de soutenir les organismes dans la réalisation de leurs missions respectives liées aux problématiques de transports, d’alimentation et de vivre-ensemble. L’une des grandes préoccupations de ce quartier est sans surprise la jeunesse, souvent laissée pour compte en termes d’infrastructures de loisir, d’activités organisées et d’encadrement.

« Il existe tout de même une quinzaine d’organismes qui travaillent au niveau des enjeux de la jeunesse, dont beaucoup sont constamment en intervention afin d’offrir un véritable soutien aux jeunes de Rivière-des-Prairies », explique Félix Biot, agent de développement pour la CDC, dont le rôle est notamment de soutenir les activités des Tables sectorielles « aînées » et surtout « jeunesses » du quartier ainsi que leurs divers comités de travail.

Équipe RDP, par exemple, organisme bien actif dans le secteur, a mis en place le programme « Jeunes Leaders » dont l’objectif est de former certains jeunes afin qu’ils aient un impact positif sur la communauté en encourageant les plus jeunes à adopter un bon comportement. Des initiatives du genre, les organismes de RDP en mettent sur pieds plusieurs par année, mais le travail doit être incessant pour palier le manque criant d’infrastructures  et de ressources spécifiques dédiées aux jeunes du quartier.

Manque de ressources

Rappelons que le principal enjeu de la Table Jeunesse est de trouver des stratégies pour répondre aux besoins des jeunes de 6 à 25 ans du quartier Rivière-des-Prairies.

Félix Biot œuvre au quotidien pour garantir un environnement paisible aux jeunes de RDP (photo courtoisie CDC RDP)

Parmi ces besoins, la recherche d’espaces pour les jeunes, en collaboration avec la Ville de Montréal, en est un extrêmement important. « Cependant le nerf de la guerre dans le communautaire reste l’argent », confie M. Biot. Spécifions ici que plusieurs organismes sont financés par projet et non à la mission. Or, ces structures ont justement besoin d’argent pour développer leurs projets et engager des ressources. « Lorsque rien n’est fait pour ces jeunes, qu’il n’y a aucune activité ou espace mis à leur disposition, c’est précisément à ce moment-là que commence le tapage et d’autres dérives » explique M. Biot. Le soir, après l’école, les adolescents restent dehors au lieu de rentrer chez eux. Le manque d’encadrement favorise ainsi le risque d’infractions.

Toujours selon le même intervenant, le « manque d’espaces et d’infrastructures dédiées » est donc l’un des principaux handicaps pour la jeunesse de RDP. Les jeunes se regroupent souvent aux mêmes endroits, à l’instar « de l’école secondaire Jean-Grou » évoque-t-il.

Pour pallier ces problématiques, des lieux de rencontre ont été créés. L’espace J, par exemple, est un espace d’accueil et d’échange pour les jeunes. Ces derniers ont accès à des livres, des jeux de société ou encore un baby-foot. Des intervenants sont présents pour encadrer les adolescents tout en faisant en sorte de les laisser se gérer de manière autonome afin qu’ils ne se sentent pas surveillés. Cette salle possède une capacité d’accueil de 40 jeunes, mais elle est victime de son succès car « le nombre quotidien d’adolescents avoisine le 60 en moyenne, voir même 100 parfois. Sauf que l’espace n’est pas prévu pour accueillir autant de monde », raconte Félix Biot.

Au manque d’espaces s’ajoute la problématique des transports en commun qui demeure un défi important à RDP. La jeunesse de ce quartier « est caractérisée par l’isolement car RDP est enclavé entre l’autoroute 25 et l’autoroute 40. Cette localisation provoque un manque de transport collectif, ce qui empêche les jeunes de se promener. Ils finissent donc par rester constamment dans RDP » affirme l’agent de développement.

Des clashs ethnoculturels et générationnels

La diversité ethnique est très présente à RDP, ce qui peut provoquer plus facilement des enjeux de cohabitation. Le tiers de la population du quartier est issu d’immigration relativement récente, alors que les communautés italienne et haïtienne sont très ancrées dans le quartier. « La communauté italienne est plus aisée que la collectivité haïtienne, et les jeunes sont notamment victimes de ce clash socio-économique », affirme M. Biot.

En plus de ces problématiques culturelles, il existe des conflits de cohabitation entre les jeunes et les commerçants mais aussi entre les adolescents et les aînés. « Il peut se produire des clashs générationnels car parfois les gens ne peuvent pas échanger et se comprendre » se désole Félix Biot. Le projet « En avant », qui fait aussi partie de la Table jeunesse, vise justement à créer une mixité entre les générations. Il est porté par trois organismes : Prévention Pointe-de-l’Île; le centre communautaire Le Phare; et le Centre des femmes de RDP. Cette initiative a deux aspirations. Il s’agit d’abord de susciter des échanges entre les adolescents et des personnes plus âgées sur des sujets précis comme le cinéma, par exemple. Des intervenants recommandent des films et par la suite, les générations peuvent donner leur point de vue sur l’œuvre. Une aide au devoir a également été mise en place. Des élèves de l’école secondaire apportent leur soutien à des jeunes du primaire.

La CDC RDP vient en soutient aux organismes travaillant auprès des jeunes afin de leur permettre de « vivre leur jeunesse en mettant à leur disposition des ressources pour répondre à leurs questions, dans des espaces où ils sont encadrés » insiste M. Biot.

Une rencontre de la Table jeunesse aura lieu le 12 octobre prochain, au centre communautaire de RDP (9140 boulevard Perras), et est ouverte à tous les citoyens. D’autres rencontres devraient être organisées toutes les six semaines par la suite.

Pour ceux et celles qui désirent communiquer avec Félix Biot, vous pouvez le faire via l’adresse courriel suivante : agentdedev@cdcrdp.org


Cette série spéciale est financée par la Corporation de développement communautaire de Rivière-des-Prairies.