Photos courtoisie Parc olympique.

JEU DE DRAPEAUX ET D’HISTOIRE AU PARC OLYMPIQUE

45 ans ont passé depuis les Jeux olympiques de Montréal. En 1976, s’y rassemblaient plus d’une centaine de pays du monde afin d’être témoins des exploits sportifs de leurs athlètes. En pleine réfection de son esplanade, la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique souhaite en profiter pour dépoussiérer ses drapeaux et ainsi entreprendre un travail de mémoire.

En 1976, la gymnaste Nadia Comaneci, du haut de ses 14 ans, passait à l’histoire en devenant ni plus ni moins la reine des jeux. Cet événement, on le connait et on en est fier. Mais bien d’autres se sont déroulés en 1976! Saviez-vous que plusieurs pays africains ont boycotté ces Jeux ou encore que huit peuples autochtones s’y sont rassemblés pour danser en harmonie lors de la cérémonie de clôture? C’est ce genre d’informations que le Parc olympique veut mettre de l’avant à l’été 2022, lors du 46e anniversaire des Jeux. Le projet mémoriel des drapeaux est né lorsque la place des Vainqueurs a été transformée pour devenir la place Nadia Comaneci. Situé au carrefour du Biodôme, du Planétarium et du Centre sportif, cet espace en forme de triangle contenait en son centre des mâts où flottaient les pays gagnants de médailles d’or. « Plutôt que de mettre en valeur uniquement les pays médaillés, sont maintenant mis à l’honneur les noms de tous les athlètes ayant participé aux Jeux de 76 », explique Cédric Essiminy, conseiller en relations publiques pour le Parc olympique. Lorsque la place a été rénovée puis renommée en 2017, plusieurs mâts ont été par le fait même retirés. Un seul se dresse maintenant sur place et s’y agite le drapeau des Olympiques. « Nous n’avions donc plus la représentativité des pays participants », notre Cédric Essiminy. La Société souhaitait remédier à ce problème, mais s’est aperçue du même coup que la situation avait bien changé depuis 1976. Des pays n’existent plus, d’autres ont été créés, des drapeaux ont été modifiés ou ceux sur place à l’origine contenaient des erreurs. Un grand ménage s’imposait.

Un travail de mémoire

Pour débroussailler le tout, le Parc olympique s’adjoint les services d’un historien et d’un vexillologue. Spécialiste des drapeaux, ce dernier est d’une précieuse aide pour mener à bien le projet, qui n’en est pas encore à sa forme finale. « Dans un premier temps, on a fait un travail de recherche exhaustif pour voir quels étaient les pays dont les drapeaux avaient changé entre 1976 et aujourd’hui. On s’est rendu compte qu’au moins une vingtaine de pays avaient justement fait des modifications sur leur drapeau respectif », raconte le conseiller en relations publiques. Ces changements sont de plusieurs ordres et vont de modifications graphiques et d’ajustements de couleurs à des nations carrément disparues, absorbées par d’autres. Côté graphique, pensons au Brésil qui a perdu quelques-unes de ses étoiles (représentant des provinces) ou au Japon qui a vivifié un tantinet sa couleur rouge. Pour les pays comme tels, la Yougoslavie, par exemple, n’existe plus et la Mongolie, elle, a émergé entre la Chine et la Russie.

Dans un autre ordre d’idées, certains pays toujours d’actualité depuis 1976 ont dorénavant à leur tête des régimes parfois controversés, qui pourraient éveiller des sensibilités s’ils étaient mis à l’honneur dans le projet mémoriel des drapeaux. Comment jongler avec des dictatures, des nations aux politiques questionnables ou aux droits humains bafoués en 2021? Une solution pourrait être, dans de pareils cas, d’utiliser le drapeau civil du pays. « Il y a différents types de drapeaux : les drapeaux officiels, qui sont utilisés par le gouvernement en place; et il y a ce qu’on appelle des drapeaux civils. Ils sont reconnus et officiels, mais ne sont pas utilisés par le gouvernement. Par contre, ce n’est pas tous les pays qui en ont », souligne Cédric Essiminy.

Une autre avenue envisagée pour la concrétisation du projet des drapeaux est en quelque sorte de le séparer chaque année en deux. Un alignement de drapeaux durant 50 semaines, et un autre bien spécial du 17 juillet au 1er août, soit durant les dates exactes des Jeux olympiques de 1976. À cette période seulement, flotteraient aux mâts les drapeaux de tous les pays présents cet été-là. Et annexées à chacun, des informations historiques renseigneraient Montréalais, touristes et écoliers sur l’état du monde en 1976, sans passer sous silence les anecdotes reliées à ces Jeux. « On pourrait ainsi entrer dans un volet de sensibilisation, d’éducation, de mise en mémoire. Pour une période de deux semaines par année, on replonge dans l’histoire », indique le conseiller en relations publiques. Les visiteurs pourraient alors découvrir ou redécouvrir le boycott des pays africains et ainsi comprendre pourquoi certains mâts étaient vides de drapeaux en 1976. Du même coup, ce serait l’occasion pour le Parc olympique de déployer, parmi les autres et pendant 50 semaines, le drapeau de Montréal, ville hôtesse des Jeux. « Comparativement aux autres grandes compétitions sportives mondiales, les JO sont reçus par les villes, et non les pays. On tient à ce qu’il y ait cette représentativité, pour dire que c’est Montréal qui a reçu les Jeux. »

Projet(s) complexe(s)

Pour réaliser leur idéal, les acteurs du Parc olympique doivent donc non seulement se procurer les drapeaux actuels des pays participants aux JO de 1976, mais également les anciens, ceux qui s’y dressaient à l’origine. Pas évident, alors, de retracer certains d’entre eux! Ceux qui n’existent plus ou qui ont changé d’aspect depuis doivent alors faire partie de commandes spéciales. Et le Parc olympique en profite pour en acheter une bonne quantité afin de faire une économie d’échelle. De plus, avec le soleil qui brille ainsi que le vent, la pluie et la neige qui peuvent les abîmer, la qualité des tissus et leur durabilité ne doivent pas être laissées au hasard. « On veut les préserver dans le temps », dit Cédric Essiminy. À noter qu’il demeure impossible pour l’instant de chiffrer ce projet, financé à partir de l’enveloppe d’entretien du Parc olympique, qui permet de maintenir les installations et de les mettre en valeur.

D’autres plans sont à venir pour les cinq installations de la Société, soit l’esplanade, le stade, le centre sportif (rénové en 2015), les stationnements et la tour. Cette dernière retient l’attention depuis quelques années. L’intérieur a été rénové en 2017 pour accueillir les équipes de Desjardins et de SIGMA-RH. « On s’attaque maintenant au sommet de la tour, à sa portion touristique, avec l’accueil, le funiculaire et l’observatoire. On est même en train de travailler à donner accès au toit, ce qui permettrait aux gens de sortir et de peut-être profiter de la terrasse la plus branchée en ville! », révèle Cédric Essiminy. Pour le Parc olympique, il importe de profiter de chaque rénovation de son site pour le bonifier. C’est ainsi qu’il désire non seulement le remettre au goût du jour, mais répondre aux besoins et aux envies de ses nombreux visiteurs. Car qu’on l’aime ou non, il s’agit bien d’un attrait incontournable de Montréal!