Campement boisé Steinberg. (Photo: Archives EMM).

ITINÉRANCE : UN RAPPORT DEMANDE LA CRÉATION DE REFUGES

Les organismes qui interviennent en itinérance, ainsi que le député de Québec solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, demandent la création d’une trentaine de places en refuge, ainsi que la mise sur pied d’un projet pilote de campement encadré dans le quartier.

Il s’agit de deux des multiples revendications énoncées dans un rapport concerté à la suite du 1er Rendez-vous sur l’itinérance, une initiative du député solidaire. Le 27 mai dernier, plus de 70 personnes issues de tous les milieux se sont réunies « afin d’entamer une discussion de quartier pour consolider les services existants, favoriser une mobilisation et obtenir un engagement financier du gouvernement », peut-on lire dans le document qu’EST MÉDIA Montréal a pu consulter.

De ces discussions découlent plusieurs demandes, incluant la mise en place d’un interdit sur les « démantèlements violents » des campements de fortune, comme celui effectué par le Service de police de la Ville de Montréal aux abords de la rue Notre-Dame Est en décembre 2020, selon M. Leduc.

« Personne ne souhaite que des gens vivent dans des tentes. Mais personne ne souhaite non plus sortir des gens d’un camp manu militari et les rentrer dans une case ou les forcer dans un refuge. Il y a un équilibre à trouver. On ne sait pas de quoi à l’air cet équilibre-là, mais c’est une question qu’il faut creuser », affirme le député d’Hochelaga-Maisonneuve.

Alexandre Leduc, député de Québec solidaire pour Hochelaga-Maisonneuve. (Photo: Archives EMM).

Ce dernier pense qu’il faudra trouver une façon de tolérer certaines formes de campement, sans pouvoir préciser dans quels paramètres un tel projet pilote pourrait obtenir une acceptabilité sociale. « On ne peut pas accepter des campements à l’image de celui de Notre-Dame pour des raisons de sécurité, parce qu’il y avait près d’une centaine d’occupants. Toutefois, on ne peut plus accepter que l’on procède à des décampements violents et sauvages », ajoute-t-il.

Par ailleurs, les acteurs d’Hochelaga-Maisonneuve sur le dossier de l’itinérance disent suivre avec intérêt des jugements émis par les cours supérieures des autres provinces selon lesquels les décampements pourraient enfreindre la Charte canadienne des droits et libertés. En janvier dernier, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a rejeté la demande de la région de Waterloo d’expulser environ 50 personnes d’un campement de Kitchener, sans proposition d’abri intérieur adéquat. La décision s’appuie sur des cas similaires traités par la Cour suprême de la Colombie-Britannique, qui ont également conclu que le retrait des campements enfreignait les droits de la Charte, en vertu de l’article 7.

Pas de « Walmart » de l’itinérance

Après « l’explosion » des cas d’itinérance dans le quartier à la suite de la crise sanitaire et de ses contrecoups économiques, l’élu solidaire croit qu’il n’est plus réaliste de gérer cet enjeu comme une situation temporaire. Certaines des ressources mises en place durant la pandémie, comme les refuges situés dans les anciens locaux du YMCA et à l’église Sainte-Jeanne-D’Arc, sont des projets qui prendront fin éventuellement, rappelle M. Leduc. Il faudra alors trouver de nouvelles solutions.

« L’itinérance est malheureusement là pour rester dans Hochelaga, à cause de la conjoncture économique et celle du logement. Il faut prendre cette situation au sérieux. Il y a plusieurs scénarios possibles. L’un d’entre eux est la reconversion d’édifices publics non occupés. Ce n’est pas un secret, il y a deux CHSLD qui vont éventuellement changer de vocation dans le quartier; celui de Nicolet et celui de Grace Dart », note le député.

De nombreux facteurs devront être pris en compte avant de choisir de nouveaux lieux permanents pour la création de refuges, entre autres la qualité des édifices ciblés. Quoi qu’il en soit, les signataires du rapport s’accordent pour dire qu’il ne faudra pas opter pour une concentration des lits et des services à un seul endroit. « On ne voudrait pas d’un Walmart de l’itinérance, il n’y aurait pas d’acceptabilité sociale pour cela », insiste M. Leduc.

Ce dernier indique que le document de synthèse a été présenté au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et qu’il sera bientôt envoyé aux deux élues montréalaises de la CAQ, Karine Boivin-Roy et Chantal Rouleau, ainsi qu’au ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. « On a déjà l’intérêt du CIUSSS à ce sujet », assure le député.

Enfin, après avoir lancé le Rendez-vous sur l’itinérance, un grand rassemblement des forces vives du quartier dans le domaine, M. Leduc affirme qu’il passera le flambeau à la Table de quartier locale, qui va récupérer le dossier et poursuivre les concertations en ce sens.