Les bénévoles s’affairent à remplir les boîtes d’aide alimentaire en prévision de la distribution des paniers de Noël du CCH. Photo: Emmanuel Delacour/EMM

INFLATION : HAUSSE DE LA DEMANDE POUR LES PANIERS DE NOËL

Le coût du panier d’épicerie a atteint des niveaux records à cause de l’inflation persistante en 2022. Quelques jours avant le temps des fêtes, comment les organismes qui offrent une aide alimentaire aux personnes les plus démunies de l’est de Montréal vivent-ils les effets de cette nouvelle réalité économique?

Le prix des aliments a continué d’augmenter au pays en novembre, selon les données récemment diffusées par Statistique Canada. Celui-ci a grimpé de 11,4 % d’une année à l’autre et certains produits ont affiché des hausses encore plus importantes, notamment les graisses et les huiles comestibles (+26 %), le café et le thé (+16,8 %), les œufs (+16,7 %), les produits céréaliers (+15,7 %) et les produits de boulangerie (+15,5 %). D’autres produits ont aussi connu une hausse notable de leur prix de vente, dont les boissons non alcoolisées (+19,4 %), les fruits frais (+11 %), la viande (+6,2 %) et le poulet (9,3 %).

Selon les organismes venant en aide aux personnes en situation de précarité dans l’est de Montréal, l’inflation aura eu plusieurs effets différents sur les initiatives en aide alimentaire dans les semaines qui précèdent Noël. Par exemple, le Centre d’entraide aux familles (CEAF) de Rivière-des-Prairies constate que les dons faits par les particuliers manquent à l’appel. « L’an passé, on a eu cinq familles donatrices qui nous ont offert des denrées pour nos paniers spéciaux du temps des fêtes, mais cette année on n’a rien eu », se désole Yolette Café, directrice générale du CEAF.

Même son de cloche au Centre communautaire Hochelaga (CCH) où les dons des particuliers se sont taris cette année. « D’année en année, les gens ont moins les moyens de donner de l’argent ou des denrées. À la place, c’est plutôt leur temps en bénévolat pour préparer et livrer les paniers de Noël que les gens viennent nous offrir », explique Carole Brière, directrice du CCH.

Carole Brière, directrice générale du CCH, et Antoine Moreau, bénévole. Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

En effet, les bénévoles étaient au rendez-vous mardi dernier, dont Antoine Moreau, un courtier immobilier qui a décidé de donner un coup de main avec cinq de ses collègues lors des journées de préparation et de distribution des boîtes alimentaires au CCH. La première fois que celui-ci a fait don de son temps pour l’organisme Hochelagais, c’était à l’âge de 7 ans, à la fin des années 1990. « Ce qui m’avait marqué, c’était le sourire des gens. Tu sentais que même s’ils passaient des moments difficiles, ça ne va pas être si pire Noël », raconte-t-il. Celui-ci a voulu répéter l’expérience cette année. À l’instar de M. Moreau, une vingtaine de bénévoles ont prêté main-forte à l’organisme.

De son côté, Melda Saeedi, directrice générale du Chez-Nous de Mercier-Est, un organisme qui rejoint près de 1 500 aînés isolés dans l’arrondissement de MHM, se réjouit du fait que malgré l’inflation, beaucoup de ses membres ont été en mesure de faire des dons de nourriture pour les paniers de Noël cette année. Cependant, cette dernière croit que l’inflation a fait « tripler la demande pour du dépannage alimentaire depuis la dernière année. »

Des paniers malgré tout

En dépit de toutes les difficultés, les paniers de Noël seront de retour dans ces trois organismes cette année. Au CAEF, c’est à peu près 150 familles qui recevront un panier, tandis qu’une centaine de boîtes seront distribuées auprès d’aînés par le Chez-Nous de Mercier-Est et ses partenaires. Pour sa part, le CCH prévoit aussi donner entre 60 et 65 paniers au total à 50 familles, dont 126 enfants. Ces boîtes comprennent aussi des cadeaux pour les petits.

« Ce qu’on voit de plus en plus, ce sont des parents qui travaillent à temps plein, mais qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts », indique Mme Brière. Plusieurs d’entre eux sont obligés de faire appel à de l’aide alimentaire car leur salaire ne suffit plus à répondre au coût de la vie.

C’est pour cette raison que le CCH compte « prolonger l’aide alimentaire » après le temps des fêtes. Si la mission de l’organisme est de lutter contre la pauvreté, jusqu’à présent, cela a surtout été mené au travers d’activités et de loisirs offerts à bas prix. Le besoin d’avoir accès à une alimentation saine et équilibrée est de plus en plus criant selon la directrice. « Le prix du lait et du beurre est tellement élevé, tout n’a plus de bon sens. Une salade c’est rendu 8 $. Quand tu te dis qu’il faut que tu fasses manger des aliments sains à tes enfants et que tes légumes sont dispendieux comme ça, où est-ce qu’on s’en va pour ces familles-là? », s’attriste Mme Brière.