Le nouvel établissement qui se situe dans le quartier Angus (photo : courtoisie À Pas de Géant)

INAUGURATION DU CENTRE À PAS DE GÉANT, LEADER MONDIAL EN INCLUSION DE L’AUTISME

Ce jeudi 14 septembre est la date officielle de l’inauguration du nouvel édifice du centre À Pas de Géant situé dans le quartier Angus. Cet établissement avant-gardiste répond aux besoins spécifiques des personnes autistes et oeuvre pour leur inclusion, autant professionnelle que sociale. 

Depuis 1980, le centre À Pas de Géant (qui possède une autre infrastructure dans l’Ouest de Montréal) fait partie des leaders dans la promotion de l’inclusion de l’autisme au niveau mondial. Il s’agit du premier centre québécois à offrir un encadrement bilingue pour des enfants et des adultes autistes ainsi qu’une préparation et une transition vers le monde professionnel. L’organisme se distingue par son approche intégrée : l’établissement compte une école pour les élèves de 4 à 21 ans, propose un encadrement éducatif et une formation aux adultes, met à disposition des ressources pour les familles et les employeurs, et comprend un laboratoire de recherche. Une telle démarche reste encore inédite au Canada.

Situé au 4400, rue Molson, ce nouvel établissement accueille cette année 113 élèves dans son volet école et 36 étudiants dans son volet adulte, qui se nomme Espace Autiste & majeur – Québecor. Créé avec un budget de 54 millions $, ce projet a été rendu possible grâce à la participation du secteur privé et du soutien du gouvernement de Québec. Cette année, le centre a reçu 425 demandes pour seulement 27 places disponibles. Pour de nombreux parents, il est difficile de trouver un centre adapté pour leur enfant : « Il existe des listes d’attente partout, que ce soit pour les services ou les diagnostiques », explique Andrée Dallaire, co-présidente de la campagne de financement pour le centre d’autisme et mère de Catherine, une étudiante de 16 ans qui fréquente cet établissement.

 

Andrée Dallaire dans la cour d’À Pas de Géant (photo : Sophie Gauthier/EMM)

1 enfant sur 50 est diagnostiqué avec le spectre autistique au Canada. Malgré ces chiffres, la prise en charge des personnes autistes reste compliquée : « On est vraiment privilégié de lui avoir trouvé une place. Ça fait une grande différence dans la vie de notre fille et dans la nôtre également. On a pu trouver une communauté de parents et c’est très important de s’entourer car ça peut être difficile par moments », confie la mère de Catherine. 

Andrée Dallaire constate d’énormes progrès chez sa fille depuis qu’elle a intégré cette école à l’âge de 9 ans : « J’ai pu observer des bénéfices autant au niveau cognitif que pour le langage ou la socialisation. »

Le premier ministre François Legault était de la partie en soirée pour l’inauguration officielle en compagnie d’une impressionnante brochette de dignitaires (photo : André Bérubé / EMM)

Sur tous les fronts

À Pas de Géant est la seule école au Québec à offrir un programme d’inclusion qui permet aux élèves de fréquenter des écoles communautaires. Accompagnés par un éducateur du centre, les jeunes autistes se rendent deux jours par semaine dans une école de leur quartier afin de suivre un programme régulier. L’objectif est que le jeune effectue éventuellement une transition totale vers cette même école communautaire aux côtés de camarades neurotypiques. Lors de son arrivée au centre, Catherine a pu bénéficier de ce programme d’inclusion pendant trois ans. « C’était bénéfique pour elle, mais aussi pour les enfants de la classe régulière d’avoir une enfant différente avec eux, au niveau de la sensibilisation à l’autisme et de l’acceptation », explique sa mère.

En partenariat avec le SPVM, À Pas de Géant propose également une formation de premiers répondants en autisme destinée à tous les nouveaux policiers de Montréal. Les cadets viendront dans les classes du centre afin d’effectuer des stages. « Ils vont également échanger avec les familles, afin de mieux comprendre et cerner les besoins de la communauté autiste. IIs seront ainsi mieux équipés et préparés quand ils deviendront policiers », explique la directrice générale du centre, Tanya D’Alasio. 

La directrice générale d’À Pas de Géant, Tanya D’Alasio (photo : Sophie Gauthier/EMM)

Le centre se démarque également dans le domaine de la recherche et de l’innovation en étant le premier au Canada à accueillir un laboratoire au sein de son édifice. Des chercheurs et des professionnels spécialisés y travaillent quotidiennement : « 150 chercheurs viennent chez nous pour faire de la recherche et utiliser les données pour mieux servir la communauté autiste. On espère que nos données impacteront notre pratique et celle des autres », renseigne Tanya D’Alasio. Ce projet est le résultat d’un partenariat avec l’Université de McGill, à travers le Groupe TAQ.

Vers l’embauche inclusive 

Environ 86 % des personnes autistes de 21 ans et plus sont actuellement sans emploi ou sous-employés. À Pas de Géant possède des programmes de formation à l’emploi. Le centre constate déjà des progrès phénoménaux chez certains de leurs jeunes qui travaillent avec des partenaires comme le complexe d’hôtels Fairmont ou les rôtisseries St-Hubert. Des jeunes pourront aussi s’exercer prochainement dans la chaîne de restauration Tim Hortons, qui est devenue un nouveau partenaire du centre depuis la semaine dernière. 

Pour les préparer au terrain, les jeunes s’exercent directement au centre, qui est doté d’une grande cuisine et d’une épicerie. 

Un étudiant s’exerce dans l’épicerie du centre (photo : courtoisie À Pas de Géant)

Ce mini marché fait partie du programme Polaris, réalisé en partenariat avec Maxi et Loblaw. Les élèves en sont les gérants, les commis et les caissiers. Ils s’occupent également de l’inventaire et du facing quotidiennement. Ils préparent les commandes pour les parents et le personnel qui viennent les chercher chaque soir à la réception. Ce programme permet aux jeunes d’être mieux préparés avant de commencer leur stage ou leur futur emploi en entreprise. 

Car lorsqu’ils ont fini leur scolarité dans leur centre d’accueil, vers 21 ans, beaucoup de jeunes autistes restent chez eux et finissent par régresser. Mais ce programme change un certain déterminisme et donne de l’espoir : « Ça me rassure de savoir que ma fille a un avenir possible », confie Andrée Dallaire. 

À travers toutes ses actions concrètes, À Pas de Géant tente de démontrer que c’est la société et les structures qui doivent s’adapter aux besoins des personnes autistes, et non l’inverse.

 

Plusieurs personnalités étaient présentes jeudi en début de soirée. On voit sur la photo notamment Sophie Prégent, Charles Lafortune, les dirigeants de À Pas de Géant, le premier ministre François Legault et les ministre Bernard Drainville et Chantal Rouleau, le député Vincent Marissal et le maire de Rosemont-La Petite-Patrie, François Limoges (photo : André Bérubé / EMM)