Plage Rochon. Source : Fonds Nicole Lacombe / SHRDP.

L’HISTOIRE DE RIVIÈRE-DES-PRAIRIES

La préhistoire

Des fouilles archéologiques ont mis à jour des traces d’une certaine présence humaine datant de la période de l’Archaïque Laurentien (6500 à 2500 AA-Avant aujourd’hui) mais plus probablement de celle de moins de  5000 ans AA. D’autres objets de la période Sylvicole (3000 AA à 1534) ont aussi été trouvés sur le territoire, caractérisée par des campements pour la pêche, des installations plus permanentes, l’agriculture et des outils de pierre taillée.

Naissance de Rivière-des-Prairies

L’histoire débute bien avant que François des Prairies aborde par erreur en 1610 la rivière située au nord de l’Île de Montréal et selon certains historiens, c’est pour cette raison qu’on lui attribue son nom. Toutefois, d’autres prétendent que c’est plutôt le nom d’une personne qui s’est noyée, alors que d’autres croient que c’est parce que la rivière était bordée par de belles prairies… Les autochtones l’appellent La Skawanoti, ce qui signifie « la rivière en arrière de l’île ».

L’abbé de Casson, supérieur du Séminaire, érige le 7 décembre 1671 deux fiefs à Rivière-des-Prairies : un en faveur de Philippe de Carion du Fresnoy, et l’autre à Paul de Maurel.

Le 4 avril 1689 Dollier de Casson cède à Jean-Baptiste Sicard, meunier, une concession de 6,20 arpents de front sur 20 arpents de profondeur sur le bord de la rivière des Prairies, à la Pointe-du-Rapide (aujourd’hui Parc du Moulin-du–Rapide situé au nord de la rue de Clichy). Il se réserve 1 arpent de terre, soit deux arpents de front sur le bord de la rivière et un demi-arpent de profondeur à l’endroit le plus approprié pour y bâtir un moulin à vent. En 1781, le moulin tombant en ruine a probablement été démoli. En 2018, la firme Ethnoscop retrouve les fondations du moulin dans le parc du Moulin-du-Rapide.

Le 2 juillet 1690 se déroulait un événement très important sur lieu que l’on appelle La coulée Grou, à l’extrême est de Rivière-des-Prairies: la bataille entre une centaine d’Iroquois et vingt-cinq colons. En 1971, la Commission des Lieux et Monuments historiques du Canada a par ailleurs érigé un monument et une plaque pour souligner l’affrontement. Le texte gravé fut reformulé en 1982 et le monument restauré en 2013.

Carte ancienne montrant le boulevard Gouin à Rivière-des-Prairies, 1834. Source : André Jobin, Carte de l’île de Montréal (détail), BAnQ, G 3452 M65 1834 J63 CAR.

Le boulevard Gouin

Lors de sa visite du 3 août 1708, le grand voyer (haut fonctionnaire responsable du plan, de la construction et de l’entretien des routes) Pierre Robineau de Bécancour fixe la localisation du chemin le long de la rivière. D’une longueur de deux lieues et demie, soit environ 12 kilomètres, la nouvelle route traverse la paroisse de bout en bout. En présence des propriétaires riverains concernés, le grand voyer en marque l’emplacement par des piquets plantés dans le sol ou attachés aux arbres. Il consigne ces renseignements dans un procès-verbal et, à la suite de sa visite, les gens doivent procéder à la construction de la portion du chemin qui passe sur leur terre. Des habitants s’y opposent et ne travaillent pas au chemin comme prévu. Certains vont même jusqu’à le labourer et l’ensemencer.

Vers 1730, ceux qui ont aménagé la route sur leur terre, mécontents qu’elle ne soit pas ouverte en continu, envoient une lettre au grand voyer pour se plaindre de la situation. En 1733, Jean-Eustache Lanoullier de Boisclerc, qui occupe le poste de grand voyer depuis deux ans, vient sur les lieux pour rappeler aux habitants leurs obligations. Il constate que le chemin est en bien mauvais état : « Le dis chemin royal que nous aurions trouvé a beaucoup dendrois impraticable faute par les propriétaires des terres davoir coupé arbres, arraché es osté les souches du dit chemin, qui n’a pas à beaucoup dendrois le passage d’une charrette. Les dis habitants layant labouré es ensemensé ce qui forme des bourbiers ». Il semble que des travaux soient effectués après sa visite. Dès lors, l’accès au territoire de Rivière-des-Prairies est possible par le chemin royal qui fait le tour de l’île de Montréal.

Selon les époques, il porte divers noms dont le Chemin du bord de l’eau, le Chemin Public, le Chemin des Cajeux puis le Boulevard Gouin en 1910. La portion du chemin dans le quartier Rivière-des-Prairies s’étend sur 16 kilomètres.

Un territoire qui se développe

54 familles se partagent le bord de la rivière en 1721. L’étendue de la paroisse sera établie par ordonnance l’année suivante. La majorité des familles vivent de l’agriculture sur des terres fertiles. En 1731, deux rues apparaissent à l’ouest de l’église Saint-Joseph : c’est le signe du début d’un village. On doit attendre plus d’un siècle pour avoir un décret annonçant la création de la municipalité de la Rivière-des-Prairies en 1834, dont le territoire se confond avec celui de la paroisse Saint-Joseph. Le 1er juillet 1855, elle prend le nom de Municipalité de la paroisse Saint-Joseph-de-la-Rivière-des-Prairies.

La population atteint 675 personnes en 1900. Primat Paré est élu maire de la Municipalité de la paroisse de Saint-Joseph-de-la-Rivière-des-Prairies en 1911 et le demeurera jusqu’à son décès en 1938.

Champ de maïs à Rivière-des-Prairies, 1945. Source : François Fleury, BAnQ, E6, S7, SS1, P27356.

Le développement de Rivière-des-Prairies à l’époque passe par la multiplication de chalets, jusqu’à 750, et par  la venue de gens qui profitent de cet endroit de villégiature où l’on retrouve, entre autres, la plage Rochon.

En décembre 1953 la population est de 6 500 personnes, mais un incendie de l’Hôtel de ville de Rivière-des-Prairies en fait disparaître les registres. Le 28 janvier 1954, la municipalité obtient le statut de ville et prend le nom de Ville de Rivière-des-Prairies. La population étant en progression constante, la demande pour des services d’égouts et d’aqueduc est en croissance et entraîne une augmentation de la dette de la ville ce qui amène le gouvernement du Québec à procéder à la mise sous tutelle de la Ville de Rivière-des-Prairies. La Commission municipale du Québec en prend le contrôle en juillet 1961. Le 11 juin1963, la Ville de Montréal adopte le règlement 2840 annexant la Ville de  Rivière-des-Prairies criblée de dettes. Le 8 juillet, le Conseil de la Ville de Rivière-des-Prairies tient sa dernière assemblée. Le maire de la Ville de Montréal à l’époque, Jean Drapeau, dit : « Montréal n’épargnera rien pour faire de ce nouveau territoire l’un des quartiers les plus prospères de la Métropole. »

Église Saint-Joseph de Rivière-des-Prairies vue de l’arrière, vers 1965. Source : Dossiers de recherche, Ville de Montréal.

Le 1er janvier 2002 entre en vigueur la loi 124, adoptée en juin 2000 et créant l’arrondissement de Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles/Montréal-Est comprenant les deux quartiers et la Ville de Montréal-Est. Cette dernière redeviendra à nouveau une ville de la Communauté métropolitaine de Montréal en 2006.

Progression de la population à RDP, en nombre d’habitants :

1900 : 675
1954 : 6 500
1963 : 11 200
1976 : 15 459
1983 : 28 000
1991 : 47 068
2006 : 55 520
2011 : 57 371
2016 : 57 543

L’évolution de la population illustre que sa progression a été de 98 % entre les années 1983 et 2006. Il en va de même pour le développement domiciliaire. Ce développement se fera d’ouest en est.

La paroisse Saint-Joseph de Rivière-des-Prairies

C’est en 1687 que la 4e paroisse de Montréal est ouverte, la paroisse Saint-Joseph de Rivière-des-Prairies, et son érection canonique est en 1734.

En 1704, c’est la construction de la première église en bois et du presbytère sur le  terrain de l’église actuelle.

En 1708 débute la construction d’une première église en pierre qui est bénie le 8 novembre 1711 par M. De Belmont, grand vicaire et supérieur de Montréal à Ville-Marie. Mais, menacée de destruction par l’effet du gel, elle est reconstruite en 1716.

En 1790, un grand vent entraine la chute du clocher dans le cimetière.

En 1873, on procède à la construction du presbytère actuel, et en 1875, à la construction de l’église de style néogothique selon les plans de Victor Bourgeau. Le 21 juillet, la première pierre angulaire est bénie par messire P. Leblanc, prêtre chanoine de la cathédrale et le 30 décembre, c’est la bénédiction de l’église.

Les inondations fréquentes entrainent en 1910 le déménagement du cimetière situé près de l’église sur le coteau au sud. Un orgue de la maison Casavant est installé dans l’église

L’église Saint-Joseph et le presbytère. Source : Gisèle Boucher.

La Paroisse Sainte-Marthe

Dans les années 1950, la population de Rivière-des-Prairies s’accroit et la campagne commence à disparaître. Les citoyens à l’ouest du territoire se considèrent trop éloignés de leur église Saint-Joseph. Ils décident donc de faire une demande à Mgr Paul-Émile Léger, archevêque de Montréal, de fonder une nouvelle paroisse. La paroisse Sainte-Marthe de Rivière-des-Prairies voit le jour, le premier mai 1952. Le 5 août 1952, la commission scolaire prête la salle de l’école Honoré-Primeau (16e avenue & Gouin) à la fabrique Sainte-Marthe nouvellement constituée, c’est à cet endroit que les premières messes sont dites. Une maison (démolie depuis) située en face de l’église actuelle sert de presbytère. Le terrain de l’église, du presbytère et de l’école Sainte-Marthe (construite en arrière de l’église sur le même terrain) est donné par M. Zéphirin Hébert le 27 septembre 1952.

Le curé M. Fernand Gauthier concrétise le projet de doter la paroisse d’une église. Il supervise chacune des étapes de la construction du bâtiment.

Le 18 décembre 1955, le Cardinal Paul-Émile-Léger bénit la pierre angulaire de l’église. La première messe de minuit est célébrée quelques jours plus tard dans une église en construction. Enfin, le 29 juillet 1956 (jour de la fête de Sainte-Marthe), l’église est bénie et les fidèles peuvent célébrer leurs rites chrétiens (messes, mariages, baptêmes) dans une église toute neuve, dont le coût totalise 150 000 $. La paroisse compte 356 familles l’hiver et 643 l’été (due à la présence de chalets).

Vers la fin des années 1970, la paroisse Sainte-Marthe compte 1 850 familles. Son visage se façonne avec la venue de nouveaux résidents. Les petits chalets laissent  place à des constructions plus modernes.

Dans les années 1980 et 1990, la population de la paroisse continue de se diversifier, elle accueille alors plusieurs familles immigrantes. Elle connait un véritable essor et à la fin des années 1990, elle compte au-delà de 5 000 familles.

Aujourd’hui, un seul curé supervise les deux paroisses de Rivière-des-Prairies (Saint-Joseph et Sainte-Marthe). Les paroisses gardent une autonomie distincte. Chacune d’elle est gérée par un comité d’administration indépendant. Par contre, certains comités liturgiques sont en commun.

La Paroisse Marie-Auxiliatrice

Le 19 mars 1982, fondation de la paroisse italienne Maria-Auxiliatrice par Mgr Grégoire, créée à partir de la Paroisse Saint-Joseph. Depuis1984 l’église Marie-Auxiliatrice dessert la communauté italienne du quartier RDP.

On retrouve également à Rivière-des-Prairies plusieurs autres lieux de culte dont la Pagode Thammikaram, de nombreuses églises évangéliques dont l’église de Dieu Garizim, l’église évangélique baptiste de Rivière-des-Prairies, la mosquée Elfath, des offices des Témoins de Jéhovah, etc.

Les Recluses Missionnaires

En 1943, la communauté des Recluses Missionnaires est fondée par deux femmes, Rita-Marie-Renaud et Jeannette Roy qui prend le nom de Mère Jeanne Le Ber (emprunté à Jeanne Le Ber qui a fait une vie de recluse – 1662-1714). Les deux religieuses s’installent à Tagent en Alberta puis la communauté, qui compte une trentaine de religieuses, déménage à Fahler.

En 1950, elles s’installent à Rivière-des-Prairies dans la «  Maison Vert-Pré ou Maison blanche ». En 1953, le monastère et la chapelle sont construits sur le terrain voisin et la communauté compte 58 religieuses. Ces religieuses mènent une vie contemplative.


Ce texte de la Série Desjardins Histoire et Patrimoine de l’est a été rendu possible grâce à la contribution financière de la Caisse Desjardins de Rivière-des-Prairies. Recherche et rédaction : Société historique de Rivière-des-Prairies.