herbe à poux

Photo: Association pulmonaire du Québec/ Instagram

HERBE À POUX : UN COMBAT CONSTANT POUR LES ARRONDISSEMENTS

L’herbe à poux est un fléau qui affecte un Québécois sur dix à cause de son pollen allergène chaque été. Le combat contre cette plante envahissante est l’affaire de tous selon un expert.

Cette mauvaise herbe est annuellement une des sources de la rhinite saisonnière, aussi appelée rhume des foins, et une ribambelle de symptômes l’accompagnent. Selon le gouvernement du Québec ces symptômes sont notamment une aggravation de l’asthme, la congestion nasale, la démangeaison des yeux, le larmoiement, la rougeur des yeux, des écoulements nasaux clairs et abondants, des éternuements à répétition, des maux de tête et démangeaisons du nez, de la gorge et des oreilles.

« L’herbe à poux est une plante qui produit beaucoup de pollen; des millions de semences peuvent être relâchées par un seul plant. C’est pour cela qu’elle est très allergène », explique Joshua Jarry, préposé aux renseignements horticoles au Jardin botanique de Montréal.

On peut la reconnaître par sa tige pubescente (c’est-à-dire poilue), son feuillage dentelé et ses épis de fleurs qui demeurent plutôt discrets durant la floraison. De la mi-juillet jusqu’à la mi-août, la mauvaise herbe commence à fleurir et produire du pollen et ses effets allergènes peuvent se faire sentir jusqu’en octobre. Il existe deux sortes d’herbe à poux : la grande, plus rare, et la petite, plus répandue et qui est la source de désagréments pour près d’un million de Québécois.

L’herbe à poux peut se reconnaître par ses tiges poilues, son feuillage dentelé et ses épis de fleurs. Photo: Ministère de la Santé et des Services sociaux.

L’herbe à poux prolifère dans les sols pauvres. « Sur la chaussée au bord des routes, près des chemins de fer, sur les terrains en friche. Elle aime être exposée au soleil et nécessite très peu de nutriments dans le sol », indique M. Jarry. Ceci en fait donc une plante très adaptée aux milieux urbains et industriels, que l’on retrouve en grand nombre dans l’est de Montréal.

Bien qu’elle soit indigène au Québec, il s’agit d’une plante envahissante, rappelle l’horticulteur. « Elle pousse rapidement et fait forte compétition aux autres plantes. Lorsqu’elle est bien implantée dans un milieu, elle peut en diminuer la biodiversité. »

Comment la combattre alors? Simplement en l’arrachant manuellement ou en la tondant, affirme l’expert. En effet, son nom semblable à celui de l’herbe à puce pourrait faire croire qu’elle cause des démangeaisons au contact de la peau. Mais il n’en est rien! Ainsi, il est tout à fait sécuritaire de manipuler l’herbe à poux et on encourage les citoyens à déraciner ses plants, peu importe la saison. « C’est toujours un bon moment pour l’éliminer. Elle peut produire 3 000 graines par plant et celles-ci peuvent survivre jusqu’à 40 ans dans le sol avant de pousser », souligne M. Jarry.  Une autre façon de la vaincre est d’augmenter la biodiversité sur les terrains en friches propices à son apparition. Effectivement, si d’autres espèces prolifèrent dans un milieu, elles lui feront compétition et limiteront sa propagation. Enfin, les herbicides peuvent tuer l’herbe à poux, mais il n’est pas prouvé que ceux-ci sont plus efficaces que l’élimination manuelle, et ils sont évidemment plus dommageables pour l’environnement, souligne l’horticulteur.

« Endiguer l’herbe à poux est la responsabilité de tous », souligne M. Jarry, qui encourage les citoyens à s’engager à l’arracher partout où ils la voient.

Différentes stratégies adoptées à Montréal

Présente sur l’ensemble du territoire de la métropole, l’herbe à poux est combattue de manières diverses par les arrondissements.

C’est à Montréal-Nord qu’on a entrepris la stratégie la plus complète pour vaincre cette mauvaise herbe. « Cet été, Montréal-Nord a mis sur pied un plan de prévention et de contrôle de l’herbe à poux », souligne Louis Tremblay, chargé de communication. Ce plan comprend la formation d’employés de l’arrondissement sur la situation de l’herbe à poux, les enjeux et les meilleures pratiques de contrôle, ainsi que l’interpellation de partenaires institutionnels afin qu’ils adaptent la tonte de leurs terrains entre la mi-juillet à la mi-août.

De plus, une campagne d’information et de sensibilisation a été mise sur pied et une corvée citoyenne d’arrachage est prévue, en plus de la surveillance de saillies de trottoirs, où employés de l’arrondissement monitorent la quantité d’herbe à poux présente, l’arrachent et ajoutent des végétaux et du paillis qui permettront lui faire compétition.

Aussi, à certains endroits, la tonte durant la période critique de prolifération de l’herbe à poux, soit entre la mi-juillet et la mi-août, est faite systématiquement. Enfin, pour certains lieux plus difficiles d’accès pour les équipes de tonte, Montréal-Nord prévoit la réalisation d’un ensemencement de plantes indigènes et florifères qui entreront en compétition avec l’herbe à poux, en plus de contribuer à la biodiversité sur le territoire.

L’arrondissement de Rosemont – La Petite-Patrie a aussi instauré un plan avec de multiples actions pour combattre l’herbe à poux. En plus d’arracher manuellement et de tondre les plants dans les parcs, saillies et autres aménagements, une gestion différenciée est pratiquée dans plusieurs espaces verts et l’ensemble des terre-pleins. De plus, des corvées d’arrachage ont lieu avec des citoyens bénévoles, dans le cadre du programme Faites comme chez vous. En 2022, deux corvées ont été organisées début août.

En plus de ces actions, RPP réalise depuis l’été 2020 un projet pilote de lutte contre l’herbe à poux, en collaboration avec les organismes Miel Montréal et Nature-Action Québec, qui met en valeur les aménagements favorisant la biodiversité. Nature-Action Québec est ainsi chargé de dépister, d’inventorier et de cartographier les carrés d’arbre et banquettes de trottoir infestés d’herbe à poux dans le quartier. De 2020 à 2022, l’organisme a cartographié la densité de l’herbe à poux sur 100 kilomètres de rues. Enfin, Miel Montréal et des citoyens du quartier plantent des espèces mellifères dans les carrés d’arbre et les banquettes de trottoir les plus infestés d’herbe à poux. « Les aménagements visent à faire concurrence à l’herbe à poux tout en fournissant de la nourriture et un habitat aux insectes pollinisateurs », explique-t-on à RPP. Depuis 2020, 1628 végétaux ont été plantés dans près d’une cinquantaine de carrés d’arbre et banquettes de trottoir.

Dans Saint-Léonard, une inspectrice supplémentaire saisonnière est engagée et est dédiée entre autres au respect du règlement sur les nuisances. Ce règlement spécifie que le domaine privé doit être exempt d’herbes nuisibles comme l’herbe à poux, herbe à puce et ortie royale et dont la responsabilité incombe aux propriétaires

Photo: Ministère de la Santé et des Services sociaux.

Dans Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, on compte sur le signalement des citoyens pour cibler les lieux envahis par la mauvaise herbe. « Nos équipes procèdent au nettoyage manuel de l’herbe à poux dans les plates-bandes lorsqu’il y en a ou qu’un signalement est fait. Il n’y a pas de brigade ou de corvée citoyenne pour le désherbage de cette plante envahissante. Lorsque les résidents de Montréal constatent la présence d’herbe à poux sur un des terrains publics, ils peuvent le signaler en contactant le 311 », informe Roxanne Néron-Lefebvre, chargée de communication à RDP-PAT.

De son côté, Mercier – Hochelaga-Maisonneuve se charge d’arracher l’herbe à poux se trouvant dans les espaces publics, tels que les plates-bandes et les parcs. « Des organismes procèdent également à des actions d’arrachage d’herbe à poux, tels que le Comité de surveillance Louis-Riel aux parcs Francesca-Cabrini et du Boisé-Jean-Milot. Des corvées de nettoyage sont également organisées ponctuellement avec la participation des citoyens. En 2019, l’arrondissement a participé à une campagne menée par l’Association pulmonaire du Québec pour sensibiliser la population à reconnaître, contrôler et prévenir l’herbe à poux », ajoute de son côté Vincent Fortin, chargé de communication pour MHM.

Enfin, l’arrondissement d’Anjou affirme ne pas avoir de brigade spécifique dédiée à l’arrachage de l’herbe à poux. « Bien entendu, lors de l’entretien des plates-bandes sous notre responsabilité, nos équipes horticoles les retirent au même titre que les autres mauvaises herbes. En outre, elles sont fauchées lors de la tonte de pelouse dans les parcs. Nous avons également diffusé un message de sensibilisation à nos citoyens dans notre infolettre en juillet dernier pour les inviter à l’arracher ou la faucher sur leur terrain avant qu’elle ne se mette à fleurir. Deux pics ont lieu chaque été, à la mi-juillet et à la mi-août. Le message sera donc réitéré cette semaine », souligne Annie Laroche, chargée de communication pour l’arrondissement d’Anjou.