HALL PRÉ-COMMERCIAL INTÉGRÉ : LE COLLÈGE DE MAISONNEUVE VA DE L’AVANT
L’ambitieux projet du Collège de Maisonneuve visant à mettre sur pied un imposant pôle de recherche et d’innovation en chimie verte et développement durable sur le site de la Société de développement Angus, portant le nom de Hall Pré-Commercial Intégré (HPCI), n’a pas reçu le financement souhaité du ministère de l’Économie et de l’Innovation, mais un projet plus modeste verra le jour dès l’automne dans le complexe industriel du 5600 Hochelaga, dans le secteur Assomption sud.
S’il est de moindre envergure, le HPCI demeure néanmoins un concept unique en son genre au Canada et susciterait déjà l’attention de nombreuses entreprises qui aimeraient dès cet automne bénéficier de l’équipement et de l’expertise des deux centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) du Collège de Maisonneuve associés au projet, soit le Centre d’études des procédés chimiques du Québec (CÉPROCQ) et l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA).
« C’est vrai, nous nous sommes retournés de bord rapidement comme on dit, car on croit toujours que le HPCI est la solution qui va permettre à beaucoup d’entreprises de pouvoir tester et ensuite commercialiser leurs innovations. Pour nous, il n’était pas question de laisser tomber le projet ou d’attendre dix ans avant qu’il se concrétise », affirme Yacine Boumghar, directeur du CÉPROCQ.
Petites productions – Grandes innovations
Le projet du Collège de Maisonneuve est à la fois simple et complexe. Simple du fait que l’objectif est clair : mettre à la disposition des entreprises de l’équipement et de l’expertise permettant de produire de petits lots de bioproduits à partir de ressources naturelles (bois, des végétaux, etc.) pour tester le marché. Complexe car le défi est de proposer des équipements et du personnel technique à un coût abordable pour l’entreprise
« L’idée derrière le HPCI est d’éviter que des innovations intéressantes, utiles et potentiellement commercialisables d’entreprises d’ici soient tuées dans l’œuf parce que les coûts de production au départ de l’aventure s’avèrent trop élevés. Car si l’entrepreneur à besoin par exemple de 50 000 gélules de son produit X pour tester le marché avec deux ou trois clients, il n’y aura pas une usine qui va vouloir arrêter sa chaîne de production pour lui fournir cet échantillon à coût raisonnable, et ça se comprend. Nous, c’est ce que nous ferons. L’entreprise n’aura pas à investir au départ 2 M $ pour de l’équipement ou faire produire de grandes quantités de son produit, ça va peut-être lui coûter 10 000 $ pour une production test avec le HPCI. Si après un, deux, trois tests le marché répond bien, là l’entreprise pourra investir avec beaucoup moins de risques dans sa production », explique M. Boumghar.
Ce dernier qualifie avec un brin d’humour cette étape de « pré-commercialisation » de « vallée de la mort » de l’innovation, puisque faute de moyens, plusieurs produits verront leur cycle de vie s’arrêter avant, soit au stade d’idéation ou de prototype. « Au CÉPROCQ et à l’ITEGA, on fait face à ces situations pratiquement au quotidien. Parfois c’est vraiment dommage car il y a des innovations qui mériteraient tellement d’aller plus loin, qui ont un potentiel de commercialisation considérable », dit-il.
La pré-commercialisation de produits biosourcés génère aussi des défis au niveau de l’emballage. C’est là que s’impose l’intervention de l’ITEGA, qui vient compléter le processus par le conditionnement et l’emballage optimale de produits sensibles à la détérioration. Cette complémentarité CÉPROCQ-ITEGA vient ainsi accentuer l’importance du projet de HPCI, unique en son genre au Québec et dont toute l’expertise est développée dans l’est de Montréal. Le CÉPROCQ s’occupe ainsi du contenu, l’ITEGA du contenant, dira Yacine Boumghar.
« Le HPCI du Collège de Maisonneuve, c’est la vision appliquée d’un développement durable. On part par exemple de déchets agroforestiers et marins, et on les transforme en matériaux qui seront intégrés dans la production d’emballage, le tout dans un contexte d’économie circulaire et biosourcé. On ne se limite toutefois pas à un type de matériaux ou à un seul type de produit, car la flexibilité, c’est aussi cela la force du HPCI », affirme Zoraide Bentellis, directrice de l’ITEGA.
Et quelle place occupe le volet académique dans le projet de Hall Pré-Commercial Intégré du Collège de Maisonneuve? « Il est évidemment au cœur des opérations du HPCI. La formation de la main-d’œuvre et l’intégration de la main-d’œuvre font partie intégrante du concept et des mandats des deux CCTT. Les étudiants vont avoir accès à des technologies de pointe. Non seulement cela va venir compléter leur formation, mais ils pourront aussi mettre en application leurs connaissances. On sera même en mesure d’encadrer des tests de maîtrise et de doctorat, ce qu’on fait déjà d’ailleurs régulièrement au CÉPROCQ et à l’ITEGA, même sans les installations du HPCI », poursuit Mme Bentellis.
Un rayonnement bien au-delà de l’est
Si l’est de Montréal est reconnu notamment pour ses industries dans le domaine pétrochimique et, dans une moindre mesure, ses entreprises du secteur agroalimentaire, elles ne représentent pas la principale clientèle du CÉPROCQ et de l’ITEGA, affirment leurs dirigeants. « Il y en a, bien sûr, mais notre expertise unique au Québec fait que nos services sont en demande partout. Le Collège de Maisonneuve s’illustrera donc encore davantage sur la scène québécoise avec le HPCI, définitivement », soutient Yacine Boumghar.
Le projet HPCI s’intègre à la création d’une éventuelle zone d’innovation en chimie verte et développement durable qui semble tant souhaitée par le gouvernement du Québec dans l’est de Montréal. Surtout que ce concept, développé par la CAQ, met un accent important sur la synergie entre l’industrie privée et l’institutionnel, notamment les établissements collégiaux et universitaires. « On continue de croire que le HPCI est la première phase d’une telle zone d’innovation dans l’est de Montréal. Le Collège de Maisonneuve appuie par ailleurs toujours la venue d’une zone d’innovation dans l’est. Il faut aussi comprendre que le HPCI, c’est un projet longuement mûri que nous sommes prêts à réaliser maintenant », avance le directeur du CÉPROCQ.
Ainsi, environ 70 % des équipements sont déjà en place au nouveau HPCI du Collège de Maisonneuve, dont les opérations devraient débuter officiellement cet automne. Ces équipements de haute technologie sont financés en grande partie par la Fondation canadienne pour l’innovation et par Développement économique Canada.
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