(Pexels/Cameron Casey)

FORTE CROISSANCE DE LA POPULATION DANS L’EST EN 2023

La population de Montréal a fortement grandi durant la dernière année selon les estimations de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Et l’est de la métropole est tout particulièrement touché par cette tendance.

Près du quart des nouveaux Montréalais, nés ou ayant immigré dans l’un des 19 arrondissements de la ville en 2023, se trouvent dans l’est. C’est ce que révèle le « Décret de la population 2024 », publié dans la Gazette officielle du Québec, le 27 décembre 2023. Ce décret, qui se base sur des estimations de l’ISQ en date du mois de juillet 2023, est une commande du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), ce dernier désirant ainsi calculer les subventions municipales qui se font selon la distribution de la croissance de la population.

C’est en comparant le décret 2024 avec le 2023 qu’EST MÉDIA Montréal a pu calculer la hausse de population par arrondissement montréalais. Et croissance il y a eu l’an dernier, si l’on se fie aux données de l’ISQ, puisqu’entre 2022 et 2023, la population de Montréal aurait crû de plus de 95 000 résidents.

Sans grande surprise, c’est dans les arrondissements centraux et déjà populeux que la croissance fut la plus significative. Au palmarès de l’accroissement, Ville-Marie se classe au premier rang, raflant 14 806 nouveaux résidents. Arrivent ensuite, en deuxième et troisième positions, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (11 734) et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (9 390).

Dans l’est, l’arrondissement qui a le plus rapidement pris de l’ampleur est Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, puisque 6 876 personnes de plus y résidaient en 2023 comparativement à l’année précédente. Il est suivi par Montréal-Nord (6 393) et Rosemont–La Petite-Patrie (4 515). Donc, plus de 21 000 personnes sont nées ou se sont établies dans l’est de Montréal durant cette période d’un an, ce qui représente plus de 22 % des nouveaux Montréalais de 2023.

Il est important de noter que ces données ne sont que des approximations de l’ISQ. L’organisme gouvernemental recommande de ne pas comparer le présent décret à celui de l’an passé pour mesurer officiellement l’évolution de la population des municipalités, et ce, pour des raisons de méthodologie. C’est en septembre prochain que l’estimation de la population diffusée annuellement par l’ISQ donnera l’heure juste sur la véritable croissance de la population au Québec.

Une croissance qui amène des défis en matière de logement

Pour l’Opposition officielle, à la Ville de Montréal, les résultats dévoilés par le décret doivent pousser l’administration municipale à redoubler d’efforts en matière d’accès au logement. « Cette hausse marquée de la population sur le territoire montréalais est une bonne nouvelle, mais elle amène des défis, notamment à l’égard de notre capacité à loger adéquatement tous et toutes, et à répondre à la demande. Face à un tel accroissement démographique, il est primordial de réduire la lourdeur bureaucratique municipale, telle que le délai dans l’émission des permis de construction », insiste Julien Hénault-Ratelle, porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’habitation et de développement économique.

Celui-ci croit que dans l’est de la métropole, des opportunités ratées auraient permis de construire plus rapidement des logements pour les nouveaux arrivants. « Dans l’est de Montréal, l’argent disponible pour décontaminer les terrains sur lesquels nous pourrions construire des logements dort dans les coffres de la Ville depuis trop longtemps. Il est temps d’accélérer la cadence. Rappelons que la grande région de Montréal est responsable de près des deux tiers de la diminution des mises en chantier de logements au Québec l’an dernier. Depuis son arrivée au pouvoir, l’administration Plante a entravé la création de près de 24 000 logements », ajoute le conseiller, élu dans le district de Tétreaultville.

C’est sans grande surprise que Christine Black, mairesse de Montréal-Nord, a pris connaissance des données sur l’accroissement de la population dans son arrondissement. « C’est quelque chose que l’on constatait depuis quelque temps déjà. Nos équipes sur le terrain voyaient déjà une forte pression sur la demande dans les divers services de l’arrondissement », souligne-t-elle.

Cette « pression » se fait non seulement ressentir dans les services, qui ont dû s’adapter à la nouvelle réalité, mais aussi dans le domaine du logement. « Il y a eu peu de mises en chantier dans la dernière année à Montréal-Nord, et nous n’avons pas de gros projet résidentiel pour répondre à la demande. Donc, les nouveaux arrivants doivent se loger dans ce qui existe déjà. Cela veut dire plus de monde dans des logements plus petits », constate l’élue. De plus, Montréal-Nord doit aussi faire face à une immigration en provenance des autres arrondissements de la métropole, en raison de ses loyers moins élevés.

Par ailleurs, Christine Black presse la Ville centre d’accélérer la cadence pour la construction de nouvelles infrastructures, comme le Centre sportif du quartier ainsi que le projet structurant de transport dans l’est.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Nombre de nouveaux résidents par arrondissement montréalais, selon le décret de la population 2024

Dans l’est :

  • Anjou : + 389
  • Saint-Léonard : + 2 588
  • Montréal-Nord : + 6 393
  • Mercier–Hochelaga-Maisonneuve : + 6 876
  • Rosemont–La Petite-Patrie : + 4 515
  • Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles : + 834

Dans le reste de Montréal :

  • Outremont : + 570
  • Verdun : + 3 197
  • Saint-Laurent : + 5 999
  • LaSalle : + 8 042
  • Ville-Marie : + 14 806
  • Sud-Ouest : + 6 741
  • Plateau Mont-Royal : + 2 966
  • Ahuntsic–Cartierville : + 5 309
  • Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension : + 9 390
  • Lachine : + 3 201
  • Pierrefonds-Roxboro : + 1 441
  • L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève : + 165
  • Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce : + 11 734