La pénurie de main-d’oeuvre frappe de plein fouet certains domaines d’activité plus que d’autres. C’est le cas pour la restauration, notamment.

CRISE DE L’EMPLOI : PME MTL ET EST MÉDIA MONTRÉAL ONT INNOVÉ EN 2022

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La pénurie de main-d’œuvre, si elle touche bien entendu tout le grand Montréal, affecterait de façon encore plus accentuée l’est de la métropole. C’est du moins ce que démontre une étude commandée par l’organisme PME MTL. EST MÉDIA Montréal a voulu creuser le sujet et montrer ce qui est mis en œuvre jusqu’à maintenant pour venir en aide au marché de l’emploi de la région.

Annie Bourgoin, directrice générale de PME MTL Est-de-l'Île (photo courtoisie).

Annie Bourgoin, directrice générale de PME MTL Est-de-l’Île (photo courtoisie).

Le sondage en question, réalisé en 2021 par le service de recensement des entreprises du réseau PME MTL, a posé deux questions aux employeurs de l’île :  Le recrutement de la main-d’œuvre représente-t-il pour vous un défi? Et votre entreprise a-t-elle besoin de soutien pour ses projets de placement en emploi? 68,2% et 34,8% des employeurs de l’est de l’île ont respectivement répondu par l’affirmative aux deux questions, comparativement à 59,9% et 26,8% des employeurs de Montréal. « On est capable de mesurer ainsi que c’est vraiment un enjeu chez les employeurs de l’est de Montréal. Comparé au reste de la ville, on voit qu’ici, ce besoin est encore plus marqué et criant », avance Annie Bourgoin, directrice générale de PME MTL Est-de-l’Île, un des six pôles du réseau.

Au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS), les chiffres de l’Enquête sur la population active (EPA), qui concernent quant à eux tout le territoire de Montréal, sont aussi intéressants. Tout juste vérifiés, ils montrent qu’en septembre 2022, dans la région métropolitaine, 1 129 000 personnes étaient en emploi et que le taux de chômage en était à 5,9%. « Le taux de chômage a légèrement augmenté pour un second mois consécutif. Il est passé de 5,8 % à 5,9 % », note Catherine Poulin, conseillère en communication et en relations médias du MTESS. « Rappelons que le taux de chômage dans la région a augmenté au mois d’août pour la première fois depuis les treize derniers mois. Malgré cette légère hausse, ce taux demeure à un niveau proche du creux historique atteint aux mois de juin et de juillet, soit 5,4 %. » Elle poursuit : « Les employeurs de tous les secteurs dans la région de Montréal ont cherché à pourvoir 79 660 postes vacants. Ce nombre représente plus de 30 % de l’ensemble des postes affichés dans tout le Québec. Il s’agit d’un nouveau sommet jamais atteint auparavant. Il s’est ajouté 8 695 postes vacants entre le 1er trimestre 2022 et le 2e trimestre 2022, ce qui représente une hausse de 8,3 %. Par rapport au premier trimestre 2021, le nombre des postes vacants a augmenté de près de 48 %. »

Constater puis agir

À la lumière des chiffres maintes fois révisés au cours de l’année, le gouvernement a bien entendu agi en conséquence en investissant des sommes colossales et en créant divers programmes. Pensons au Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) « qui a permis d’inciter plus de 20 000 personnes à se mettre en mouvement pour développer des compétences ou se requalifier dans le contexte de la pandémie »; au Programme pour la requalification et l’accompagnement en technologie de l’information et des communications (PRATIC), « qui prévoit un investissement de près de 100 M$ sur 5 ans pour soutenir la formation de 8 500 personnes dans ce secteur d’activité en forte demande de main-d’œuvre »; ou encore au Programme de formation de courte durée (COUD), « privilégiant les stages dans les professions priorisées par la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) ».

À même le territoire de l’est, on travaille aussi très fort pour venir en aide à la fois aux personnes en recherche d’emploi et aux employeurs en manque de candidats. C’est le cas du pôle est du réseau PME MTL. L’organisme vise à offrir des services d’accompagnement et de financement aux entreprises, qu’elles soient privées ou d’économie sociale et qu’elles en soient au stade de prédémarrage, démarrage, croissance, consolidation ou transfert. Trois actions ont entre autres été mises en œuvre au cours des dernières années. En étant à sa quatrième édition à la fin octobre 2022, la Journée de l’emploi de l’est facilite la mise en relation entre les entreprises du territoire et des candidats potentiels. « On s’est doté d’une plateforme pour organiser ces événements où les entreprises participantes peuvent rencontrer des candidats, que ce soit par téléphone, vidéoconférence ou en présentiel. C’est donc un complément à notre service de placement assisté », explique Marie-Ève Gagnon, conseillère en gestion des ressources humaines chez PME MTL Est-de-l’Île. L’équipe a également mis sur pied la Table des alliés en emploi de l’est, qui permet à différents organismes en employabilité du territoire d’échanger quelques fois par année. Services Québec, les carrefours Jeunesse-Emploi ou encore des organismes tels qu’Impulsion-Travail, à Montréal-Nord, y siègent et s’y concertent.

« Ça nous permet de se mettre à jour sur les différentes nouveautés dans chacune des organisations et de pouvoir échanger sur des projets à venir et sur lesquels on peut travailler conjointement. On collabore vraiment bien avec les organismes du territoire, et la table permet de faire perdurer le tout dans le temps », souligne Marie-Ève Gagnon. Et finalement, PME MTL Est-de-l’Île planche sur un autre projet qui permettrait d’accompagner les entreprises du territoire dans l’amélioration de leurs pratiques en ce qui a trait au recrutement. « Les employeurs ne peuvent plus nécessairement avoir les mêmes pratiques pour le recrutement, la rétention, la mobilisation et le développement de leurs employés au sein de leur entreprise; elles doivent dorénavant savoir se démarquer », mentionne la conseillère en gestion des ressources humaines. En effet, si le candidat devait sortir du lot pour se faire embaucher il y a quelques années à peine, la tendance s’est inversée et c’est plutôt au tour de l’employeur d’apprendre à tirer son épingle du jeu pour attirer (et conserver) la main-d’œuvre.

Sarah Dahmani (photo courtoisie PME MTL Centre-Est).

Du côté de PME MTL Centre-Est, plusieurs actions ont été faites également pour aider les employeurs et chercheurs d’emplois dans les arrondissements de MHM, RPP et VSP, au-delà de leurs services réguliers en ce domaine. Mais la grande nouveauté de 2022 a été sans contredit la mise en place de la série « Employeurs de marque ». Cette dernière, qui en sera à sa 7e édition quotidienne le 8 décembre prochain, permet aux employeurs et candidats de se rencontrer dans le cadre d’un entretien d’embauche, mais où les rôles sont inversés. Ainsi, 5 dirigeants d’entreprise auront 5 minutes pour convaincre les candidats potentiels de venir travailler chez eux, « une expérience-candidat qui permet de découvrir de manière humaine, inédite et privilégiée l’univers professionnel d’organisations qui se démarquent », indique-t-on sur le formulaire d’inscription à l’événement. « C’est une initiative novatrice qui a donné vraiment de très bons résultats cette année et les participants des deux côtés de la table disent avoir apprécié grandement l’expérience. Nous travaillons déjà à relancer la série en 2023 pour les employeurs qui embauchent sur notre territoire », affirme Sarah Dahmani, directrice adjointe et directrice des communications chez PME MTL Centre-Est.

Allez, viens travailler dans l’est!

Un autre acteur de l’est a bien compris l’urgence d’agir pour stimuler le marché de l’emploi dans la région. Il s’agit d’EST MÉDIA Montréal (EMM). Pour lui, l’attraction des emplois de l’est passe par l’attraction du territoire lui-même. « Ce qu’on entendait de plus en plus et ce qu’on entend encore davantage aujourd’hui, la pandémie ayant exacerbé le phénomène, c’est que les gens cherchent des emplois pas trop loin de chez eux. Et ça, les entreprises le savent. L’attrait régional devient donc très important aujourd’hui », fait remarquer André Bérubé, éditeur d’EMM.

Voyant venir la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur et constatant une certaine absence de services à ce niveau sur le territoire, l’équipe a entrepris de mettre sur pied le module « Viens travailler dans l’est » à même son site Internet. Tout à fait gratuitement, les employeurs peuvent y afficher leurs emplois à pourvoir. Seul critère : ces derniers doivent impérativement se situer sur le territoire couvert. Moyennant certains frais, les entreprises ont aussi la possibilité de devenir « employeur vedette », ce qui leur assure plus de visibilité et leur permet d’ajouter un portrait de leur compagnie au site. Lui-même surpris par la popularité instantanée du module, André Bérubé se questionne d’ailleurs à savoir pourquoi il a eu tant de difficultés, de prime abord, à trouver des partenaires et pourquoi ce ne sont pas plutôt des organisations gouvernementales, comme Emploi-Québec, qui n’ont pas pris ce dossier en main, ou collaboré à sa mise en place. « Il ne semblait pas y avoir vraiment d’actions mises sur pied pour pallier ce problème. Je le voyais de plus en plus, je me demandais : « Comment ça, dans l’est de Montréal, il n’existe rien? » À part le réseau PME MTL, pas de plateforme, pas d’organisation spécifique pour aider des entreprises à recruter. On s’est dit : « On va le faire, nous. » On pensait qu’on n’aurait pas de difficulté à trouver des partenaires alors que la crise de l’emploi battait son plein. Finalement, ça n’a pas été si facile. Du côté d’Emploi-Québec, il n’y a pratiquement pas eu d’écoute. Du côté politique, même chose. Alors, on l’a fait tout seul avec PME MTL Centre-Est, qui s’est finalement greffé à la fin du processus », indique le rédacteur en chef.

La mise en ligne s’est faite il y a maintenant près de neuf mois et le vent a complètement tourné. « Viens travailler dans l’est » cumule aujourd’hui déjà 180 employeurs de l’est de Montréal qui se sont inscrits à la plateforme et le module a atteint il y a quelques semaines un pic de 500 emplois affichés. Les employeurs ayant déjà utilisé le module reviennent, de nouvelles entreprises viennent constamment s’y greffer et les offres se renouvellent, et ce, dans tous les secteurs d’activités : santé, éducation, manufactures, services, etc. Et la plateforme a permis une pierre deux coups : les clics et les vues de « Viens travailler dans l’est » contribuent aussi à la popularité d’EMM. « Le nombre de visites pour les textes, la rédaction, a vraiment augmenté. Il y a une roue qui tourne : il y a un besoin au niveau de l’emploi et, en même temps, EMM prend plus de place aussi. Peut-être qu’il y a un besoin pour un média qui parle pour la région au complet et la promeut », suppose André Bérubé. Encore en mode « rodage », le module, qui a visiblement le vent dans les voiles, sera appelé à se transformer en mars prochain avec une version 2.0 présentement en programmation « Notre objectif est qu’il reste toujours accessible aux employeurs de l’est de Montréal, et qu’il représente bien les attraits et les avantages de travailler ici », termine le fondateur d’EMM.

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