Photo courtoisie du Collège d’Anjou – archives EMM 2020

ENVOYER SON ENFANT AU PRIVÉ, ÇA COÛTE COMBIEN ?

Le secteur privé compte aujourd’hui près de 125 000 élèves au Québec, répartis dans quelque 270 établissements scolaires. Et les demandes d’admission sont en hausse année après année. Mais à qui s’adressent les écoles privées ? Combien ça coûte, et comment sont répartis les frais ?

Le principal critère qui détermine le choix des parents entre l’école publique et privée est évidemment le coût d’inscription. L’école est en principe universellement gratuite dans le réseau public, alors que les coûts d’inscription pour le privé (primaire et secondaire) varient selon qu’il s’agit d’une école subventionnée ou non. Au Québec, environ 65 % des écoles privées sont subventionnées et sont soumises à différentes règles qui régulent leurs coûts afin qu’ils restent « raisonnables » pour les parents.

« Le privé charge entre 2 500 $ et 3 500 $ pour les frais de scolarité. Si on ajoute les livres, les vêtements, les frais de programme particulier, on tourne autour de 5 000 $ pour une année », explique Éric Deguire, directeur général du Collège St-Jean Vianney et président de l’Association des directrices et directeurs généraux des établissements scolaires de l’enseignement privé du Québec (ADIGESEP). Les subventions gouvernementales aux écoles privées correspondent quant à elles à 60 % du montant versé à l’école publique pour un élève régulier, pour les services éducatifs seulement. Ainsi, pour un établissement non subventionné, vous pouvez vous attendre à payer entre 9 000 $ et 15 000 $ par année pour votre enfant.

Dans l’est de Montréal, tous les établissements privés sont subventionnés. Cependant, depuis plusieurs années, aucun nouvel agrément de subvention n’est accordé par le ministère. Ainsi, les nouvelles écoles ne pourront pas être subventionnées, du moins dans un avenir rapproché. « On espère que ça va changer un jour », avance toutefois M. Deguire.

Rappelons que les écoles privées au Québec sont des organismes autonomes, pour la très grande majorité sans but lucratif. Tout l’argent récolté est donc reversé dans l’établissement et les services aux élèves. « Ça nous permet de payer les enseignants, le personnel administratif, mais aussi d’embaucher plus de personnel pour répondre aux besoins des étudiants et d’entretenir l’école », détaille le directeur. En effet, contrairement aux écoles publiques, les écoles privées ne reçoivent pas d’argent des taxes scolaires et doivent fournir elles-mêmes les infrastructures, tout le matériel, et assurer l’entretien et la mise aux normes des bâtiments. « On doit subvenir à nos propres besoins, et c’est parfois un défi », ajoute M. Deguire.

Pour aider les parents moins fortunés, plusieurs établissements ont également des fondations qui offrent des bourses ou encore de l’aide financière.

Des programmes pour tous

La principale différence entre le secteur public et privé, outre le coût, est l’autonomie de l’établissement. En effet, ce dernier embauche lui-même son personnel et détermine son projet éducatif. « La force des écoles privées, c’est de pouvoir aller plus loin dans les leviers de motivation pour les jeunes, et notre capacité à innover. Le contenu est obligatoire pour toutes les écoles, publiques ou privées, mais le contenant est à nous », souligne M. Deguire.

Éric Deguire, directeur général du Collège St-Jean Vianney (photo courtoisie).

Une telle latitude permet donc aux écoles d’offrir des programmes plus personnalisés. « À St-Jean Vianney par exemple, on a un fort volume de concentrations sportives et artistiques qui peuvent être choisies par l’élève, mais aussi un programme d’éducation communautaire obligatoire pour tous », explique son directeur. De plus, M. Deguire tient à souligner que l’ensemble des programmes est accessible à tous les types d’élèves et non pas à une élite « comme on peut le penser ». « Oui on a un programme « Haute vitesse » pour les élèves qui ont besoin que ça aille plus vite pour éviter qu’ils s’ennuient ou qu’ils décrochent, mais nos autres programmes sont accessibles à tous, quelles que soient les notes, dit-il. Il n’y a même pas 10 % des établissements privés à Montréal qui s’adressent seulement aux élites. La grande majorité des écoles privées accueillent tous types d’élèves ». Son établissement serait par ailleurs le reflet de la communauté qui vit autour du Collège. « On a tous besoin les uns des autres et c’est important d’apprendre à vivre avec des gens différents. Nous, c’est comme ça qu’on essaie de bâtir notre offre. »

Beaucoup d’écoles privées proposent aussi des programmes spécifiques pour les élèves en difficultés d’apprentissage. « On mise beaucoup là-dessus. Récemment on a embauché un technicien social, une intervenante jeunesse et un agent de milieu supplémentaire pour nous aider dans notre offre de tutorat, notamment de supervision des devoirs hors des heures de cours. En tout, on a une quarantaine de tuteurs pour aider les élèves qui ont des défis particuliers », explique M. Deguire.

Les écoles privées, on le sait, affichent généralement un meilleur taux de réussite que les écoles publiques. De son côté, le Collège St-Jean Vianney peut se targuer d’avoir un taux de réussite presque parfait, frisant le 100 %. « L’an passé, sur 200 finissants, seulement 3 n’ont pas obtenu leur diplôme du premier coup. Ils l’ont eu ensuite avec les cours d’appoint », se rappelle le directeur. Cependant, les établissements privés ne sont pas forcément fervents de ce classement. « On préfèrerait que ça n’existe pas. Chaque école a ses particularités et ces chiffres ne leur rendent pas forcément justice. Certains établissements ont de beaux programmes notamment pour les jeunes en difficulté, mais leur taux de réussite va être plus bas alors que, dans le fond, c’est vraiment très favorable pour les élèves », clame M. Deguire.

Au Québec, les élèves inscrits au privé se retrouvent dans une proportion de 5 % au préscolaire, 25 % au primaire et 70 % au secondaire.


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