L’ENGOUEMENT POUR LES BICYCLETTES ÉLECTRIQUES EXPLOSE
Démocratiser le vélo électrique, est-ce bien possible? Si ce mode de transport se trouve de plus en plus présent sur les pistes cyclables, les modèles d’entrée de gamme sont encore dispendieux. Pourtant, le « E-Bike » gagne en popularité dans les boutiques de bicyclettes et certains entrepreneurs locaux se lancent même dans sa conception.
Chez Cycles Anjou, situé sur l’avenue Chaumont, les vélos électriques ont la cote depuis les trois dernières années. « Ça fait 8 ans qu’on en vend, mais c’est devenu une grosse part du marché récemment. Avec les vélos de route, c’est pas mal notre plus gros vendeur », souligne Simon Baltzer, copropriétaire de la boutique. Selon ses calculs, les vélos électriques représentent désormais 40 % de la valeur des ventes du magasin.
Même son de cloche chez Bicyclettes Montréal-Nord, qui se trouve sur le Boulevard Gouin, où l’on constate une « explosion » des ventes dans ce secteur depuis le début de la pandémie. « En septembre 2019, le fabricant Shimano observait que c’était la folie pour le vélo électrique en Europe et anticipait que les ventes atteindraient 50 % du marché du vélo d’ici 2029 », affirme Yves Chenard, propriétaire du magasin. À vue de nez, les vélos électriques représentent 20 % des parts des ventes à l’unité dans sa boutique et 35 % de son chiffre d’affaires.
Les deux détaillants s’accordent pour dire qu’une grande partie de la clientèle pour les vélos électriques est âgée de 65 ans et plus. « Ce sont souvent des personnes qui veulent pouvoir rouler plus loin et plus longtemps », indique M. Baltzer. « Je trouve cela très bien. C’est démontré que cela permet aux personnes de rester actives plus longtemps, parce qu’elles peuvent continuer à faire leur trajet même si elles sont moins en forme qu’avant », insiste de son côté M. Chenard.
Il existe deux sortes de système de vélos électriques : ceux munis d’un moteur sur une des roues et ceux avec le moteur situé sur le pédalier. Chaque concept a ses avantages et ses inconvénients. Le moteur sur roue est moins dispendieux et permet d’être changé sans trop de problèmes s’il vient à faillir, toutefois il est moins performant pour les longues distances, où l’on privilégiera plutôt le moteur sur le pédalier. De plus, le modèle sur pédalier vous donnera une assistance électrique, c’est-à-dire que vous forcerez moins pour parcourir votre kilomètre, tandis que les moteurs sur roue peuvent vous donner une autonomie électrique : vous pourrez avancer sans pédaler sur une certaine distance.
Objectif : démocratiser le vélo électrique
Il faut cependant avoir un bon budget pour pouvoir adopter le vélo électrique, puisque les modèles de base se vendent rarement en dessous de 3 000 $. Rendre la bicyclette électrique plus accessible au grand public, c’est un peu la mission que se sont donnée deux Montréalais.
Avant de lancer leur boutique en ligne et leur mini-entrepôt situé sur la 7e avenue dans Rosemont, les cofondateurs d’EzyWheel, Guillaume Martin et Miled Bourourou, se sont d’abord intéressés aux vélos électriques pour leurs déplacements personnels. « On voulait un vélo adapté aux routes sinueuses de Montréal et à ses saisons », raconte M. Martin. Ceux-ci se sont donc tournés vers les bicyclettes de type « FatBike » aux roues élargies, capables d’attaquer les rues cahoteuses et les amas de neige.
Puis, les collègues ont décidé de lancer leur entreprise en août 2019, au tout début de la pandémie. « La COVID a en quelque sorte été une bénédiction pour EzyWheel, parce que les gens ont opté pour des modes de transport individuels », raconte M. Martin.
Pour se tailler une place dans un marché extrêmement compétitif, les collaborateurs ont choisi d’importer de Chine des matériaux de base qu’ils modifient ensuite à l’image de l’entreprise. Cela leur permet d’offrir deux modèles à prix réduit : le EzyOne, qui se vend à 1 949 $ et le EzyTwo à 1 849 $, bien en deçà de ce qui se trouve ailleurs en magasin. S’ils sont conscients du fait que d’avoir choisi un fournisseur chinois augmente leur empreinte environnementale, les entrepreneurs espèrent pouvoir prochainement entièrement fabriquer leur bicyclette électrique localement. « On voulait vraiment démocratiser les vélos électriques pour ceux qui veulent rouler toute l’année », souligne M. Bourourou.
Certains de leurs clients auraient même décidé de troquer leur automobile pour un de leurs vélos, capables, selon les conditions routières et le poids du cycliste, de parcourir plusieurs kilomètres sans se fatiguer. Ce serait près de 40 000 kilomètres qui pourraient être sillonnés au total tout au long de la vie utile d’une batterie.
Si près de 90 % de leur clientèle est de la gent masculine, les raisons qui poussent les curieux du vélo électrique à faire leur premier achat sont multiples. « Il y en a qui veulent réduire leur empreinte écologique, tandis que d’autres veulent épargner de l’argent en économisant sur le prix de l’essence. Pour certains, c’est un bon moyen de parcourir le dernier kilomètre de leur trajet et puis il y en a qui l’adoptent simplement parce c’est en poupe. Le facteur « cool » en attire plus d’un », confie M. Martin.