Jonas Fadeu (PLC) et Mario Beaulieu (BQ) – Photos courtoisie.

ÉLECTION FÉDÉRALE : LA POINTE-DE-L’ÎLE

En guise de dernier sprint avant l’élection fédérale du 20 septembre, EST MÉDIA Montréal vous propose cette semaine trois petits « débats écrits » dans autant de circonscriptions qui, selon nous, sont les courses à surveiller dans l’est de Montréal. Aujourd’hui, place aux candidats dans la circonscription de La Pointe-de-l’Île, dont le député sortant est le bloquiste Mario Beaulieu. NDLR : les candidats ont répondu par écrit à un questionnaire unique que nous leur avons fait parvenir. Le candidat du NPD n’a pas retourné nos messages.


Présentation des candidats

Jonas Fadeu (Parti libéral du Canada) – Jonas Fadeu est un jeune leader communautaire montréalais passionné par divers enjeux sociaux, culturels et économiques. Après avoir fini ses études en France il y a plusieurs années, il est arrivé au Québec, auquel il s’est très vite senti appartenir. Jonas est aussi l’heureux papa de deux enfants avec sa conjointe.

Comme afro-canadien, Jonas Fadeu s’est impliqué dans des associations qui militent pour plus d’inclusion et de diversité dans les différentes sphères de pouvoir de notre société. Les mouvements sociaux dont le monde a pu être témoin dernièrement ont densifié sa volonté à s’engager activement en politique pour porter la voix des personnes racisées au sein des instances décisionnelles, notamment à la Chambre de communes.

Ses expériences de planificateur financier, de gestionnaire et surtout de juriste l’ont amené à être confronté à la réalité quotidienne des citoyens, ce qui a fait naître en lui une sensibilité particulière.

Mario Beaulieu (Bloc Québécois) – Intervenant dans un centre jeunesse pendant 25 ans, Mario Beaulieu s’est surtout fait connaître par ses actions dans les secteurs des relations interculturelles, de la promotion du français, ainsi que par son militantisme dans plusieurs organisations indépendantistes. Pour lui, faire du français la langue publique commune à Montréal est aussi essentiel pour l’intégration des nouveaux arrivants dans la société québécoise, que pour assurer l’épanouissement et l’avenir du français en Amérique.

De 2009 à 2014, il a présidé la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le comité de la Fête nationale et la fondation Langelier (destinée aux francophones hors Québec). Il a siégé au Conseil supérieur de la langue française pendant cinq ans jusqu’en 2007 et a fondé en 2006 le Mouvement Montréal français et réactivé le Mouvement Québec français en 2011, ainsi que Partenaires pour un Québec français en 2012.

Élu pour la première fois en 2015, Mario Beaulieu a été chef du parti en 2014-2015, puis chef intérimaire lors de la session d’automne 2018. Militant indépendantiste à temps plein depuis 30 ans, Mario Beaulieu est le porte-parole du Bloc Québécois en matière de langues officielles. Il a, dans le passé, déposé le projet de loi C-421 pour faire de la connaissance suffisante du français une condition pour l’obtention de la citoyenneté au Québec, ce qui avait semé la controverse chez les partis fédéralistes. Dans le cadre de ses fonctions, il a porté divers autres enjeux liés à la défense des intérêts nationaux du Québec et ceux de La Pointe-de-l’Île. Il a instauré localement une cérémonie québécoise d’accueil des nouveaux citoyens.

Mario Beaulieu a aussi été porte-parole en matière d’immigration, où il s’est illustré notamment en faisant rétablir le moratoire pour les réfugiés du séisme en Haïti. Il a aussi travaillé d’arrache-pied pour les personnes sans statut d’origine haïtienne, menacées d’expulsion vers un Port-au-Prince en pleine crise. Il défend le droit à l’autodétermination des peuples, notamment, dans le cas des peuples palestinien, catalan et kabyle.


Principaux engagements des candidats dans le cadre d’un prochain mandat

Jonas Fadeu

  • Investir dans les ainés, en augmentant l’aide financière dont ils ou elles ont droit et soutenir les proches aidants naturels;
  • Investir dans le transport en commun en soutenant le prolongement de la ligne bleue et du REM, ainsi qu’un service accru d’autobus. Soutenir et accroître le projet de la navette fluviale;
  • Investir dans la protection de l’environnement, protéger les berges du fleuve St-Laurent, rendre la Plage de l’est accessible à la baignade;
  • Investir dans la décontamination des terres;
  • Attirer plus d’entreprises dans La Pointe-de-l’île;
  • Investir dans la construction de nouveaux logements sociaux et aider les jeunes et les premiers acheteurs à avoir accès à leur première maison.

Mario Beaulieu

  • Continuer à travailler avec les citoyens et les intervenants de tous les milieux pour développer l’extraordinaire potentiel économique, social et environnemental de La Pointe-de-l’Île et de l’ensemble du Québec. Pour y arriver, nous avons besoin de rapatrier une part équitable des 60 milliards de dollars d’impôts qu’on envoie chaque année à Ottawa.
  • En matière de langue, faire connaître davantage, dénoncer et contrer les interventions massives et constantes du gouvernement canadien à l’encontre de la loi 101 et de l’usage du français en tant que langue publique commune au Québec. Et malgré les promesses des libéraux, cela n’est pas en voie de changer.
  • Contribuer à la mobilisation pour l’augmentation des pensions de la sécurité de la vieillesse de 110 $ par mois et de 50 $ pour le Supplément de revenu garanti.
  • Briser à nouveau le record de projets subventionnés par le programme Nouveaux Horizons pour les aînés dans La Pointe-de-l’Île.

QUESTIONS EN RAFALE :

Q : Quelles sont vos 3 principales qualités qui font de vous un candidat intéressant ?

(JF) Je suis passionné du service public, mon implication dans la communauté pendant de longues années me prédispose à être au service de mes concitoyens. Mes expériences de gestionnaire, de planificateur financier et de juriste seront des atouts pour mon comté. Finalement, du fait de ma jeunesse, je souhaite aussi inspirer davantage de jeunes à s’intéresser et à s’engager dans la vie publique et politique.

(MB) Je suis d’abord et avant tout au service des citoyens, présent et proactif dans la communauté. La persévérance et l’intégrité dans la poursuite de mes engagements, notamment pour favoriser la justice sociale et la qualité de vie. Et je dirais aussi mon engagement profond envers l’équité entre les peuples.

Q : Votre pire (ou pas si pire) défaut?

(JF) Je suis quelqu’un qui lâche difficilement prise.

(MB) Trop perfectionniste. Parfois un peu brouillon.

Q : Résidez-vous dans le comté ou quel est le lien qui vous rapproche de La Pointe-de-l’Île?

(JF) Je suis à la lisière du comté. J’ai pu prendre le pouls du secteur depuis 2018 alors que j’étais le directeur des communications de Chantal Rouleau durant la campagne électorale provinciale. C’est à ce moment que j’ai pu mesurer la profondeur de la situation critique de l’est de Montréal.

(MB) J’ai été approché par le conseil exécutif du Bloc Québécois de La Pointe-de-l’Île dès 2013 pour être candidat. Après avoir accepté leur invitation, j’ai déménagé à Pointe-aux-Trembles. Je suis vite tombé sous le charme de cette magnifique circonscription, notamment en raison du vaste accès au fleuve, des nombreux espaces verts, et des infrastructures de sports et loisirs variés et accessibles. C’est un superbe milieu de vie! J’aime l’atmosphère, la chaleur et la convivialité des citoyens et des citoyennes.

Q : Selon vous, quels sont les cinq principaux enjeux en ce moment dans La Pointe-de-l’Île?

(JF) Le transport en commun; la pauvreté; le logement abordable; la sécurité et l’exode des jeunes.

(MB) :

  1. La décontamination des sols. Dans la Pointe-de-l’Île se trouvent les derniers grands espaces disponibles pour des projets majeurs sur l’île de Montréal. Cependant, une grande partie des terrains doivent être décontaminés et ne sont pas desservis sur le plan des infrastructures urbaines, comme les rues, aqueduc, égouts, etc. Lors de l’élection de 2019, à l’occasion du passage du chef au Comité de développement de l’Est de Montréal (CDEM), le Bloc réclamait qu’Ottawa investisse au moins l’équivalent du gouvernement du Québec, qui s’est engagé à verser 200 M $, pour la décontamination et le réaménagement des infrastructures. Cette demande a été reprise par la Chambre de commerce de l’est de Montréal et plus récemment par la mairesse de Montréal.
  2. L’éducation postsecondaire. Il n’y a aucun établissement postsecondaire dans la circonscription. Les directions générales des cégeps de l’est de Montréal (Marie-Victorin, Maisonneuve, Rosemont) travaillent à élaborer un projet de Centre de formation collégial de La Pointe-de-l’Île intégré à l’écosystème d’innovation lié au développement des Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) du Collège de Maisonneuve, dont le Hall précommercial intégré (HPCI). De plus, l’Association industrielle de l’Est de Montréal (AIEM) projette le développement d’une zone d’innovation en technologies propres. Les membres de l’AIEM possèdent en effet une expertise qui fait de l’Est l’endroit idéal pour développer, tester et implanter des innovations en technologies propres.
  3. Le transport collectif – REM de l’est / Navette fluviale. Le gouvernement du Québec, CDPQ Infra et la Ville de Montréal ont enfin dévoilé le projet tant attendu pour un mode de transport structurant, soit le projet de REM dans l’est de Montréal jusqu’à Pointe-aux-Trembles pour 2029. Il y aura un important travail à faire lors du processus de consultation de CDPQ Infra et de la consultation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui est prévue en 2022. Toutefois, de plus en plus de citoyens et d’acteurs des milieux politiques et communautaires émettent des doutes par rapport à certains aspects du projet de REM. L’acceptabilité sociale est un critère non négociable. CDPQ Infra doit faire preuve de la plus grande transparence, en diffusant notamment les études sur le mode aérien. Le financement du gouvernement fédéral sera essentiel à la réalisation de tout mode de transport collectif structurant. La navette fluviale constitue un mode de transport alternatif permettant de relier dès maintenant le Vieux-Pointe-aux-Trembles au centre-ville de Montréal en moins de 30 minutes. Elle a fait l’objet d’un projet pilote fort concluant en 2019 (60 000 usagers en 2 600 traversées), qui a été interrompu l’été dernier en raison de la pandémie, pour reprendre en juillet à fréquence moindre (excluant les heures de pointe du matin). À l’instar du Port de Montréal, la navette fluviale pourrait fonctionner à l’année moyennant certains ajustements.
  4. L’électrification des camions lourds dans le Port de Montréal. Le Port de Montréal est un organisme majeur sous responsabilité fédérale, qui contribue à l’économie et affecte la qualité de vie des Montréalais. Le Port reçoit chaque jour plus de 2 500 camions lourds, ce qui est une source de bruit et de pollution considérable dans La Pointe-de-l’Île comme dans l’ensemble de Montréal. Nous proposons une série de mesures pour le gouvernement fédéral, qui permettraient que le Port de Montréal devienne le fer de lance de l’électrification des camions lourds.
  5. La revitalisation du Vieux Pointe-aux-Trembles.

Q : Les trois principaux enjeux dans l’est de Montréal?

(JF) Le transport en commun; la pauvreté et la sécurité.

(MB) Le développement des transports collectifs, et notamment, assurer l’aboutissement des travaux du prolongement de la ligne bleue du métro vers l’est de l’île de Montréal, dont l’établissement d’un lien intermodal entre les stations Anjou et Honoré-Beaugrand. La décontamination des sols et le développement des infrastructures attenantes. Le logement social.

Q : Quelle est votre position sur… le logement social et abordable?

(JF) Notre plateforme est assez détaillée sur le sujet. Entre autres, nous allons investir massivement (72 milliards) dans les logements abordables. C’est d’ailleurs dans l’est de Montréal que notre chef a fait l’annonce de notre stratégie nationale du logement.

(MB) Le Bloc Québécois propose qu’Ottawa réinvestisse progressivement en logement social, communautaire et réellement abordable jusqu’à atteindre 1 % de ses revenus annuels totaux afin d’assurer un financement constant et prévisible plutôt qu’en vertu d’ententes ponctuelles. Nous proposons que toutes les propriétés excédentaires fédérales soient consacrées prioritairement au développement de logement social, communautaire et très abordable afin de contribuer à réduire la crise du logement.

Le Québec a besoin de 50 000 nouveaux logements sociaux d’ici 5 ans pour faire face à la crise du logement. Bien que 46 000 nouveaux logements aient vu le jour entre 2017 et 2020, l’essentiel de ces bâtisses appartient au marché privé. Seulement 7,3 % de ces unités sont consacrées au logement social, selon la Communauté métropolitaine de Montréal.

À titre de député de La Pointe-de-l’Île, je vais poursuivre et intensifier la collaboration et l’appui à l’organisme Infologis de l’est de l’île de Montréal.

Q : … sur le REM de l’est?

(JF) Le gouvernement fédéral peut et doit faire quelque chose. Je suis en faveur d’un prolongement jusqu’à RDP.

(MB) Le gouvernement du Québec, CDPQ Infra et la Ville de Montréal ont enfin dévoilé le projet tant attendu pour un mode de transport structurant, soit le projet de REM dans l’est de Montréal jusqu’à Pointe-aux-Trembles pour 2029. Il y aura un important travail à faire lors du processus de consultation de CDPQ Infra et de la consultation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui est prévue en 2022. Le financement du gouvernement fédéral sera essentiel à la réalisation du REM vers l’est.

Q : … sur les installations sportives et culturelles dans le comté?

(JF) C’est de compétence provinciale et municipale, mais comme élu, je serai toujours disponible à soutenir et même à accroître les installations sportives et culturelles présentes dans notre comté.

(MB) La Pointe-de-l’Île est dotée de plusieurs installations sportives, culturelles, mais il reste un travail important à faire pour obtenir notre part du financement fédéral des infrastructures sportives et culturelles. Je travaille à la relocalisation du cinéma de quartier Station Vu. À titre de député de La Pointe-de-l’Île, je soutiens financièrement les organisations sportives et culturelles à même notre fonds publicitaire.

Q : … sur la relance économique dans le secteur?

(JF) Le potentiel de l’est est peu et sous exploité. Il faut attirer plus d’entreprises et surtout diversifier leurs secteurs d’activité. Des entreprises qui permettent à l’est de retenir ses jeunes et d’être un véritable hub en matière d’économie numérique et écologique. Je suis prêt à conditionner certains investissements fédéraux par l’obligation pour certains établissements postsecondaires à installer un campus dans La Pointe-de-l’île. Une attention particulière sera aussi portée sur le risque de gentrification.

(MB) La Pointe-de-l’Île a un extraordinaire potentiel de développement économique. On y retrouve les derniers grands espaces disponibles pour des projets majeurs sur l’île de Montréal, dont une grande partie doit être décontaminée et n’est pas desservie en infrastructures. L’enjeu des commerces locaux dans La Pointe-de-l’Île m’interpelle énormément. Chaque année, je fais une campagne permanente d’achat local pour encourager les citoyens à acheter localement. Il faut appuyer en permanence le projet de revitaliser la rue Notre-Dame et le Vieux-Pointe-aux-Trembles pour en faire le cœur d’un quartier dynamique et vivant.

Avec plus de députés du Bloc, nous pourrons récupérer une part plus équitable des 60 milliards de dollars d’impôts qu’on envoie chaque année à Ottawa pour nos projets de transports en commun, pour la décontamination des terrains, pour le développement économique de l’est de Montréal.

Q : … sur l’état et le nombre d’espaces verts dans La Pointe-de-l’Île?

(JF) Nous allons aider la Ville à faire l’acquisition des terrains privés pour les convertir en espaces verts. Nous allons aussi financer le programme de l’arrondissement dans la plantation des arbres dans le comté.

(MB) La Pointe-de-l’Île compte de nombreux espaces verts dont le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies et le parc de la promenade Bellerive. Actuellement, les travaux du projet d’un des plus longs parcs linéaires de l’île de Montréal ont été entrepris à même la friche ferroviaire de la 53e Avenue à la 32e Avenue, puis de la 32e Avenue à la 1re Avenue. La Pointe-de-l’Île comprend aussi de nombreux jardins communautaires. Je vais continuer à travailler avec eux pour favoriser leur entretien et la réalisation de leur plan d’action.

Q : En conclusion et en quelques mots, pourquoi seriez-vous le meilleur député pour représenter La Pointe-de-l’Île?

(JF) Lors de mes multiples rencontres avec les citoyens de La Pointe-de-l’île, j’ai entendu leurs préoccupations et leurs priorités. Ils veulent que nous bâtissions un Québec plus fort, plus résilient, plus inclusif et plus vert dans un Canada prospère. La plateforme du Parti libéral répond exactement à ces demandes. À titre d’élu, je vais permettre enfin que La Pointe-de-l’île obtienne sa juste part dans les investissements fédéraux. Je serai un député imputable qui a à cœur les enjeux qui touchent les populations de mon comté. Je souhaite aussi inspirer davantage de jeunes à s’engager pour qu’ensemble nous construisions un avenir meilleur.

(MB) Parce que mon expérience des deux derniers mandats me permet de mieux connaître le terrain, les intervenants et les enjeux. J’ai de nombreux projets à poursuivre pour favoriser le développement de l’est de Montréal et de La Pointe-de-l’Île. Les députés du Bloc sont les mieux placés pour rallier les forces vives du Québec, pour appuyer le gouvernement du Québec lorsqu’il y a consensus sur certains enjeux. Avec la pleine liberté d’agir et de parler pour nous représenter, c’est le Bloc Québécois qui détient le vrai pouvoir pour le Québec à Ottawa! Seul le Bloc défend les choix légitimes et démocratiques du Québec en matière de laïcité, d’immigration, et de promotion du français langue commune, et notre droit de récupérer tous nos leviers décisionnels et pour atteindre notre pleine liberté collective, en devenant un pays ouvert sur le monde.


Résultats élections de 2019

Mario Beaulieu (BQ) – 25 832 votes – (47,1 %)

Jonathan Plamondon (PLC) – 16 703 votes (30,4 %)

Ève Péclet (NPD) – 5 929 votes (10,8 %)