KARINE BOIVIN-ROY TENTE SA CHANCE À LA MAIRIE DE MHM
Durant la présente campagne électorale municipale, EST MÉDIA Montréal proposera plusieurs rencontres avec des aspirants à la mairie d’arrondissements de l’est, question de découvrir à la fois leur plateforme locale et leur vision de certains enjeux liés au territoire. Aujourd’hui, Karine Boivin-Roy, d’Ensemble Montréal, candidate dans Mercier−Hochelaga-Maisonneuve.
Voilà huit ans que Karine Boivin-Roy œuvre en politique municipale en tant que conseillère, soit quatre dans l’administration et quatre dans l’opposition. Cette avocate de formation a également mené des études en anthropologie et en gérontologie, domaines qui selon elle se marient à merveille avec la politique. Actuellement conseillère dans MHM et leader parlementaire de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville, la politicienne membre du parti Ensemble Montréal tente cette fois de devenir mairesse d’arrondissement. « J’ai occupé plusieurs fonctions à la Ville. J’en ai acquis une connaissance plus fine et étendue. Ça fait 16 ans que je vis dans l’arrondissement. J’ai habité trois des quatre quartiers de MHM. Ça m’a permis de développer une connaissance et une compréhension des enjeux et des dossiers. Je me sens donc habilitée à briguer la mairie », précise Karine Boivin-Roy.
Ses engagements envers l’arrondissement sont nombreux, et pour ce faire elle s’est entourée d’une équipe diversifiée : Julien Hénault-Ratelle, Alba Stella Zúñiga Ramos, Réal Ménard et Emilia Tamko. À noter que M. Ménard, qui se présente comme conseiller dans le district Hochelaga, a lui-même été maire d’arrondissement de 2009 à 2017 et qu’Emilia Tamko, qui cherche à devenir conseillère du district Maisonneuve-Longue-Pointe, a déjà été identifiée par Denis Coderre comme future porte-parole pour le dossier de l’environnement au comité exécutif. « On a pris entre six et sept engagements par secteur », mentionne Karine Boivin-Roy. « C’est certain qu’on veut mettre l’emphase sur des dossiers stagnants, comme la sécurité, la transition écologique, les organismes communautaires, la promenade Bellerive. Les citoyens, s’ils nous font confiance en novembre prochain, pourront compter sur une administration empressée de les mobiliser et de soutenir les forces vives de nos quartiers. » À Tétreaultville, Ensemble Montréal souhaite soutenir l’Association des commerçants pour continuer de revitaliser l’offre du secteur. L’aspirante mairesse veut aussi se pencher sur le dossier du Faubourg Contrecoeur et sur celui du service de navette fluviale. Dans Hochelaga, Mme Boivin-Roy veut enfin voir apparaître un centre sportif et communautaire. « C’était ce qui était souhaité dans le mandat précédent et qui n’a pas été réalisé par Projet Montréal », souligne-t-elle. Dans Maisonneuve-Longue-Pointe, elle aimerait proposer une offre de loisir dans Guybourg. Et finalement, dans Louis-Riel, la candidate à la mairie continuera son travail au niveau des Programmes particuliers d’urbanisme (PPU) sur Assomption Nord et Radisson.
D’abord collaborative, puis exclue
Si la motivation de Mme Boivin-Roy à se présenter aux élections 2021 est personnelle, elle est aussi professionnelle. Elle ne mâche pas ses mots lorsqu’on l’interroge sur les façons de faire de Projet Montréal. « J’ai été déçue de constater que finalement, cette fameuse « politique autrement », c’en est une clientéliste, où on prend les gens de haut, où on leur dit ce qui est bon pour eux, et qu’ils nous remercieront bien dans deux, trois ans. C’est une politique où les citoyens ne sont pas au cœur des préoccupations, où il y a des idéologies qui sont avancées en dépit d’eux. Ça m’a aussi déçue de constater le manque d’écoute et d’empathie à l’égard des citoyens. » La candidate dit que plusieurs seraient venus vers elle, n’ayant obtenu aucune réponse des élus. Et les nombreuses pétitions qui ont circulé dernièrement montrent selon elle que leurs voix ne se font effectivement pas entendre. « Je n’en ai jamais vu autant. Vous allez me dire qu’une partie de l’explication, c’est l’air du temps et que la pandémie a exacerbé les tempéraments peut-être. Néanmoins, les choses escaladent et les citoyens en viennent à se sentir obligés de déposer des pétitions parce qu’ils ont l’impression qu’ils n’ont pas d’autres recours. »
La bonne entente semblait pourtant régner les trois premières années du présent mandat. Malgré le fait qu’elle était la seule élue de son parti dans son arrondissement, il était important pour Mme Boivin-Roy de travailler en collaboration. En tout début de mandat, elle a donc rencontré Pierre Lessard-Blais, le maire d’arrondissement sortant de MHM, afin de lui faire part de sa vision. « Si dès le départ, on avait été à couteaux tirés, dans des confrontations, ça aurait mené à un bris de communication et ça peut ultimement donner des résultats néfastes sur le terrain », croit-elle. C’est en décembre 2020 que les choses se seraient envenimées, moment où Pierre Lessard-Blais l’aurait exclue de l’épineux dossier du REM de l’est. « Il m’a dit que c’était un dossier sensible politiquement. J’ai alors été écarté de toute réunion interne stratégique sur ce dossier. » Mme Boivin-Roy s’est alors rabattue sur les consultations publiques et les séances d’information afin d’assurer sa connaissance du projet du REM. Le 1er février 2021, une lettre ouverte publiée dans La Presse et cosignée par Réal Ménard et Karine Boivin-Roy vient jeter de l’huile sur le feu pour Projet Montréal. « On y proposait le rachat du terrain de Ray-Mont Logistiques. Pierre Lessard-Blais a très mal réagi à la lettre. Ça a été terminé : j’ai été exclue de toutes les rencontres stratégiques de l’arrondissement, que ce soit au sujet du REM de l’est, de Ray-Mont Logistiques, du SRB Pie-IX, de la piétonnisation de la rue Ontario, du Faubourg Contrecoeur. C’est comme si dans l’année électorale, tout politicien devenait sensible et on s’est assuré que je ne puisse pas avoir l’information nécessaire, ce qui peut-être m’empêchait de faire des attaques publiques ou quoi que ce soit », avance Karine Boivin-Roy.
C’est donc dans ce climat tendu que la candidate tentera prochainement de remporter la mairie d’arrondissement. Mais pour elle, son sujet d’intérêt principal reste le bien-être des citoyens et l’essor de l’est de Montréal. « C’est capital pour nous que les gens puissent avoir une voix. Avec nous, ils pourront compter sur une administration qui jouera un rôle de catalyseur. Et je pense que MHM est dans une position stratégique. On est considéré comme un pôle de développement dans l’est, qui prend aussi sa place dans la politique municipale. C’est tout à fait excitant et je serai honorée si la population nous fait confiance. » Le 7 novembre prochain, on saura enfin qui remportera la joute.
Questions en rafales
EST MÉDIA Montréal (EMM) : Comment prévoyez-vous agir dans le dossier de Ray-Mont Logistiques?
Karine Boivin-Roy (KBR) : On a rencontré toutes les parties prenantes dans ce dossier, dont Charles Raymond le 12 août dernier. On a aussi rencontré Mobilisons 6600, les citoyens sur le terrain qui se sont mobilisés. Il y a eu notre lettre ouverte du 1er février. On a réitéré notre position du désir de rachat et Charles Raymond s’est dit ouvert.
En ce moment, la Ville et les élus de MHM n’ont plus la crédibilité pour engager des négociations avec le promoteur. Ça a été dit publiquement : Charles Raymond a envoyé des lettres et des demandes de rencontre restées sans réponse à travers les quatre dernières années. Il a tenté de déjudiciariser le dossier, mais il n’y a eu aucune suite de la part des élus. On se retrouve aujourd’hui avec une poursuite de 373 millions. C’est déplorable. Il y avait bien sûr un défi complexe au départ, mais je considère que l’administration de Projet Montréal a empiré les choses et qu’on aurait pu voir des mains tendues bien plus tôt dans ce dossier.
EMM : Dans celui du REM de l’est?
KBR : L’est de Montréal a besoin d’un projet de transport en commun structurant, c’est certain. Ça serait comme une bougie d’allumage pour le développement de l’est. Notre rôle, c’est de faire en sorte que le projet se fasse le plus possible dans l’intérêt des Montréalais et plus particulièrement des citoyens de MHM. Dans Hochelaga et Tétreaultville, on parle de milieux de vie touchés. Il y a un comité qui se penche principalement sur l’implantation architecturale. Ce n’est pas suffisant par contre. On demande la mise en place d’un comité d’experts indépendant qui va nous permettre d’étudier les différents scénarios de l’intégration du REM dans ces secteurs. Alors oui, on veut faire confiance au processus, il y a des consultations à venir, il y a le BAPE au printemps 2022 où on sera bien sûr très présents. Mais il y a beaucoup d’éléments sans réponse actuellement. Il faut que CDPQ Infra rende plus de comptes à la Ville. On ne sent pas que la Ville est capable de se faire entendre sous l’administration de Mme Plante. Il y a un manque de leadership dans ce dossier. J’ai très confiance que M. Coderre pourrait justement prendre ce dossier à bras-le-corps et le mener comme on le souhaite.
EMM : Dans celui du logement social et abordable?
KBR : Je suis la porte-parole de l’habitation pour l’opposition officielle. Ce qu’on propose, c’est 50 000 nouvelles habitations construites, incluant 10 000 logements sociaux, 6000 logements abordables, 5000 logements familiaux et 2000 logements étudiants. Plus de 30 terrains ont été identifiés pour déployer notre stratégie. On a parlé de notre opération 1er juillet, où on compte mettre en banque un million qui serait une somme désignée pour permettre que le 1er juillet, il n’y ait plus de ménage qui soit dans la rue et qu’on puisse faciliter le travail d’organismes communautaires qui loueraient des appartements. Cette année, 554 ménages ont fait affaire avec le service de référence de MHM parce qu’ils n’avaient pas logement le 1er juillet. Au moment où on se parle, il y a encore 37 ménages qui vivent à l’hôtel, c’est inacceptable. On propose aussi de mettre en place une obligation des propriétaires d’effectuer tous les cinq ans une inspection indépendante de leur logement datant de plus de 20 ans. On souhaite aussi que les délais de traitement des dossier d’insalubrité soient de six mois et moins. De plus, on veut augmenter le nombre d’inspecteurs localement et poursuivre le programme local l’Inspectorat.
EMM : Dans celui de la relance économique?
KBR : C’est sûr que c’est une opportunité que l’est soit à la hauteur de ce qu’on souhaite. Je pense qu’il y a plusieurs choses qu’on veut réaliser et on constate que dans les quatre dernières années, il n’y a pas énormément de projets qui ont été concrétisés pour l’est de Montréal. On veut faire de l’est un pôle de développement durable innovant. M. Coderre a dit qu’on allait avoir une mission économique internationale verte pour présenter l’est et son potentiel à l’international. Ça pourrait être soutenu par des incitatifs fiscaux ou la création de programmes intégrateurs d’entreprises pour attirer des investisseurs. On veut des actions concrètes pour l’est de Montréal et en même temps des actions concrètes pour verdir l’est de Montréal.
M. Coderre a aussi dit que les familles de l’est allaient profiter de notre plafond de 2% sur les taxes municipales l’an prochain, 0,6% sous l’inflation. On veut donner un répit aux Montréalais qui subissent l’augmentation des coûts de la vie. Et on veut une bonne gestion qui va respecter la capacité de payer des Montréalais.
EMM : Avez-vous un plan pour aider les médias locaux sur le territoire? Quelle est votre position sur l’état des médias locaux en ce moment?
KBR : On a vu au cours des 18 derniers mois à quel point c’est important d’avoir des médias forts et des informations de qualité. On a vu des fausses informations circuler sur le port du masque et la vaccination. C’est sûr qu’il faut soutenir les médias forts et les maintenir. Et ce qu’on constate aussi, c’est que les médias nationaux couvrent très peu les enjeux locaux et quand ils le font, c’est souvent pour relater des événements controversés. C’est sûr que la relation entre le citoyen et sa localité, sa municipalité n’y gagne rien. Ce qu’on dit à Ensemble Montréal, c’est qu’on veut préserver les avis publics dans les journaux locaux, ça inclut les appels d’offre, la modification de zonage, etc. Mais on veut également voir ce qu’on pourrait faire pour aider à renforcer une couverture médiatique des enjeux locaux, quitte à financer des initiatives. Mais on sait que le rôle de la Ville est limité dans ce cas-ci.