Employées et participants en insertion socioprofessionnelle, parcours agriculture, avec la présence d'une agronome (photo courtoisie CCHM)

Employées et participants en insertion socioprofessionnelle, parcours agriculture, avec la présence d’une agronome. (Photo: Courtoisie CCHM.)

L’AGRICULTURE URBAINE AUSSI TOUCHÉE PAR LA MÉTÉO DANS L’EST

Malgré les mauvaises conditions météorologiques, dont les fortes pluies, mentionnées plusieurs fois par le monde agricole québécois dans les médias, la CCHM aura pu limiter les pertes de ses récoltes à 30 %, pour produire 9 ou 10 tonnes au lieu des 15 attendues en 2023. « L’expérience de notre équipe professionnelle a été très utile pour gérer les petits bobos, les plantations qui mettent plus de temps à sortir. Ils ont été très créatifs au niveau du drainage sur certains sols argileux, par exemple », souligne M. De Peyrelongue.

Pilier des organismes alimentaires dans l’est

La CCHM offre des ateliers de cuisine collective depuis sa création, pour environ 40 groupes dont 20 sont des organismes communautaires. Mais elle a ajouté d’autres cordes à son arc comme des services de restauration (traiteur, cafétéria), d’insertion professionnelle et, plus récemment, des activités en agriculture urbaine. Ces dernières ne se limitent pas à la pause de quelques jardinières et ont connu une progression pour le moins fulgurante. Sa production écologique et locale de fruits et légumes, sur un total 60 000 pieds carrés répartis sur plusieurs sites, devrait ainsi atteindre presque 10 tonnes en 2023, selon Benoist De Peyrelongue, directeur général de la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve.

Rappelons que l’organisme a vu le jour en 1986 et qu’il est situé au coin de la rue Adam et de la rue Joliette. C’est au départ des citoyens rencontrant des difficultés à boucler leur fin de mois qui ont décidé de cuisiner ensemble, question d’essayer de réduire le coût des repas. Aujourd’hui cet organisme phare dans MHM peut compter sur 30 employés permanents, 42 personnes pour l’entreprise d’insertion socioprofessionnelle et environ 200 bénévoles. Le mouvement des cuisines collectives est aussi né dans Hochelaga-Maisonneuve puis s’est développé partout au Québec avec plus 1 400 cuisines réunies dans le Regroupement des cuisines collectives du Québec.

« En arrière de la cuisine collective, il y a toujours deux éléments omniprésents : le développement de la capacité d’agir et la recherche de l’autonomie de l’individu, de l’organisme et de la communauté. Tout ce que nous faisons va dans ce sens-là », indique M. De Peyrelongue.

Groupe lors d'un atelier de cuisine collective. (Photo: Courtoisie CCHM.)

Groupe lors d’un atelier de cuisine collective (photo courtoisie CCHM).

Une agriculture urbaine prenant de plus en plus de place

Benoist De Peyrelongue, directeur général de La cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve. (Photo: Courtoisie CCHM.)

Benoist De Peyrelongue, directeur général de La cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve. (Photo: Courtoisie CCHM.)

Concernant son engagement dans l’agriculture urbaine, qu’elle nomme La ferme agricole, l’entité a commencé en 2016 par créer un potager sur son toit au 3568 de la rue Adam, avec pour la première année une récolte de 700 kg de légumes, utilisés notamment par la cuisine collective et la cafétéria.

« Notre bâtiment est une ancienne caisse populaire. Le lieu s’est transformé rapidement en toit éducatif pour la communauté, le milieu des écoles, dont l’école primaire Baril en face, et d’autres organismes, comme outil d’apprentissage en agriculture urbaine », ajoute M. De Peyrelongue.

Puis les nouveaux sites agricoles se sont enchainés avec :

  • Depuis 2018, un mini potager le long de l’édifice de la confédération syndicale (CSN) avec le soutien de Fondaction et de la caisse d’économie solidaire. Il est devenu un outil pour les écoles primaires du quartier comme Champlain. 62 jardinières y donnent 800 kg de légumes ;
  • Depuis 2019, des jardinières sur deux étages habillent le tour du bâtiment du 5600 Hochelaga sur 3800 pieds carrés pour une production de 2,8 tonnes de légumes. Cela grâce à un partenariat avec la Chambre de commerce de l’est de Montréal. On retrouve dans les locaux une salle de semis ainsi qu’un entrepôt de nettoyage et transformation des légumes, dans un système «zéro déchet» ;
  • Depuis 2022, une serre de 29 700 pieds carrés et 100 arbres fruitiers plantés, au siège social de la SAQ, après un travail important pour la préparation du terrain ;
  • Depuis l’automne 2022, l’arrivée du programme La ferme agricole en ville, pour tous, avec 22 000 pi² en maraîchage sur le terrain de la firme Scientific Games. Une nouvelle serre y sera installée à l’automne, avec une terre réchauffée par de la chaleur récupérée des procédés d’impression de l’entreprise, spécialisée notamment dans la production de billets de loterie instantannée.

La production devenue importante, avec aujourd’hui une dizaine de maraîchers permanents employés par la CCHM, a permis de développer quatre petits marchés solidaires (avec l’Arrondissement de MHM), ainsi que la confection de paniers frais ou la vente à des restaurants locaux. De plus, 30 % des récoltes est redistribuée dans les milieux HLM.

Un acteur de l’insertion professionnelle

La CCHM est aussi une entreprise d’insertion socioprofessionnelle. Elle offre des formations salariées de six mois avec Emploi Québec, comme celles d’aide-cuisinier, de magasinier, d’agent à la clientèle ou encore de manœuvre horticulteur (nouveauté). « Nous ne sommes ni une école ni un centre de formation. Il s’agit d’un apprentissage en milieu réel de travail, de l’éducation aux adultes, où les participants apprennent à travers un métier pendant six mois, avec un service de placement puis un accompagnement de suivi pendant deux ans », explique-t-il.

Dans les domaines d’activités autres que la cuisine collective, comme l’agriculture, l’organisme propose également des formations de 14 mois qui s’adressent à un public présentant un trouble du spectre de l’autisme ou une déficience intellectuelle (DI-TSA).

De nouveaux services et des projets

La CCHM a également rajouté un service de traiteur qui dessert l’ensemble de l’île de Montréal ces dernières années, ainsi que la gestion de cafétérias comme celle du siège social de la CSN où les formations en service à la clientèle et de magasinier ont aussi pu être développées.

Soulignons que pendant la COVID, l’organisme a été particulièrement actif dans le quartier, rappelle son directeur général. « Nous avons été contactés par de nombreux organismes qui avaient un problème pour nourrir leurs bénéficiaires. Nous avons ramené tout le monde au travail et avons produit des plats. Cela a représenté plus de 200 000 repas, livrés par des cyclistes bénévoles dans les milieux HLM et les réseaux dans l’est, accompagnés de 20 tonnes de paniers de denrées de première nécessité. »

Finalement, la mise en place de nouveaux projets devrait être annoncée cet automne, affirme Benoist De Peyrelongue. « J’adore personnellement accompagner les participants vers un rebond dans la vie. Je suis fier que nous soyons un des acteurs centraux dans la lutte contre ce changement du coût de la vie qui ne fait pas de sens pour les gens. Nous sommes au cœur d’un croisement collectif que je trouve génial, avec l’implication du monde corporatif, industriel, le communautaire et l’économie sociale », conclut le dynamique directeur général. Par ailleurs, ce dernier s’est classé au 9e rang du Palmarès 2022 des personnalités les plus influentes de l’est de Montréal d’EST MÉDIA Montréal. Une première pour un dirigeant d’organisme.

Pour en savoir plus sur la CCHM, suivez ce lien.

Mur verticaux au 5600 Hochelaga. (Photo: Courtoisie CCHM.)

Mur verticaux au 5600 rue Hochelaga (photo courtoisie CCHM).