Promenade Luc-Larivée. (Photo fournie par l’arrondissement MHM).

LA DEMANDE NE CESSE DE CROÎTRE DANS MERCIER–HOCHELAGA-MAISONNEUVE

S’il y a un secteur qui se transforme progressivement, mais assurément depuis une vingtaine d’années à Montréal c’est bien l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Quartier ouvrier et industriel pratiquement devenu mythique, rappelons qu’Hochelaga-Maisonneuve s’est relevé difficilement de l’exode des grands industriels qui a marqué la métropole dans la deuxième moitié du XXe siècle. C’est dans les années 1980 que les instances publiques, pressées par une mobilisation communautaire bien ancrée dans le secteur, ont réellement commencé à travailler pour redynamiser l’économie, les infrastructures et pour offrir une meilleure qualité de vie à la population locale. Réalité toutefois quelque peu différente dans les quartiers Mercier-Ouest et Mercier-Est puisqu’une grande partie du secteur résidentiel fut bâti après la deuxième guerre mondiale.

D’autres facteurs socio-économiques relativement récents ont permis à l’arrondissement d’accélérer sa revitalisation. Les plus importants étant certainement reliés au développement des secteurs immobilier, commercial et industriel dans la métropole. Ainsi, l’accessibilité à la propriété et au logement dans le centre de la ville étant devenu plus difficile pour la classe moyenne, particulièrement dans le Plateau-Mont-Royal et dans Rosemont, les transactions se sont multipliées dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve amenant une nouvelle génération de propriétaires et plusieurs nouveaux immeubles à condos (2 500 nouveaux établissements se sont érigés ces dernières années dans l’arrondissement). Le territoire se développe, se revitalise et la population se diversifie. L’offre de logements quant à elle s’adapte, tout comme l’activité commerciale sur les grandes artères.

Mais l’arrondissement demeure plus abordable que les arrondissements voisins à l’Ouest. C’est un peu la même chose concernant le pi2 en zone commerciale ou industrielle : oui c’est plus cher qu’avant, mais quand même moins que dans le centre de la ville ou dans l’Ouest. Constat : la demande pour des projets d’affaires, surtout pour du pi2, est énorme en ce moment, tant dans Hochelaga-Maisonneuve que dans Mercier.

En mode transformation

« Dans les secteurs industriels de l’arrondissement, comme dans tous les vieux quartiers de la ville, les terrains vacants sont une denrée extrêmement rare. Il faut donc faire avec le cadre bâti, rénover et être plus créatif pour installer une nouvelle entreprise. C’est pour ça qu’on parle d’un quartier en transformation », explique Renaud Fortin, commissaire au développement économique de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve depuis près de 20 ans.

Mais cela ne veut pas dire que les opportunités sont inexistantes dans le secteur industriel. Selon le commissaire, il faut souvent travailler un peu plus fort qu’ailleurs pour accommoder les investisseurs, retourner à la planche à dessin, mais on finit par trouver les solutions. « Quand les gens d’affaires commencent à regarder pour un emplacement, ils imaginent souvent l’idéal en termes d’infrastructures, du prix pour le pi2, des espaces de stationnement disponibles par exemple, et c’est tout à fait normal. Mais la réalité, comme je le disais, est qu’il faut faire avec les espaces et les infrastructures qui se libèrent, et avec le prix du marché qui n’est plus le même qu’il y a 20 ans », affirme M. Fortin.

Renaud Fortin, commissaire économique de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. (Photo : EMM).

Ceci n’est pas un problème cependant puisque la demande est plus grande que l’offre dans l’arrondissement. « Il y a tellement d’avantages à s’installer ici que les entreprises y trouvent encore amplement leur compte. Proximité du centre-ville, accès aux grands axes routiers, ferroviaires, aux installations portuaires, bon bassin de population, beaucoup de jeunes travailleurs, transport en commun efficace, nous sommes probablement les mieux placés dans l’Est de Montréal. Pour plusieurs entreprises, c’est beaucoup plus rentable aujourd’hui de s’installer dans le coin que dans les banlieues, ne serait-ce que pour le transport sous toutes ses formes. Le prix du pi2 n’est plus nécessairement le critère numéro un dans l’industriel. Aujourd’hui, pour plusieurs entreprises, c’est l’emplacement qui est le facteur prédominant », soutient le commissaire.

Les secteurs d’activités évoluent

Il n’y a pas que le cadre bâti qui se transforme dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le type d’entreprises qui s’y installent aussi change progressivement selon Renaud Fortin. « Il y avait de fortes concentrations d’entreprises spécialisées auparavant, et il y en a encore, mais cette tendance semble s’estomper tranquillement. Je sais qu’on parle souvent de pôles industriels ces temps-ci, certains souhaitent la création de nouveaux pôles dans l’Est, mais sur le terrain j’observe plus un mixte d’activités industrielles et commerciales, et aussi l’arrivée de plus petites entreprises qu’avant », dit-il. Il y a toutefois encore de gros joueurs qui finissent par trouver des espaces plutôt volumineux dans l’arrondissement.

Selon le Profil économique de l’arrondissement réalisé par la Ville de Montréal en 2014, le territoire abriterait plus de 53 000 emplois, dont 11 820 étaient concentrés dans le domaine de la santé et de l’assistance sociale, de loin le plus important secteur d’emplois de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Suivent le commerce de détail avec 6 875 emplois et le secteur de la fabrication qui en compte 5 910 dont 32 % proviennent du domaine alimentaire.

Les zones industrielles qui offrent actuellement le plus d’opportunités d’affaires dans l’arrondissement sont évidemment le volumineux pôle Assomption Nord et le parc industriel Lafontaine, là où sont installées plusieurs installations de la SAQ (dont le siège social depuis l’an dernier), ainsi que le secteur De Rouen. Ce dernier, longeant la rue du même nom entre Letourneux et Viau, voit ses bâtiments industriels et ses anciennes usines se rénover depuis une bonne vingtaine d’années et devient tranquillement, mais sûrement, un nouveau quartier. De nombreux bâtiments sont aujourd’hui convertis en complexes d’habitation, dont plusieurs comportent des logements sociaux et abordables, et le secteur accueille plutôt maintenant de petites entreprises industrielles, plus spécialisées dans différents types d’activité. « C’est un bon exemple d’anciennes zones industrielles qui se redéfinissent en quartier mixte. On y retrouve aujourd’hui plus de professionnels, moins d’usines et les nouveaux emplois sont souvent plus rémunérateurs », soutient Renaud Fortin. Ce territoire offrirait encore de belles opportunités selon le commissaire : « il continue de se transformer, il reste encore des bâtiments qui devront être rénovés ou requalifiés dans les années à venir. »

Du côté du pôle Assomption Nord, ce secteur entourant la station de métro du même nom fait actuellement l’objet d’un PPU (programme particulier d’urbanisme) qui vise à développer, dans un horizon d’une vingtaine d’années, un quartier dense et diversifié comprenant des composantes résidentielles mixtes et un secteur d’emplois à dominantes commerciale et industrielle légère. Axé sur le développement durable, ce projet de développement prévoit la construction de quelque 3 000 logements et une densification des activités qui pourraient permettre l’arrivée de 1 600 nouveaux travailleurs dans le secteur. Le PPU propose également le prolongement du boulevard de l’Assomption vers le sud et la création d’une trame secondaire composée de sentiers piétons et cyclables, de places publiques et de rues locales.

Secteur Assomption Nord. (Photo fournie par l’arrondissement MHM).

Quant au développement du très convoité pôle Assomption Sud-Longue-Pointe situé entre l’avenue Souligny, les installations du Port de Montréal, la gare de triage Longue-Pointe et l’autoroute 25, il fera l’objet d’audiences publiques en avril devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Les parties concernées pourront alors débattre des orientations proposées par la Ville afin de repenser le territoire, d’attirer de nouvelles entreprises, tout en favorisant le développement durable, une meilleure cohabitation avec les milieux résidentiels et l’amélioration de la qualité de vie des résidents. C’est dans ce secteur que se retrouvent les plus importants terrains à reconvertir dans les prochaines années pour l’arrondissement.

Secteur Assomption Sud. (Photo fournie par l’arrondissement MHM).

En zones commerciales

Hochelaga-Maisonneuve possède deux rues commerciales majeures : Ontario et Sainte-Catherine Est. La première, plus centrale (entre Pie-IX et Darling), est la plus achalandée avec plus de 200 commerces, alors que Sainte-Catherine en compte environ 150. La « Promenade Ontario » a beaucoup évoluée ces dernières années avec l’arrivée de nouveaux commerces qui répondent au style de vie de la nouvelle génération tout en côtoyant des institutions locales de longue date toujours appréciées dans le quartier. C’est le même phénomène d’évolution commerciale que l’on retrouve sur Masson dans Rosemont ou encore dans le Sud-Ouest de l’Île. « La rue Ontario va très bien en ce moment et il y a peu d’espaces vacants. La relance de cette zone commerciale vitale pour le quartier s’est effectuée lors de la création de la Place Simon-Valois en 2007, en plein centre du quartier », explique M. Fortin.

Quant à Sainte-Catherine, le secteur va mieux qu’il y a dix ans, mais c’est plus long à redynamiser. Ce qui est intéressant c’est que l’on voit de plus en plus d’artisans et de petits fabricants s’y installer, ce qui donne à l’artère commerciale une personnalité unique à Montréal », affirme le commissaire économique. Pour revenir à la rue Ontario, soulignons que les abords de la Place Simon-Valois seront transformés en un nouveau concept de « rues partagées » en 2020. Le projet vise en effet à aménager deux sections de rues partagées sur la rue Ontario et l’avenue Valois avec un éclairage et du mobilier urbain distinctifs, ce qui augmentera considérablement la superficie actuelle de la Place Simon-Valois. Le concept d’inspiration européenne aidera aussi grandement à faire cohabiter de façon harmonieuse les déplacements entre automobiles, cyclistes et piétons.

Esquisse d’une partie de la Place Simon-Valois projetée pour 2020. (Image fournie par l’arrondissement MHM).

Plus à l’ouest dans le secteur Mercier, la situation du commerce de détail est très différente. Si la population est beaucoup plus grande dans ce secteur de l’arrondissement (environ 100 000 personnes pour près de 40 000 dans Hochelaga-Maisonneuve), le territoire est aussi beaucoup moins densifié. Résultat : les zones commerciales sont aussi beaucoup moins denses, si on exclut bien sûr le centre commercial Place Versailles, qui constitue un maillon important du secteur commercial dans Mercier avec ses 225 places d’affaires. La rue Hochelaga entre les rues Curatteau et Paul-Pau (et une partie de Des Ormeaux) s’est aussi fortement dynamisée depuis la création de l’Association des commerçants Hochelaga-Tétreaultville en 2016, qui regroupe aujourd’hui plus d’une quarantaine de membres. « Ce secteur a beaucoup de potentiel de développement car la population avoisinante rajeunit et, on le sait, la nouvelle génération affectionne beaucoup plus les commerces de proximité et la vie de quartier que la génération précédente. D’après-moi ce coin de Mercier va continuer de se développer dans les prochaines années et l’administration municipale y met d’ailleurs beaucoup d’efforts », soutient Renaud Fortin.

PRAM-Commerce

Le programme de subvention PRAM-Commerce, pour la rénovation des commerces et des bâtiments commerciaux, est effectif sur le territoire de la Société de Développement Commercial Hochelaga-Maisonneuve (rues Ontario et Sainte-Catherine Est). Pour les intéressés, il faut toutefois faire vite car le programme prendra fin le 15 septembre 2019 (24 mois sont alloués pour effectuer les travaux). Offert par la Ville de Montréal, le PRAM-Commerce permet aux propriétaires immobiliers, aux commerçants, et aux entrepreneurs désirant s’implanter dans le quartier, de bénéficier d’une subvention pouvant aller jusqu’à 270 000$. Le soutien financier peut couvrir jusqu’à 50 % des honoraires professionnels en design d’aménagement et 33 % du coût des travaux en rénovation.

Les travaux admissibles comprennent la transformation des façades, l’aménagement des accès au bâtiment ou de terrasses permanentes, l’installation et la modification d’enseignes et auvents, l’éclairage extérieur, les éléments structuraux et la rénovation intérieure du commerce ou son agrandissement. Pour en savoir davantage sur les modalités du programme consultez la page Web : https://hochelaga.ca/entreprendre/