La rue Ontario, principale artère commerciale d’Hochelaga-Maisonneuve. (Photos : EMM).

COVID-19 : DUR COUP POUR LES COMMERÇANTS LOCAUX

Si les marchés d’alimentation et les pharmacies roulent à plein régime ces temps-ci, c’est évidemment tout le contraire pour la grande majorité des autres commerces de proximité. Que l’on parle de services ou de commerces de détail, le chiffre d’affaires est tellement faible depuis le début de la crise du coronavirus que chaque jour amène son lot de fermetures temporaires sur les artères commerciales montréalaises, et bien sûr l’Est de la ville n’y échappe pas.

Cet après-midi, sur la rue Ontario dans Hochelaga-Maisonneuve, la principale rue commerciale du quartier, les promeneurs se faisaient rares, tout comme sur la rue Masson, dans Rosemont, et sur les deux artères on pouvait constater que plusieurs commerces étaient déjà fermés. « Il y a effectivement très peu de gens dans les commerces depuis le début de la crise, ça n’a vraiment rien à voir avec l’achalandage normal, et cela occasionne évidemment une baisse extraordinaire des ventes pour plusieurs qui n’ont tout simplement pas les moyens de rester ouverts dans de telles conditions », explique Jimmy Vigneux, directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve. À cela s’ajoute bien sûr tous les cas de fermetures volontaires afin de limiter l’exposition des employés et clients au coronavirus, suivant les recommandations de la Santé publique, lorsque cela est possible pour les propriétaires de commerces non-essentiels.

Rue Masson, dans Rosemont.

Dans ces circonstances, quel est le mot d’ordre de la SDC Hochelaga-Maisonneuve pour le public? « C’est sûr que les premières règles à suivre, ce sont celles dictées par les autorités, en particulier de rester chez soi autant que possible. Ensuite, comme il faut bien se nourrir, et acheter certains trucs au quotidien, ne serait-ce que des vêtements de base, des jouets pour les enfants, etc., alors allez chez vos commerçants de quartier qui sont toujours ouverts. Comme tout le monde, ces gens ont besoin de leur paye à la fin de la semaine. Leurs boulots ou leurs commerces sont en danger en ce moment », affirme Jimmy Vigneux.

Un impact proportionnel à la durée

Selon le directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve, la plupart des commerçants de quartier peuvent probablement surmonter une situation exceptionnelle comme celle que nous vivons actuellement pendant quatre ou cinq semaines, avec plus ou moins de séquelles selon leurs situations financières respectives, mais au-delà de cette période, les effets seraient sûrement dramatiques pour nombre d’entrepreneurs. « On entend de plus en plus des différents paliers de gouvernement que le confinement des personnes pourrait perdurer encore de nombreuses semaines, et c’est cela qui est inquiétant pour les petits commerçants. Plus la crise va s’allonger, plus il va y avoir des fermetures, des faillites, c’est inévitable », soutient Jimmy Vigneux, qui avoue recevoir passablement d’appels téléphoniques cette semaine de la part de propriétaires de commerces qui s’inquiètent de l’évolution de la crise.

Jimmy Vigneux, directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve. (Photo : SDC HM).

Après certaines mesures d’aide financière qui ont été annoncées en début de semaine par le gouvernement Legault pour les entreprises et les travailleurs à statut précaire, Ottawa a à son tour annoncé hier un important programme de soutien, dont notamment une subvention de 10 % des salaires pour les entreprises qui poursuivent leurs activités, un report des impôts à payer et autres mesures qui donneront un coup de pouce aux petits entrepreneurs. Mais est-ce que cela sera suffisant si la situation perdure? « Chose certaine, on voit que la mobilisation des instances publiques actuellement est forte et que tout le monde est en mode solution, l’aide est en train de s’organiser. Le défi pour les commerçants de quartier en ce moment, c’est de leur acheminer l’aide financière rapidement avant que leurs comptes de banque ne soient à sec, voire même leurs marges de crédit. Faudra voir aussi comment tous les programmes d’aide qui s’annoncent vont s’arrimer, et si en bout de ligne ce sera suffisant. Mais c’est clair et je le répète, plus la crise va s’allonger, plus on risque de voir des commerces disparaître », exprime M. Vigneux.

Scène surréaliste pour un beau jeudi après-midi aux Galeries d’Anjou : le stationnement du magasin La Baie (fermé) est complètement désert.

La Ville de Montréal s’apprête également à annoncer son plan d’aide aux entreprises dans les prochains jours selon la mairesse Valérie Plante. Les dirigeants des SDC de Montréal ont d’ailleurs participé mardi dernier à une conférence vidéo avec le Service économique de la ville afin d’élaborer un plan d’action pour soutenir les commerces de la Métropole. « Nous avons beaucoup discuté de la relance éventuelle des activités économiques, de l’après-crise du coronavirus, de comment la ville pourra aider à redémarrer la machine. Car on le sait, les impacts seront probablement énormes sur les artères commerciales et on espère qu’il n’y aura pas trop de commerçants qui devront fermer leurs portes. Le positif dans tout cela, c’est qu’il y aura visiblement de l’aide de tous les paliers de gouvernement. Ce sera extrêmement important d’aider les petits entrepreneurs dans nos quartiers, pour toute la population et l’économie locales bien sûr, mais il faut aussi avoir en tête que pour plusieurs, leur boutique ou leur commerce, ça représente le travail d’une vie », conclut M. Vigneux.