Maquette originale du complexe Rosemont Les Quartiers, du groupe Sélection Retraite.

COURTIER EN RÉSIDENCES PRIVÉES POUR AÎNÉS : POURQUOI S’EN PASSER?

Elles n’aiment par le terme, mais dans les faits, c’est la définition qui se rapproche le plus de leur travail. Les 18 conseillères en résidences privées de l’agence Résidences-Québec.ca trouvent donc pour chaque aîné qui en fait la demande, dans la plupart des grands centres urbains du Québec, la résidence privée idéale,  « en fonction de leur état de santé, de leur personnalité, de leur style de vie, et bien sûr de leur budget. » C’est du moins ce qu’affirme d’emblée Nathalie Perrault, conseillère principale de cette agence qui découle depuis quatre ans du site du même nom, dont la mission originale était, et est toujours, d’offrir un répertoire en ligne des résidences et des ressources pour personnes âgées partout dans la province (www.residences-quebec.ca).

Quoique ce service n’est pas nouveau, il existerait au moins une dizaine de ressources du genre au Québec, on peut cependant dire qu’il est en pleine progression depuis quelques années, probablement en parallèle avec le nombre croissant de personnes âgées et de résidences qui ne cessent de se bâtir. Et la beauté de la chose, c’est que la plupart des agences offrent le service tout à fait gratuitement pour les clients, leur rémunération provenant des résidences privées sous forme de commissions, de là la perception d’un travail de courtier. « Si on veut, mais nous ne sommes définitivement pas au service des résidences, mais plutôt des personnes âgées. Si on ne faisait que placer des gens, sans égard à leurs véritables besoins et leurs attentes, on se ferait rapidement un mauvais nom dans le milieu et notre carrière se terminerait vite. Sans compter que les résidences elles-mêmes, qui veulent des clientèles qualifiées en fonction de leurs offres, ne voudraient plus traiter avec nous si on leur soumettait n’importe qui », explique Mme Perrault.

La conseillère principale de Résidences-Québec.ca, Nathalie Perrault.

Ajoutons à cela que la grande majorité des cas soumis à ces agences sont référés par des travailleurs sociaux… alors que le système de santé ne paie aucuns frais pour couvrir les coûts des conseillers, même s’ils n’arrivent pas toujours à trouver une résidence et qu’ils obtiennent donc aucune commission. « Une situation peut évoluer très vite pour une personne âgée, surtout si elle est mal en point lorsque l’on commence à faire des démarches pour lui trouver une résidence, ou encore les coûts de soins et de résidences s’avèrent, avec analyse et recherches, trop élevés pour elle et que finalement, c’est un cas du secteur public. Alors tout notre temps et nos dépenses, comme nos frais de transport pour se rendre chez cette personne, dans les hôpitaux et dans les résidences, seront entièrement à notre charge. Cela arrive très souvent, mais ça fait partie de notre domaine d’activité », déplore Mme Perrault. Soulignons également que le gouvernement dirige systématiquement les personnes qui en ont les moyens vers les résidences privées afin de désengorger le réseau de résidences publiques. Les gens « en moyens » peuvent attendre longtemps avant d’avoir une place dans le public…

Quand ça presse…

La situation typique qui génère un appel chez Résidences-Québec.ca, selon la conseillère, est celle où un aîné se voit contraint de quitter son milieu de vie autonome, par recommandation des autorités médicales ou des services sociaux. On parle souvent de moins de deux semaines avant une sortie de l’hôpital ou encore du centre de réadaptation. « Quand l’enfant de l’aîné, le conjoint ou le proche aidant appelle, c’est souvent leur détresse qu’on entend. Il faut organiser le déménagement rapidement, trouver la résidence qui va offrir les services que la personne a besoin, dans un environnement le plus accueillant possible pour elle, et respectant sa capacité de payer. Ils ne savent plus où donner de la tête, et le premier appel dure souvent assez longtemps afin de débroussailler tout ça », soutient Nathalie Perrault. Bien sûr, les incapacités physiques de l’aîné sont toujours des déterminants pour « prescrire » la vie en résidence, mais il y aussi, et de plus en plus, selon la conseillère, les pertes cognitives associées à la démence ou à la maladie d’Alzheimer qui commandent un environnement supervisé pour les personnes âgées. « Les pertes cognitives sont, d’après mon expérience, une source plus importante aujourd’hui d’inscription en résidences que les limitations physiques. Du moins c’est ma perception », soulève Mme Perrault.

La première étape pour le conseiller sera de déterminer si la personne a les moyens de vivre dans une résidence privée, selon ses besoins en termes d’autonomie et de soins. Dans la plupart des cas, les personnes qui n’ont que leur pension du gouvernement sans autre revenu et sans économies significatives, ne pourront se retrouver en résidence privée même si elles ont droit au crédit d’impôt pour maintien à domicile (ce crédit d’impôt est d’ailleurs ce qui permet à une majorité d’aînés d’accéder aux résidences privées, même s’ils ont travaillé toute leur vie). « Pour une ressource intermédiaire privée avec système de sécurité codé, où les gens sont encore mobiles, avec soins d’hygiène de base et quelques petits services comme aller chercher certains résidents lors des repas (résidents aux prises avec des pertes cognitives légères par exemple), avec service alimentaire fourni, on parle d’une chambre ou d’un studio pouvant varier entre 2 000 $ et 3 500 $ mensuellement, et on peut monter facilement dépendant du luxe que l’on recherche et les services que l’on est prêt à payer », affirme Mme Perrault. Elle ajoute que pour un CHSLD privé, « c’est au minimum 3 500 $, et plus souvent qu’autrement au moins 5 000 $ par mois », donc pas étonnant que seul un très faible taux de la population peut se payer un CHLSD privé. Dans le système public, le CHSLD va exiger généralement du résident un déboursé de 1 900 $ par mois, mais les coûts réels seraient évalués à plus de 8 000 $ par mois selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Quand la question du budget disponible est réglée, il faut ensuite déterminer les besoins de la personne au niveau des soins et des services requis, la région à privilégier, idéalement pour être près de la famille et des proches, les goûts, la personnalité et le style de vie de l’aîné, etc., et ce afin de cibler pour ce dernier la meilleure résidence possible. « C’est en quelque sorte la rencontre de famille qui va être très importante pour analyser tout ça, et bien sûr la rencontre avec la personne âgée elle-même. On se déplace donc chez elle, ou dans le milieu hospitalier, et on la rencontre avec ses proches. Par la suite on fait les recherches, on prépare un plan, on leur présente la solution et c’est à eux d’accepter ou non. On organisera les visites, on récupérera les rapports médicaux et autres papiers importants, nous finaliserons le bail le cas échéant, bref, il s’agit vraiment d’un service clef en main, d’un accompagnement du début à la fin du processus », explique la conseillère. Et ce, rappelons-le, sans frais pour le commun des mortels.

Toutes les résidences privées, ou presque

Évidemment, la question se pose : est-ce que l’agence représente certaines résidences ou l’ensemble des résidences privées? « En fait, sur les territoires que nous desservons, pratiquement toutes les résidences de moyenne et grande envergure, offrant tous les niveaux de services, reconnaissent notre travail et nous rémunèrent. Par contre, il arrive que des petites résidences de quelques unités seulement ne peuvent se payer un service comme le nôtre, mais c’est l’exception. Et si cette résidence s’avère selon nous la meilleure solution pour le client, on va le référer quand même à cet endroit sans hésitation », souligne Nathalie Perrault.

Même si le service de « courtier » en résidences privées est plus souvent qu’autrement utilisé pour les cas urgents (75 % du temps selon Mme Perrault), et pour les personnes en perte d’autonomie, les aînés autonomes peuvent aussi utiliser le service, toujours gratuitement. « Sur notre site les gens peuvent trouver les coordonnées de toutes les résidences dans leur région offrant tous les services désirés. Toutefois, quand on réalise que 20, voire 30 résidences sont disponibles, se renseigner sur plusieurs d’entre-elles peut être un travail de longue haleine et même ardu. Comme nous connaissons très bien chacune d’elles, on peut rapidement diriger et accompagner les aînés autonomes, toujours sans frais, et ça ne leur coûtera pas plus cher que s’ils négocient directement avec les résidences. Mais quand les gens sont en santé et vraiment autonomes, on privilégie, on leur conseille en fait, d’habiter leur maison ou leur logement le plus longtemps possible », conclut Mme Perrault.

Perspective du projet global Station Est, du Groupe Maurice.