Le magasin Recyborg, rue Sainte-Catherine Est, dans Hochelaga (Emmanuel Delacour/EMM)

UNE COOP DE MHM REDONNE VIE AUX DÉCHETS ÉLECTRONIQUES

On a tous un vieil appareil électronique qui traîne dans un fond de tiroir et dont on ne semble jamais pouvoir se débarrasser. Pour nous faciliter la vie, une entreprise d’économie sociale d’Hochelaga s’est donné pour mission d’accueillir nos gadgets indésirables et notre ferraille encombrante pour les recycler ou leur donner une seconde vie.

Recyborg a pignon sur rue au 3811, Sainte-Catherine Est depuis 2020. Les trois membres fondateurs de la coopérative voulaient répondre à un besoin important dans l’est, soit le manque de points de dépôt pour les objets qu’on ne peut pas jeter dans le bac de recyclage. « Les écocentres, c’est quelque chose qui existe, mais ça ne suffit pas à combler tous les besoins de recyclage dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve. Ici, il n’y a pas d’écocentre et le plus proche est dans Rosemont. Ça prend 20 minutes pour s’y rendre et il faut avoir un véhicule si on a des objets encombrants. On s’aperçoit que même si les gens sont sensibilisés à l’importance du recyclage, on ne leur donne pas beaucoup d’options quand il est temps d’aller déposer, par exemple, un climatiseur », explique François Pedneault, cofondateur de la coopérative.

Effectivement, dans l’est de Montréal, on ne retrouve que deux écocentres : un situé dans le quartier Saint-Michel et l’autre dans le secteur de Rivière-des-Prairies.

Les membres de la coopérative, incluant François Pedneault (deuxième à partir de la gauche) (Courtoisie Recyborg)

M. Pedneault et ses comparses voulaient ainsi s’installer dans un quartier résidentiel, à proximité des citoyens, afin que ces derniers puissent aisément accéder à leurs services. Ainsi, deux activités principales animent l’entreprise d’économie sociale, soit la récupération des objets électroniques et de la ferraille, ainsi que la revente des articles qui ont pu être requalifiés.

Recyclage et revente

Chez Recyborg, on accepte un large éventail d’objets qui, dans d’autres circonstances, se seraient retrouvés au dépotoir. La liste va des rebuts de métal aux articles de quincaillerie, en passant par les climatiseurs et les petits dispositifs électroniques, tout en incluant les piles de toutes sortes. La plupart des choses proviennent de dons ou du service de collecte de l’entreprise.

Une véritable caverne d’Alibaba se trouve à l’intérieur des murs de Recyborg (Courtoisie Recyborg)

« On accepte une grosse variété d’objets, mais ce sont essentiellement des appareils avec des composantes électroniques ou de la ferraille. Ces objets ont en commun le fait qu’on pourra toujours leur trouver un débouché, que ce soit en les revalorisant ou en les recyclant. Il y a toujours un peu d’argent à faire avec du métal, même s’il est « scrap » ou avec des circuits électriques », affirme le cofondateur. Avec des partenaires tels que l’Association pour le recyclage des produits électroniques, Recyborg peut facilement envoyer les articles impossibles à réparer vers des entreprises de recyclage et d’extraction de matières précieuses.

Dans son rapport d’opérations 2022, la coopérative indique avoir détourné des dépotoirs 10 tonnes de composantes électroniques, 43 tonnes de métaux, 280 kg de batteries et 45 kg de gaz divers. L’entreprise a aussi revalorisé 5400 items cette même année.

Une autre preuve que les opérations iraient bon train, depuis l’ouverture de son magasin de la rue Sainte-Catherine Est, la coopérative a ouvert une deuxième succursale dans le quartier Pointe-Saint-Charles.

Si plusieurs citoyens trouvent leur compte dans ce nouveau point de dépôt, d’autres, dotés d’une passion pour le bidouillage, seront ravis d’apprendre que Recyborg vend une panoplie d’appareils remis à neuf et de matériaux recyclés, comme du bois, de l’aluminium et de l’acier. « Plusieurs personnes, lorsqu’elles découvrent notre magasin en passant devant, dans la rue, vont croire qu’on est un « pawnshop » ou un magasin de réparation. Ça ne fait pas partie de notre mission pour l’instant d’offrir un service de réparation, parce que c’est coûteux et que ça demande beaucoup d’espace de rangement », souligne M. Pedneault. Cela n’empêche pas certains artistes d’y trouver des trésors qui viennent compléter leur projet cinématographique ou leur installation audiovisuelle.

Enfin, on y propose récemment des ateliers et des formations, notamment en électronique, pour les personnes qui souhaitent s’initier à l’univers des circuits et des logiciels libres de droits.


Note de PME MTL Centre-Est :

L’économie sociale, une solution pour un développement intégré de l’est de Montréal

L’économie sociale vise à intégrer des objectifs économiques, sociaux et environnementaux dans le développement d’un territoire ou d’une communauté. Dans le contexte de l’est de Montréal, où il peut exister des défis socioéconomiques et des besoins spécifiques, l’économie sociale peut jouer un rôle clé dans la promotion d’un développement intégré et équilibré.

Ces atouts offrent des opportunités de développement économique, social et culturel pour l’est de Montréal. En capitalisant sur ces forces, l’est de Montréal peut renforcer son attractivité et stimuler sa croissance de manière durable et intégrée.

Il convient de noter que l’économie sociale ne peut être la seule réponse au développement intégré de l’est de Montréal. Cependant, elle constitue un outil important qui peut compléter d’autres approches et initiatives de développement.

À travers cette série dédiée à l’économie sociale, des acteurs qui façonnent le territoire seront mis de l’avant. Vous ferez sans doute de bien belles découvertes!


Cette série spéciale est financée par PME MTL Centre-Est et la Caisse d’économie solidaire Desjardins