COMMUNAUTO CIBLE L’EST DANS SON PLAN D’EXPANSION DE L’AUTOPARTAGE
Bien que l’entreprise d’autopartage Communauto se soit largement développée à travers le Canada depuis sa création il a 30 ans – atteignant même la région parisienne en France –, son accroissement dans l’est de la métropole est demeuré jusqu’ici particulièrement timide. Cependant, le plan d’expansion de l’organisation « à vocation sociale, environnementale et urbanistique » prévoit pour la prochaine année l’élargissement progressif du territoire couvert par son service FLEX et l’ajout de nouvelles stations, notamment dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT).
« On essaie d’être partout, et un jour, ça sera peut-être le cas… ou presque! Mais il y a un certain temps et une certaine vitesse qu’on doit respecter pour arriver à le faire », confie le vice-président (VP) au développement stratégique de Communauto, Marco Viviani.
Au printemps 2024, l’entreprise d’autopartage a annoncé une expansion importante pour l’année à venir, notamment dans certains secteurs de l’est de l’île, où sa présence est encore limitée. Cette bonification de son service permettra de répondre à la demande croissante constatée un peu partout à Montréal. « L’autopartage est une façon efficace pour de nombreux Montréalais d’avoir accès à une mobilité automobile, qui est dans certains cas indispensable, sans avoir à dépendre d’un véhicule et à débourser des frais fixes et d’entretien importants, explique M.Viviani. C’est certain que le système qu’on propose n’est pas adapté à toutes les situations et tous les besoins. Mais ce qui est intéressant, c’est que la plupart des usagers de Communauto vont aussi utiliser davantage le vélo et le transport en commun pour se déplacer en complémentarité du service, donc celui-ci permet une réduction globale des kilomètres parcourus en voiture », précise-t-il.
Pour 2024-2025, le plan de croissance de Communauto prévoit l’ajout de 1 100 voitures (comprenant 85 voitures électriques et 70 minifourgonnettes) à travers le territoire montréalais, dont 900 véhicules en station (avec réservation dans une station Communauto choisie) et 200 en utilisation FLEX (sans réservation avec libération libre de la voiture à l’intérieur de la zone de desserte).
Un accroissement « lentement mais sûrement » dans l’est
Selon des données récoltées par l’entreprise au cours de la dernière année, 14 % des ménages de la métropole utilisent actuellement les services de Communauto. Environ 30 % de ces ménages se trouvent dans les secteurs de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal, alors que dans l’est, on relève que seulement 1 % à 2 % des ménages du secteur de RDP–PAT se tournent vers l’autopartage.
Pourquoi cet intérêt si faible dans l’est, duquel résulte une croissance « frileuse » du service? Marco Viviani explique que, sans surprise, la compétition numéro un de Communauto est le fait de « posséder une voiture » et que les résidents de l’est sont encore nombreux à en détenir une à la maison. « Dans les secteurs de l’est où il y a peu de transport en commun, peu de proximité, moins de densité, beaucoup de personnes vont utiliser leur propre véhicule. Donc oui, ce sont des endroits où ça va nous prendre plus de temps pour s’implanter, mais on y arrive », assure-t-il.
Dans ce secteur de la métropole, le nombre d’usagers a tout de même connu « une belle progression depuis les trois dernières années », selon le VP au développement stratégique de Communauto. « Il y a trois fois plus d’abonnés à Communauto dans les arrondissements de l’est qu’en 2019, ce qui nous permet aujourd’hui d’arriver à une cinquantaine de véhicules dans 29 stations réparties. À Montréal, présentement, on a 3 800 voitures et on en ajoutera plus de 1 000 cette année. Mais avec un territoire si grand à couvrir, on est quand même encore dans des chiffres relativement petits », admet M.Viviani. D’après ce dernier, la croissance, qu’on chiffre à 30 % cette année, se fait tout de même relativement plus vite qu’aux balbutiements de Communauto.
L’entreprise vise plus particulièrement à développer sa présence sur les territoires de Saint-Léonard, RDP, PAT et Anjou. « On parle d’ajouter environ 6 à 10 nouvelles stations et entre 10 et 20 véhicules de plus. Il y aura aussi des élargissements de la zone FLEX dans ces secteurs, qui débuteront possiblement après l’été », indique Marco Viviani.
Et Communauto prévoit une croissance « 8 fois plus élevée dans l’est qu’en 2019, d’ici 2028 », selon ce dernier.
Un modèle basé sur l’offre et la demande
Le fonctionnement de Communauto, plus particulièrement son développement à travers la ville, est une question d’équilibre, explique M.Viviani, qui travaille pour l’entreprise depuis plus de 20 ans. « Plus on s’approche des gens et plus on génère de la demande. Ce qui nous permet ensuite de dire : « OK, on va installer de nouvelles stations et des points de service supplémentaires. » Le mécanisme est toujours le même pour les stations : les véhicules disponibles en station dépendent des usagers qu’on va avoir autour. Pour FLEX, l’élargissement de la zone desservie va aussi dépendre de la surface de territoire qu’on couvre et si on a déjà une masse critique d’usagers. »
Concernant les usagers par secteur, l’accroissement de leur nombre dépendra de plusieurs facteurs interreliés, comme la disponibilité du transport collectif ou le développement commercial, explique M.Viviani. « Si des résidents constatent que le transport en commun est davantage disponible dans leur secteur, alors ils vont commencer à penser à se débarrasser de leur voiture. Par exemple, si un secteur autrefois industriel se développe en quartier résidentiel plus dense et qu’on y retrouve du transport en commun, alors des commerces vont s’y implanter, les gens vont s’y déplacer pour faire leurs achats, mais les trajets seront alors plus courts et accessibles. Donc, posséder une voiture ne deviendra plus aussi indispensable. Ils vont penser à Communauto pour leur mobilité automobile occasionnelle. C’est vraiment une roue qui tourne. »
Autopartage entre citoyens et organisations
Autre nouveauté du plan d’expansion 2024 de l’entreprise d’autopartage, un projet pilote axé sur la mutualisation des véhicules, pour les organisations et les citoyens, qui vise à réduire les coûts et faciliter les déplacements. L’initiative consiste à louer à une entreprise un nombre de voitures Communauto, incluant l’essence, l’entretien et le coût de l’assurance, qu’elle peut utiliser pendant la journée de travail. Les véhicules loués sont donc empruntés par les employés sur les heures de bureau, puis ensuite retournés à un emplacement défini. En soirée, les voitures Communauto retournent dans la collectivité et peuvent de nouveau être utilisés par les citoyens. Communauto facture à l’entreprise le montant de location prévu en déduisant les revenus générés par l’utilisation citoyenne.
« Ce procédé permet aux entreprises, notamment de petite ou moyenne taille, de faciliter le partage des automobiles entre les employés, de réduire leur coût pour leur parc de véhicules, tout en partageant par la même occasion ces mêmes véhicules avec les citoyens. Habituellement, quand une entreprise décide d’acheter plusieurs véhicules à prêter aux employés, l’entièreté des dépenses lui revient. Mais comme les voitures Communauto de l’entreprise sont louées les soirs ou la fin de semaine par la population, elle vient récupérer une partie des coûts », explique Marco Viviani.
Le projet pilote, qui a été testé précédemment avec la Ville de Trois-Rivières, la Ville de Victoriaville ou encore l’Université de Sherbrooke, a connu du succès en plus de générer des économies intéressantes, selon le VP. « La Ville de Trois-Rivières a payé 67 % du montant de location convenu (33 % a été payé par l’usage privé), essence incluse. Ça représente environ 55 % du prix de location habituelle. »