Simons aux Galeries d’Anjou. (Photo : EMM).

FAIRE REVIVRE LE COMMERCE DE DÉTAIL DANS L’EST

Au fil des dernières années, les stratèges des rues commerciales et ceux des centres commerciaux de l’Est de Montréal ont déployé diverses mesures afin d’attirer les magasineurs et leurs dollars. Regard sur l’impact de certaines de ces initiatives.

Incitatif à l’achat local, valorisation des commerces de proximité, positionnement stratégique de destination mode, voilà quelques-unes des approches mises en place par les décideurs ces dernières années afin de revitaliser les artères commerciales de l’Est de Montréal et les centres commerciaux.

Ainsi, du côté de la SDC Hochelaga-Maisonneuve, qui représente environ 200 commerçants de la Promenade Ontario et une centaine de la rue Sainte-Catherine Est, on a adopté il y a trois ans des stratégies différentes pour chacune des deux artères.

Tabler sur le local et la proximité

Pour la Promenade Ontario, l’accent a été mis sur la présence de multiples commerces de proximité afin d’inciter les habitants du quartier à fréquenter les boutiques locales.

« Depuis une dizaine d’années, le quartier change, indique Jimmy Vigneux, directeur général de la SDC. Des gens quittent des quartiers comme le Plateau Mont-Royal et Rosemont pour s’installer chez nous en raison des prix plus abordables des loyers et des maisons. Toutefois, plusieurs avaient le réflexe de continuer d’aller magasiner dans leur ancien secteur. Nous avons donc tablé sur une approche misant sur le sentiment d’appartenance et l’impact positif de l’achat local sur la vie de quartier. »

Parmi les éléments implantés, notons Le branle-bas d’Hochelaga, une fête de quartier qui s’étale sur quatre jours au printemps depuis quatre ans et qui met en vedette commerçants et artistes d’arts de rue locaux. Pour sa part, Shows de ruelle tourne autour d’un concept de spectacles musicaux gratuits présentés cinq jeudis de suite dans la ruelle Gaboury et le parc Morgan. Chaque année, au-delà de 10 000 personnes y assistent.

Valorisation des créateurs

Pour ce qui est de la rue Sainte-Catherine Est, la stratégie adoptée repose sur la mise en valeur des créateurs. Boutique de vêtements conçus à la main, pâtisserie artisanale, luthier, commerce de housses de couette, etc., les ateliers-boutiques ici sont maintenant en vedette. Dans cette optique, on présente depuis quatre ans La Grande Fabrique. Ce rendez-vous de deux jours tenu en août permet de découvrir plus de 250 artisans locaux sur un parcours d’environ un kilomètre. Ce vaste rassemblement extérieur d’artisans, de designers et de fabricants de produits écoresponsables, locaux et de qualité met en valeur l’artisanat et le commerce local, en plus d’encourager un mode de vie écoresponsable.

Engouement commercial, fierté nouvelle

À ce chapitre, Jimmy Vigneux annonce qu’un important plan de développement durable sera prochainement mis en place, question de répondre aux préoccupations grandissantes des consommateurs, mais également de leur faire vivre une expérience-client unique. « Verdissement des artères, élimination de la styromousse et des tasses à café jetables, les composantes seront nombreuses et variées, lance-t-il. Cela dit, l’idée de base demeure de valoriser la vie de quartier et de continuer de développer une fierté locale. »

Jimmy Vigneux. (Photo : courtoisie).

S’il ne dévoile pas de chiffres pour valider l’efficacité des diverses initiatives, Jimmy Vigneux évoque un « engouement commercial » pour en confirmer le succès. « Des villes nous contactent couramment pour en savoir plus sur notre recette, indique-t-il. Elles cherchent à reproduire en quelque sorte le modèle de grand village que nous avons instauré. D’ailleurs, le sentiment d’appartenance et de fierté est tel que des gens portent désormais des t-shirts sur lesquels est inscrit le mot Hochelaga, une chose qui aurait été impensable autrefois. »

Faire de l’Est une destination mode

Du côté de CF Galeries d’Anjou, on n’a pas lésiné pour transformer le célèbre centre commercial. Ainsi, en 2013, son entreprise propriétaire, Cadillac Fairview, a investi pas moins de 87 millions $ dans la rénovation et l’agrandissement du centre afin d’y accueillir le détaillant québécois de vêtements Simons.

L’un des objectifs de l’initiative était de doter l’endroit d’un positionnement stratégique axé sur la mode. « On sentait la concurrence de plus en plus forte de la Place Versailles, située sur la rue Sherbrooke Est, mais aussi de centres plus éloignés, comme Rockland, installé le long de l’autoroute métropolitaine près de l’autoroute 15 direction nord, et les Galeries Rive-Nord, qui se trouvent à Repentigny, indique Danielle Lavoie, vice-présidente principale et directrice du portefeuille de Cadillac Fairview. Par conséquent, nous avons jugé bon de doter les Galeries d’Anjou d’un branding axé sur la qualité des détaillants présents, en commençant par Simons, qui bénéficiait d’une excellente perception aux yeux du public en général. »

Des bannières fortes

Il faut dire que la direction de Cadillac Fairview connaissait déjà l’équipe de Simons, car les magasins de ce dernier étaient déjà présents dans certains des autres centres que possède l’entreprise, dont les Promenades Saint-Bruno, en Montérégie, et le Carrefour Laval. « Son implantation à Anjou s’inscrivait dans une approche plus globale visant les consommateurs de 25-35 ans récents diplômés universitaires et adeptes de mode et de restos, des gens avec lesquels nous voulons grandir. »

Danielle Lavoie. (Photo : courtoisie).

En 2018, l’exploitant a réinvesti 25 autres millions $ aux Galeries d’Anjou, cette fois afin d’aménager les anciens espaces occupés par les défuntes bannières Zellers, Eaton et Target, puis d’y recevoir, entre autres, sur 125 000 pieds carrés, le détaillant Winners, mais aussi les restaurants La Belle et le Bœuf ainsi que Bâton Rouge, de même qu’une boutique de la marque de café Nespresso.

Des mesures qui font sonner la caisse

Résultat de ces mesures implantées, des augmentations qui se situent « dans les deux chiffres » autant pour la fréquentation du centre que la durée moyenne des visites et la valeur moyenne des dollars dépensés par les consommateurs, indique Danielle Lavoie.

Celle-ci admet du même souffle que la conjoncture a favorisé son centre, citant notamment l’ouverture du pont de l’autoroute 25 il y a quelques années. « Nous avons tout de suite noté un nouvel achalandage en provenance de l’Est de l’île de Laval, mais aussi de Terrebonne et de Mascouche. »

Les dirigeants de la Place Versailles et de la Promenade Masson n’ont pas répondu à nos demandes écrites d’entrevue.