COHABITATION RÉSIDENTIEL-INDUSTRIEL : LA COMMUNICATION EST ESSENTIELLE POUR L’AIEM
L’activité industrielle peut induire des problématiques de nuisance, de cohabitation et de relation avec la communauté avoisinante. Depuis sa création en 1960, l’Association industrielle de l’Est de Montréal (AIEM) a la volonté de tisser un lien fort avec la population à travers son volet communication afin de réduire au minimum les tensions possibles.
L’AIEM regroupe 13 membres (Énergir, Enbridge, Suncor, et autres grands industriels…) qui œuvrent dans des secteurs d’activités variés tels que le raffinage de pétrole, la chimie, la pétrochimie, la métallurgie et le gaz naturel. Selon des principes de développement durable et de responsabilité sociale, chaque membre met en place des mesures préventives pour réduire les risques d’incidents et partage les rapports qui en découlent à l’association. Cette dernière fait régulièrement des calculs qui permettent de quantifier tout risque : « En terme de probabilité, c’est 1 chance sur 1 million. Je serais malhonnête de dire qu’il n’y a pas de risque, mais ce risque-là est vraiment très faible. Maintenir la communication est justement une façon de minimiser ce risque-là », explique Dimitri Tsingakis, président-directeur général (PDG) de l’AIEM.
Dialoguer pour protéger
Bien que les entreprises fassent tout ce qu’elles peuvent pour réduire le taux de risque d’accidents au minimum, il existera toujours un « risque résiduel », c’est-à-dire un risque non géré malgré la mise en place de mesures efficaces de réduction et d’intervention. Dans ce contexte, l’AIEM forme les citoyens afin qu’ils sachent quoi faire en cas de problème. Par exemple, elle leur enseigne à se mettre à l’abri s’ils entendent la sirène dont l’association dispose.
L’association possède également une ligne d’information (514 645-8111) : « Tout citoyen qui souhaite avoir des informations sur des activités industrielles du secteur peut nous appeler », informe Dimitri Tsingakis. Chaque message est traité dans un délai d’un à deux jours ouvrables.
L’organisme utilise également les canaux de communication des autorités publiques pour transmettre l’information : « Lorsqu’il arrive des arrêts ou des situations anormales dans des usines, on émet des avis qui sont diffusés sur notre site et nos médias sociaux, et envoyés à une liste de courriels d’environ 300 personnes », explique le PDG de l’AIEM.
Lors de certains événements, l’association anime un kiosque afin de se faire connaître, mais Dimitri Tsingakis reconnaît qu’il est parfois complexe d’engager la conversation : « Les citoyens sont préoccupés par les activités industrielles, mais ne sont pas intéressés par les activités industrielles ». En réaction à cette situation, l’AIEM a décidé d’intervenir dans les classes de quatrième année depuis 2023 : « Les jeunes peuvent être un bon vecteur de transmission d’information. Ils sont souvent plus curieux et réceptifs », relève le PDG. En compagnie des pompiers, Dimitri Tsingakis sensibilise les élèves aux activités industrielles et aux mesures de protection que les jeunes peuvent mettre en place : « On le fait de façon ludique afin que ce soit adapté à leur âge », explique l’homme.
Des comités disponibles
Depuis 1997, l’AIEM a créé un groupe de travail qui a mené à la fondation en 2001 de l’actuel Comité de liaison de l’industrie et de la communauté (CLIC). Ce mécanisme d’informations et d’échanges a organisé des dizaines de rencontres qui ont permis à la communauté d’être mieux informée des activités des industries œuvrant sur le territoire. En 2010, le CLIC s’est scindé en deux comités. Le comité consultatif de l’AIEM regroupe une douzaine de personnes, dont les représentants industriels, et se réunit deux fois par an pour discuter des problématiques qui peuvent toucher la communauté. L’autre entité s’appelle le CLIC élargi. Composé de plus de 45 personnes aujourd’hui, il constitue un forum où les problématiques d’ordre général sont abordées, comme par exemple la question du transport ferroviaire, un forum organisé peu après la tragédie de Lac-Mégantic.
Durant les rencontres du CLIC élargi, l’AIEM invite souvent un spécialiste pour faire une présentation : « On a déjà invité des personnes travaillant dans des compagnies maritimes ou encore des salariés du groupe d’experts CIRANO pour présenter le baromètre d’appréciation des risques, le professeur Pierre-Olivier Pineau qui est venu présenter l’État de l’énergie ou encore du personnel de la santé publique pour présenter des rapports lorsqu’il était question des problématiques d’arsenic dans l’est de Montréal », explique le PDG de l’association.
Depuis que l’AIEM a commencé à développer sa relation avec la communauté en 1990, l’ouverture au dialogue représente une valeur fondamentale pour l’organisme. Lors des échanges, certaines préoccupations reviennent : « On parle beaucoup de la qualité de l’air dans l’est de Montréal. Cette perception, qui est ancrée depuis longtemps dans l’esprit des gens, n’est pas forcément vraie. Lorsque l’on regarde les statistiques, ces dernières démontrent que cette problématique est présente aussi sur les autres territoires », souligne Dimitri Tsingakis.
Des incidents intérieurs
Depuis la création de l’AIEM, plusieurs incidents ont eu lieu non pas à l’extérieur, mais à l’intérieur des usines. Le plus récent remonte à février 2023, lorsque l’incendie d’un réservoir s’est déclaré à Bitumar, dans le secteur des raffineries, à Montréal-Est. Mais ces accidents sont maîtrisés directement à l’intérieur des locaux et n’ont pas d’impact sur la population, selon le PDG de l’organisme : « C’est notamment grâce aux plans d’urgence des entreprises. »
La dernière fois que l’AIEM a dû activer son alarme remonte à 2007 : « Bien qu’on ait activé la sirène, il n’y a pas eu d’incidents à l’extérieur, excepté une odeur d’acide », se souvient Dimitri Tsingakis.
L’association vise à continuer de remplir sa mission en informant régulièrement la population. Elle projette d’ailleurs de devenir ainsi la référence et le chef de file du développement industriel durable au Québec.