La TOHU, dans le quartier Saint-Michel (photo Facebook de l’organisme)

CIRQUE ET INITIATIVES SOCIALES AU CŒUR DE LA TOHU DEPUIS SES DÉBUTS

Portant à la fois les chapeaux de diffuseur des arts du cirque, de maison de la culture locale et de pavillon d’accueil au parc Frédéric-Back, la TOHU est un acteur central dans le quartier Saint-Michel depuis sa création en 2004.

Durant les vingt dernières années, cet organisme a entrepris de jouer un rôle à caractère social dans le secteur. Cette mission, la TOHU la décline en trois actions précises.

C’est tout d’abord par l’entremise de son offre culturelle en tout genre incluant un volet de médiation et d’éducation aux arts du cirque qu’elle y parvient. « Que ce soit à la TOHU, dans le parc Frédéric-Back ou dans les organismes et HLM; c’est une programmation qui est très éclatée et qui va à la rencontre des gens du quartier », souligne Stéphane Lavoie, directeur général de la TOHU.

« On est le pavillon d’accueil du parc Frédéric-Back et on a une fonction d’offrir une programmation culturelle de proximité. Mais un autre volet de notre mission est de participer à la revitalisation du quartier Saint-Michel », explique M. Lavoie. En ce sens, en collaboration avec la Ville de Montréal, la TOHU offre chaque année de nombreux billets gratuits pour des spectacles tarifés de sa saison de cirque. Elle joue également un rôle informel de maison de la culture complémentaire dans Saint-Michel, en offrant à longueur d’année une programmation multidisciplinaire (danse, théâtre, musique, arts visuels) gratuite et destinée prioritairement aux résidents du quartier.

Stéphane Lavoie, directeur général de la TOHU (photo : archives EMM).

En second lieu, l’organisme vise les jeunes de moins de 30 ans dans le quartier en leur offrant une expérience dans le monde du travail. Une bonne partie du personnel qui a un contact avec le public sur le site de la TOHU, stationnement, à la billetterie, au bistro et dans la salle, est embauchée dans Saint-Michel. Ce programme d’employabilité local permet aux jeunes de retourner aux études ou de compléter celles-ci. Depuis 2004, ce sont 700 Michelois qui ont bénéficié de ce programme.

« À Saint-Michel, on a le plus haut taux de décrochage scolaire, mais aussi le plus haut taux de jeunes de moins de 24 ans. C’est l’avenir de Montréal, toutes ces personnes-là. C’est pour cela que c’est important de les épauler dans leur parcours de formation. On a aussi des bourses pour les aider à y parvenir », soutient M. Lavoie.

Créer un sentiment d’appartenance

Enfin, le troisième volet de son intervention sociale s’opère à travers une fête annuelle partagée avec les résidents du quartier. Avant que la formule évolue cette année, la Falla (une tradition provenant de l’Espagne – un grand rassemblement qui inclut trois jours de festivités) a longtemps été organisée pour rassembler les Micheloises et Michelois. Durant les mois précédant l’événement, les participants étaient invités à construire collectivement une sculpture en papier mâché. À la fin des activités, l’effigie était ensuite brûlée.

« Un quartier comme Saint-Michel a besoin de bâtir sur sa confiance en soi et de se créer une identité forte. Il faut donc trouver un lien commun entre les 62 communautés culturelles qui y résident, créer un « vivre ensemble » agréable. La culture est un moyen de médiation pour y arriver », affirme le directeur général de la TOHU.

Cette année, l’événement a été remis à neuf et ce sont plutôt 500 lanternes qui ont été fabriquées pour un grand défilé à travers le parc Frédéric-Back, le 17 juin dernier. « C’est une action artistique, mais aussi très sociale. Quand on participe aux lanternes de Saint-Michel, on n’est pas un Italien ou un Haïtien, mais simplement un porteur de lanterne. Ça provoque les rencontres et les échanges entre les gens ».

Bientôt une phase 2 de la Cité?

En juin 2022, Pierre Bellerose, consultant et ancien vice-président de Tourisme Montréal, a dévoilé un rapport exhaustif sur le récréotourisme dans l’est de Montréal, dans lequel il identifiait la Cité des arts du cirque comme attrait principal pour ce type d’offre culturelle.

Composée de l’École nationale du cirque, du Cirque du Soleil et de la TOHU, seul diffuseur spécialisé en cirque en Amérique du Nord, la Cité des arts du cirque est un concept unique au monde. Chaque année, 2 000 personnes y transitent pour étudier, enseigner, chercher, créer, programmer ou interpréter du cirque contemporain, tandis que 135 000 spectateurs assistent à des représentations sur les lieux.

L’idée est née dans les années 1990, afin de doter Montréal d’un pôle des arts circassiens et ainsi repousser les limites de ce domaine artistique. Récemment, on a revu la présentation du site pour créer « Destination TOHU ». L’offre sur les lieux sera consolidée dans les années à venir pour offrir de mai à septembre une programmation quasi quotidienne et une expérience complète pour le visiteur, en s’appuyant sur des spectacles tarifés sous chapiteau, des performances extérieures gratuites, des activités de loisir et d’éducation. Une deuxième salle de spectacle, ainsi qu’un musée des arts du cirque, sont des projets dans les cartons de la TOHU, qui souhaite que l’on revoie l’offre économique et de transport dans le secteur d’ici 2025. « Ça ne se fera pas avant d’ici deux ou trois ans. Il reste certain qu’on va vouloir continuer à enrichir le pôle en attirant de nouvelles entreprises sur ce site qui est tout de même un lieu stratégique », indique M. Lavoie.


Cette série spéciale est financée par PME MTL Centre-Est et la Caisse d’économie solidaire Desjardins.