Christine Fréchette, Christian Yaccarini et Alexandre Lagarde lors du lancement du Livre blanc de la CCEM. (Photos EMM).

LA CCEM ACCENTUE SON LEADERSHIP DANS LE MOUVEMENT DE REVITALISATION DE L’EST AVEC LA PUBLICATION D’UN LIVRE BLANC

La Chambre de commerce de l’Est de Montréal, avec à sa tête la PDG Christine Fréchette, continue de mettre de la pression sur toutes les instances gouvernementales et institutionnelles afin de doter l’Est de Montréal d’un important plan de revitalisation et de développement à réaliser d’ici 2030. Surtout, en réduisant l’entonnoir, on cherche à obtenir des engagements fermes des acteurs politiques et socio-économiques pour réaliser les projets phares et structurels de cette relance régionale longtemps discutée et souhaitée, afin de passer enfin à l’action.

Ainsi, sans surprise, le livre blanc lancé aujourd’hui dans une salle bondée de l’Hôtel Plaza Universel et intitulé « Cap sur l’Est – Livre blanc pour un développement économique renouvelé de l’Est de Montréal » propose essentiellement des actions pour répondre aux enjeux maintenant bien connus pour l’Est de Montréal et qui font les manchettes depuis quelques années : amélioration du réseau de transport collectif, du réseau routier, décontamination et aménagement structurel des sols, mise en places de leviers incitatifs pour attirer les entreprises, surtout celles « innovantes et/ou provenant des secteurs économiques en émergence », appuyer et soutenir les secteurs phares de la région tels que l’agroalimentaire, l’industrie manufacturière, le secteur récréotouristique, etc. Le tout appuyé de données significatives démontrant la réalité actuelle de l’Est de Montréal, son grand impact socioéconomique dans l’agglomération mais aussi dans l’ensemble du Québec, et les besoins d’investissements pour améliorer le sort de la région, surtout quand on la compare à l’Ouest de l’Île.

Si ce livre blanc comporte plus ou moins de nouveautés pour les initiés qui s’intéressent au développement et à l’avenir de l’Est montréalais, il n’en demeure pas moins un coup de maître en ce sens qu’il regroupe, qu’il amalgame pour une première fois une quarantaine de recommandations très pertinentes et porteuses d’avenir dans un même document, bien ciselé et légitime tant dans sa forme que dans son contenu. Ce travail d’envergure a débuté en janvier dernier et fut principalement réalisé par un groupe d’une dizaine « d’alliés stratégiques » composé d’influents dirigeants des secteurs public, institutionnel et privé, et par la suite bonifié et endossé par une autre trentaine d’acteurs importants provenant de tous les milieux de l’Est montréalais. À noter que si les « signataires » de ce livre blanc représentent en quelque sorte l’establishment de la région, on remarque tout de même avec étonnement l’absence de représentants des gouvernements provincial et fédéral, dont la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau.

«Notre objectif avoué avec ce livre blanc, en plus de proposer enfin une stratégie globale de développement du territoire pour les dix prochaines années, est d’attirer une attention et des investissements accrus dans l’Est de Montréal. Nous souhaitons que le territoire bénéficie d’injections de fonds plus substantiels, surtout du gouvernement fédéral, afin de concrétiser les grands projets que nous avons tant besoin, et d’attirer également de nouveaux joueurs économiques dans l’Est », affirme Christine Fréchette.

Comment la PDG de la CCEM voit la suite des choses maintenant que ce livre blanc s’avère le point culminant de plusieurs dossiers défendus ou mis de l’avant ces dernières années par son organisation? « Eh bien ce sera certainement beaucoup de travail (rires) de mettre en œuvre tout cela, il faudra continuer à travailler avec les acteurs publics et privés, mobiliser tous ceux qui ont une emprise sur le développement de l’Est, particulièrement nos amis à Ottawa dont on s’attend à plus. Le livre blanc est un outil très précieux, et j’espère que nous aurons à le mettre à jour dès l’an prochain, car cela nous dira que nous avançons, que nous faisons des gains pour revitaliser le territoire. C’est ce que je souhaite », soutient Mme Fréchette.

Quelques membres du Comité consultatif qui ont participé au livre blanc de la CCEM.

Principales propositions

L’imposant document d’une centaine de pages émet 40 recommandations destinées aux différents paliers gouvernementaux et acteurs socioéconomiques du territoire. Ces propositions découlent de trois axes principaux : « Établir les bases d’un développement économique durable », « Faciliter la mobilité sur l’ensemble du territoire », et finalement « Positionner l’Est pour l’avenir ».

Voici quelques recommandations particulièrement intéressantes qui se retrouvent dans ce livre blanc :

  • Créer un fonds tripartite (Canada, Québec et Montréal) avec la participation de la société civile pour gérer la décontamination et le redéveloppement des sites;

  • Amener le gouvernement canadien à égaler la mise du gouvernement du Québec (200 millions $) dans un fonds pour la décontamination et le redéveloppement des sites;

  • Accorder aux villes le pouvoir d’imposer une redevance réglementaire aux entreprises propriétaires de terrains contaminés inactifs, c’est-à-dire qui ne sont plus en exploitation;

  • Réunir les instances responsables et les autres parties prenantes au sein d’un comité afin de planifier et suivre le développement des infrastructures dans une approche intégrée;

  • Dégager pour l’Est des investissements importants en matière d’infrastructures, notamment pour le réseau d’égouts et le réseau routier, dans le cadre du programme d’infrastructures Investir dans le Canada;

  • Respecter l’engagement d’une entrée en service de la ligne bleue du métro en 2026 et mettre tout en oeuvre pour devancer l’entrée en service de la station à l’angle du boulevard Pie-IX pour la faire coïncider avec la mise en service du SRB Pie-IX (2022);

  • Prolonger le REM dans l’Est afin de connecter le territoire avec ce réseau qui se développe rapidement et à l’échelle de la métropole;

  • Lancer dès 2019 la planification du prolongement du SRB Pie-IX jusqu’à Notre-Dame Est;

  • Dédier une majorité des 300 nouveaux autobus de la STM dans l’Est pour établir une plus grande équité et pour favoriser les déplacements à l’intérieur du territoire de l’Est;

  • Procéder à la réfection de la rue Notre-Dame Est et débuter la construction à Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, de sorte que le déploiement s’effectue de l’Est vers le centre-ville;

  • Pérenniser et élargir le service de la navette fluviale en ajoutant d’autres stations dans l’Est et en assurant son intégration avec le réseau d’autobus;

  • Réaliser le plus rapidement possible (d’ici 3 ans) le prolongement du boulevard de L’Assomption et de l’avenue Souligny pour doter le Port d’un nouvel accès routier direct à ses installations;

  • Appliquer, dans le cadre du congé fiscal pour grands projets d’investissement, un seuil réduit pour les projets qui se réalisent dans l’Est de Montréal dans un secteur stratégique;

  • Implanter deux zones d’innovation dans l’Est comprenant un centre de formation et de recherche et une structure de maillage avec le secteur privé;

  • Bonifier certains programmes d’aide gouvernementale en rehaussant l’aide accordée pour les projets s’implantant dans l’Est de Montréal (par exemple, les programmes de soutien à la R&D, le programme ESSOR);

  • Mettre en place un Fonds pour aider au financement participatif de projets d’entrepreneurs qui voudront s’établir dans l’Est;

  • Développer une stratégie autour du Quartier olympique afin d’accroître l’offre commerciale et d’y attirer de nouveaux acteurs économiques innovants;

  • Favoriser l’implantation dans l’Est d’au moins deux hôtels, ainsi qu’un centre de congrès;

  • Doter Synergie Montréal des moyens financiers adéquats pour réaliser le plein potentiel de l’économie circulaire dans l’Est de Montréal et dans l’ensemble de la métropole;

  • Adapter les critères de la Stratégie nationale sur le logement à la réalité de l’Est de Montréal, par exemple, en tenant compte des coûts de l’immobilier dans ce territoire et des besoins en matière de rénovation de logements.

Des débats qui s’annoncent

Alors que la Chambre de commerce de l’Est de Montréal semble vouloir prendre les rennes du développement du territoire, du moins s’affirmer comme un joueur dominant avec qui il faudra composer dans les prochaines années, et elle a beaucoup de forces vives derrière elle pour s’imposer, certains acteurs politiques commencent peut-être à trouver qu’elle prend justement un peu trop de place dans la sphère d’influence.

La période de question suivant la présentation du livre blanc a d’ailleurs donné lieu à une intervention plutôt animée du maire de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, en lien avec la prise de position formelle de la CCEM en faveur du prolongement du REM dans l’Est, qu’il trouve prématurée alors que très peu de détails sont actuellement disponibles à propos de la faisabilité du projet. A suivi immédiatement après une autre intervention de la brigade de MHM, cette fois de Laurence Lavigne Lalonde, membre du Comité exécutif de la Ville de Montréal, qui a fait notamment remarquer au panel de présentation « qu’il n’y a pas que la décontamination des sols comme enjeu environnemental dans l’Est de Montréal ».

Pour Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et responsable de l’Est de Montréal au sein du Comité exécutif de la ville, il n’y a pas lieu de s’inquiéter de quelques discussions « saines et normales dans le cadre d’un grand programme de développement comme celui de l’Est », dit-elle. L’ancienne chef de cabinet de Chantal Rouleau est plutôt d’avis que « la pire chose qui pourrait nous arriver dans l’Est, c’est que l’on commence à se diviser et à avoir plusieurs comités à droite et à gauche qui travaillent de leur côté. Je suis convaincue qu’il faut continuer à se parler et à travailler tous ensemble dans l’Est de Montréal, comme nous le faisons aujourd’hui avec le dépôt de ce livre blanc », affirme-t-elle.

Vous pouvez consulter le livre blanc de la CCEM dans son intégralité ici : https://cdn.ccemontreal.ca/wp-content/uploads/2019/10/08112504/CCEM_livre_blanc_web.pdf