Photo courtoisie.

ASSOMPTION-SUD : VIVE RÉACTION DE L’EX-MAIRE RÉAL MÉNARD

Plutôt discret dans la sphère publique depuis sa défaite aux municipales de 2017, l’ex-maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et auparavant député du Bloc Québécois dans le même secteur, Réal Ménard, s’est fortement indigné cette semaine des déclarations de l’équipe du maire Pierre Lessard-Blais dans le dossier de l’Assomption-Sud–Longue-Pointe, et en particulier concernant celui de Ray-Mont Logistiques.

En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, Réal Ménard a d’entrée de jeu tenu à rappeler qu’il a été le maire qui a décidé, avec son administration municipale, de ne pas émettre de permis à Ray-Mont Logistiques afin d’exploiter « une cour de triage à ciel ouvert » sur l’immense terrain de l’ancienne Canadian Steel Foundries, en adoptant un règlement en 2016 qui excluait le transbordement de marchandise et l’entreposage extérieur. C’est ce fameux règlement qui a été contesté par l’entreprise, cause qu’elle a gagné en cour supérieure, et gain finalement confirmé en cour d’appel il y a quelques jours à peine.

« Pour mettre un gros bémol à ce que la conseillère municipale Laurence Lavigne Lalonde a déclaré à EST MÉDIA Montréal dans le cadre d’un récent article, j’aimerais lui rappeler que la vision de Cité de la logistique, en 2012, a fait l’objet d’une motion appuyée à l’unanimité par le Conseil de ville de l’époque où siégeaient beaucoup de ténors de Projet Montréal, son propre parti, dont Bergeron, Ferrandez, Duplessis et Gadoury. Et il n’est pas vrai de dire que cette vision de développement du territoire n’était pas partagée par la plupart des acteurs locaux », affirme Réal Ménard. Celui-ci ajoute que la dernière mouture de la vision de développement du secteur Assomption-Sud–Longue-Pointe, sous le vocable d’Écoparc industriel de la Grande-Prairie, n’apporte dans les faits que très peu de changements comparé au projet de Cité de la logistique. « Au-delà du vocabulaire, l’orientation du développement de l’Assomption-Sud-Longue–Pointe est demeurée la même. Les élus de Projet Montréal ont finalement pris d’autres mots pour dire à peu près la même chose. Et ils n’ont pas modifié le règlement que j’avais adopté en lien avec l’arrivée de Ray-Mont Logistiques. Donc, j’imagine que nous avions bien fait notre travail », déclare l’ex-maire de MHM.

Confronté sur l’aspect plus vert et environnemental de la vision de Projet Montréal versus celle de Cité de la logistique, Réal Ménard est toujours d’avis que l’on a joué sur les mots, plus qu’autre chose. « Nous avions adopté un Programme d’intégration architecturale dans lequel il y avait notamment plusieurs obligations de verdissement pour les nouveaux projets dans le secteur, au niveau des toits et des espaces de stationnement par exemple. Les promoteurs devaient également produire des études sur les nuisances dès qu’il s’agissait d’un usage sensible près des infrastructures publiques ou résidentielles. Avec le jugement qui vient de tomber dans la cause de Ray-Mont Logistiques, tout cela n’existe plus. On est dans le pire des scénarios maintenant. »

Ray-Mont Logistiques : « la Ville ne doit pas baisser les bras »

Dans un communiqué publié par l’arrondissement de MHM la semaine dernière en réaction au jugement de la cour d’appel dans le dossier de Ray-Mont Logistiques, l’administration municipale annonce vouloir se conformer à la décision « exécutoire » de la cour et invite l’entreprise à collaborer maintenant avec la nouvelle instance Concertation Assomption Sud–Longue-Pointe (ASLP), une table de concertation ayant pour mission d’orienter le développement de ce secteur en donnant une voix aux citoyens et aux parties prenantes du territoire. Fait particulier : plusieurs acteurs politiques, économiques et communautaires de l’est de Montréal ont reçu dans leur courriel ce communiqué de presse de la part de la Ville, et quelques-uns ont fait part de leur étonnement à EST MÉDIA Montréal face à cette pratique inusitée, mais aussi à propos de la décision de l’administration municipale d’arrêter le combat. Pour Réal Ménard, ce serait une erreur monumentale. « Je ne lance pas un appel à la désobéissance civile, je suis juriste dans la vie et je comprends le sens des jugements de cour, mais je trouve pitoyable de voir Laurence Lavigne Lalonde et Pierre Lessard-Blais dire qu’il n’y a plus rien à faire dans ce dossier, c’est faux », clame M. Ménard.

Ce dernier est plutôt d’avis que la Ville doit essayer d’acheter le terrain de Ray-Mont Logistiques, au prix du marché s’il le faut, afin d’assurer un développement territorial en lien avec les aspirations de l’administration municipale, qui sont partagées par pratiquement tous les acteurs socioéconomiques et politiques de l’est de Montréal, et ce depuis plusieurs années. « C’est trop facile pour les élus actuels de MHM d’avoir chialé pendant des années contre le projet de Cité de la logistique, sans jamais avoir changé la réglementation alors qu’ils sont pourtant au pouvoir, et de finalement baisser les bras et d’émettre le permis à Ray-Mont Logistiques. Je pense que la Ville devrait plutôt regarder avec l’entreprise pour une proposition d’achat, d’autant plus que l’arrivée du REM dans le secteur, qui demandera beaucoup de pi2, vient peut-être changer la donne car la CDPQ-Infra aura peut-être des acquisitions de terrains à faire. Il y a aussi des budgets dans la stratégie maritime de Québec, 100 M $ pour aider les municipalités à acquérir des terrains, il me semble, qui pourraient être envisagés, sans parler qu’il y a la déclaration de revitalisation de l’est de Montréal signée par Valérie Plante et Chantal Rouleau qui engage à certains résultats », explique l’ancien maire. Selon lui, il serait envisageable de penser à créer ainsi un organisme de cogestion avec la Ville et des partenaires des secteurs publics et même privés, une gouvernance semblable à celle de Montréal International par exemple, afin de mettre la main sur le terrain de Ray-Mont Logistiques et d’assurer le développement de ce secteur clef de l’Assomption-Sud–Longue-Pointe en fonction de la requalification souhaitée du territoire.

« Je ne pense pas que la Ville en est au point de rendre les armes dans ce dossier. Si Lessard-Blais et Lavigne Lalonde sont sérieux, ils devraient essayer de convaincre leur administration d’acheter le terrain. C’est ce que je ferais à leur place, et je suis persuadé que c’est ce que ferait aussi Denis Coderre », soutient Réal Ménard.

Questionné à savoir s’il se présentera à nouveau aux prochaines élections municipales, possiblement aux côtés de Denis Coderre, Réal Ménard a indiqué qu’il ne ferait aucun commentaire à ce sujet.