La nouvelle mairesse de Montréal-Est, Anne St-Laurent (photo : EMM).

ANNE ST-LAURENT : UNE PREMIÈRE FEMME À LA TÊTE DE MONTRÉAL-EST

La dernière élection municipale a donné lieu à une belle lutte à Montréal-Est entre le maire sortant, Robert Coutu, et son ex-conseillère Anne St-Laurent, qui a créé son propre parti il y a deux ans. Contre toute attente, c’est cette dernière qui a finalement coiffé au fil d’arrivée Robert Coutu, qui sollicitait un quatrième mandat consécutif. Une bataille de tranchée qui s’est jouée une porte à la fois, dans cette petite ville de 4 094 citoyens.

Rencontrée le 7 décembre dernier au Centre récréatif Edouard-Rivet (l’hôtel de ville étant en rénovations), Anne St-Laurent affichait déjà l’assurance d’une mairesse prête à relever le défi des quatre prochaines années. « J’ai fait ma campagne en disant aux gens que je voulais apporter un vent de changement à Montréal-Est, pour vrai, et que je voulais faire les choses autrement que l’administration précédente, et c’est ça que je m’apprête à faire dès maintenant. Pas de doute, c’est déjà démarré », a lancé d’entrée de jeu la dynamique et toute première mairesse de l’histoire de Montréal-Est.

Une victoire de terrain

Nul doute que dans une petite municipalité comme Montréal-Est, une élection municipale se gagne sur le terrain, à convaincre les électeurs un à un. Le porte à porte est ici le nerf de la guerre. « Définitivement, c’est une victoire de terrain. Je faisais du porte à porte matin, midi et soir sans cesse tout au long de la campagne. Si on ne me répondait pas, je pouvais retourner à cette adresse 3 ou 4 fois. Parfois, je pouvais jaser pendant 2 heures avec certaines personnes, sur leur perron. Mais c’était tellement intéressant, les gens ont souvent des idées fantastiques. J’ai d’ailleurs une liste de 84 suivis à faire issus de mon porte à porte, soit des problématiques à régler ou encore des projets de citoyens que j’aimerais mettre en place », avance la nouvelle mairesse.

Anne St-Laurent aura donc amassé 779 votes au final (50,3 % des voix), alors que son principal rival, Robert Coutu se contentera de 40,1 % du suffrage. L’Équipe Anne St-Laurent en Action fera également élire 3 conseillers sur 6, Équipe Coutu en fera élire 2, l’autre siège allant au conseiller indépendant Michel Bélisle. La mairesse devra donc toutefois jouer un peu du coude pour assurer une majorité au conseil lors des grands enjeux, ce qui ne l’inquiète pas dit-elle, du moins en ce début de mandat…

Banquière de profession pendant 44 ans et résidente de Montréal-Est depuis 1986, Anne St-Laurent se consacre depuis cet été entièrement à sa carrière de politicienne, elle qui a pris officiellement sa retraite en août de la Banque Nationale. Rappelons qu’elle n’en est pas à ses premières armes toutefois sur la scène municipale de Montréal-Est, s’étant fait élire une première fois comme conseillère indépendante dans le district 6 (sud de la ville) lors d’une partielle en 2008. Elle se fera réélire à trois autres occasions, cette fois dans l’équipe du maire Coutu, qu’elle quittera en 2017. « J’étais dans l’équipe de Robert Coutu quand il a battu le maire Labrosse par seulement 3 votes. Nous avons fait 2 bons mandats ensemble, honnêtement, j’ai aimé ça travaillé avec lui, il avait ces années-là de bonnes idées. Mais au début du 3e mandat, ça allait moins bien, nous n’avions plus vraiment la même vision. Il voulait à tout prix développer la ville, et moi je voulais plutôt protéger la qualité de vie des résidents. On a commencé à avoir des divergences d’opinion et en 2019 j’ai décidé de partir. C’est là aussi que j’ai commencé à monter mon équipe pour me présenter à la mairie », explique Anne St-Laurent.

À sa première campagne électorale à titre de mairesse et cheffe de parti, Anne St-Laurent a remporté la victoire avec plus de 50 % des voix, faisant également élire 3 conseillers sur 6 (photo courtoisie).

Déjà en action

La mairesse est maintenant à la tâche afin de réaliser les actions présentées dans sa plateforme électorale. Elle et son équipe devraient ainsi proposer du développement dans les secteurs industriel, commercial et résidentiel, « mais du développement responsable », insistera-t-elle. À titre d’exemple, elle citera sa bataille récente contre le projet de construction de plex dans une rue résidentielle composée historiquement de maisons unifamiliales. « C’est l’exemple parfait de ce que je veux dire par protéger avant tout la qualité de vie des citoyens. Je suis pour la construction de plex, pour densifier des secteurs, mais pas au milieu de maisons unifamiliales qui sont là depuis des dizaines d’années, ça n’a pas de sens », clame-t-elle.

Il y aurait beaucoup de projets qui, par ailleurs, seraient sur le point d’être annoncés au niveau industriel sur le territoire affirme la mairesse. « On a la chance d’avoir ici encore du terrain à développer en zone industrielle, alors qu’ils sont plutôt rares sur l’Île. De belles annonces s’en viennent à ce sujet. » Anne St-Laurent rappelle que 94 % des revenus de taxes de la ville provient des industries, une caractéristique unique à Montréal-Est dans le Grand Montréal. Serait-il envisageable pour la municipalité de construire de nouveaux quartiers en grugeant des parcelles du parc industriel? « Pas vraiment, car décontaminer des terrains industriels lourds pour les rendre aptes à recevoir du résidentiel coûte extrêmement cher et c’est très compliqué. Il y a encore quelques petits secteurs à développer pour du résidentiel à Montréal-Est, mais on ne parlera pas d’une explosion démographique, c’est certain. Pour le moment, on travaille surtout sur du développement résidentiel sur la rue Brodway. »

Parlant de taxes, la nouvelle mairesse finalise actuellement son plan de scinder les taux afin de permettre aux petits commerçants de payer moins cher, au prorata, que les grandes industries sur le territoire. Cela devrait se traduire par une réelle économie pour les propriétaires, « et rendre plus attirante la ville pour de nouveaux commerces de proximité, on l’espère », affirme Anne St-Laurent.

Mais c’est surtout au niveau des services aux citoyens que l’élue à la tête de Montréal-Est désire laisser sa marque en début de mandat. Ainsi, elle annonce qu’elle crée un poste de responsable de la qualité des services envers les résidents dont le rôle sera de faire les suivis nécessaires auprès de la population afin d’assurer un service adéquat de la part des employés municipaux et de l’administration de la ville. Elle veut également organiser plus de consultations citoyennes, et notamment revoir le calendrier d’activités de Montréal-Est. « Depuis que je suis membre de l’administration, jamais il n’y a eu d’activités hivernales ici, même si on le proposait. Ça, ça va changer. Il y aura dès février prochain une première classique hivernale pendant la période de la Saint-Valentin avec animation dans le parc de l’hôtel de ville, des camions de restauration de rue, etc., en lien avec la thématique de la Saint-Valentin. Et j’espère vraiment organiser en 2022 un premier marché de Noël », exprime la mairesse, qui vise avant tout « à dynamiser la ville, la revitaliser, et faire en sorte que les gens retrouvent leur fierté d’habiter à Montréal-Est, une fierté qui a pas mal disparu je trouve depuis quelques années. »

Parmi les autres projets sur la table en ce moment, Anne St-Laurent nous confirme qu’elle continuera les pressions pour exiger de CDPQ Infra qu’elle construise une station du REM à Montréal-Est. Elle aimerait également que la ville reprenne la gestion du Centre récréatif Édouard-Rivet, actuellement confiée à un contractuel, et mettre sur pied une maison des jeunes sur le territoire. Lors de la rencontre avec EST MÉDIA Montréal, elle insistera aussi sur l’importance de briser l’isolement des personnes seules. « Lors du porte à porte, j’ai particulièrement réalisé que beaucoup de personnes, des gens âgés surtout, souffrent d’isolement, ils ont besoin de jaser, de parler à du monde. Ça m’a donné l’idée d’installer des bancs de l’amitié dans tous les parcs et dans les cours d’école, des bancs jaunes. Quand tu veux jaser, tu vas t’assoir sur ces bancs, on veut communiquer ce code-là à tous les résidents. À l’opposé, ceux qui veulent la paix, parce qu’il y en a, on va leur installer des chaises berçantes individuelles, pour vrai! (rires). » Dans le même ordre d’idée, la nouvelle mairesse aimerait mettre à l’horaire un deux heures par semaine de rencontres libres au Centre récréatif Édouard-Rivet afin encore une fois de permettre aux gens de briser l’isolement. « On fournira le café s’il le faut. L’objectif, c’est d’offrir à ces gens un lieu pour simplement échanger et aussi ramener les citoyens à utiliser leur centre sportif et communautaire qui est trop délaissé selon moi par la population. Il faut dynamiser ce centre et la grille d’activités », conclut Anne St-Laurent.