ANJOU–LOUIS-RIEL : LA CAQ À L’ASSAUT DE LA FORTERESSE LIBÉRALE
Dans le cadre de la prochaine élection provinciale, EST MÉDIA Montréal va à la rencontre des candidats des différentes circonscriptions de l’est afin de rencontrer les principaux aspirants à la victoire le 3 octobre prochain. De quoi sont-ils le plus fier concernant leur dernier mandat? Que comptent-ils réaliser s’ils sont élus ou réélus? Aujourd’hui, discussion avec Chantal Gagnon, du Parti libéral du Québec (PLQ), et Karine Boivin Roy, candidate pour la Coalition Avenir Québec (CAQ), dans la circonscription d’Anjou–Louis-Riel.
La circonscription d’Anjou–Louis-Riel est un fief libéral depuis 1998 et le bastion de la députée sortante Lise Thériault depuis 2002. Cette dernière ne se représentera pas cette année aux élections et c’est plutôt sa collègue Chantal Gagnon qui tentera de défendre ce siège pour le Parti libéral du Québec (PLQ). Afin d’y parvenir, elle devra défaire Karine Boivin Roy, une ancienne conseillère municipale dans Mercier−Hochelaga-Maisonneuve et candidate pour la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui est actuellement en tête des sondages.
D’entrée de jeu, le dossier de la santé revient le plus souvent lorsqu’on parle aux candidats de la circonscription qui chevauche les arrondissements d’Anjou et de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. En effet, une grande tranche de la population est composée d’aînés, pour qui l’accès aux soins et services médicaux est un enjeu prenant.
Pour Mme Gagnon, il est nécessaire d’offrir plus de points de services dans le secteur. « On a besoin d’un CLSC dans Anjou–Louis-Riel. La création d’un nouveau centre de santé permettrait de désengorger les gros hôpitaux », insiste-t-elle. Cette dernière croit que la population de la circonscription, qui est l’une des plus vieillissantes de la métropole, bénéficiera de la présence d’un point de service de proximité. « Ce que j’entends sur le terrain, c’est qu’il y a des citoyens qui restent par exemple à Anjou-sur-le-Lac qui sont forcés de sortir de leur arrondissement pour se déplacer pour une prise de sang qui prend 15 minutes à peine. Ils doivent parfois prendre du transport adapté et ça implique beaucoup d’organisation pour aller à leur rendez-vous », affirme la candidate libérale.
De son côté, Mme Boivin Roy plaide aussi pour des soins de santé plus « accessibles, humains et efficaces ». « C’est une grande préoccupation sur le terrain. Les gens me demandent si on pourrait rehausser l’accès des soins à domicile où encore élargir le champ des compétences des pharmaciens communautaires», dit-elle.
Des annonces au fil de la campagne pourront éclaircir la position de la CAQ dans ce dossier, note la candidate, qui n’a pas voulu s’avancer sur des engagements concrets que pourrait adopter son parti pour améliorer l’accès aux soins de santé dans la circonscription. Le 3 septembre dernier, la CAQ a par ailleurs annoncé vouloir mettre en place un nouveau modèle de soins de santé géré par le privé, où les services seront gratuits et remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Deux centres du genre ont été proposés par le parti, qui promet d’en construire un dans la région de Québec et un autre dans l’est de Montréal. Advenant une victoire de la CAQ, le parti prévoit que ces centres devraient recevoir leurs premiers patients d’ici 2025.
Combattre l’inflation
La hausse du coût de la vie est un sujet qui préoccupe aussi les colistières. Pour sa part, Mme Boivin Roy souhaite alléger le fardeau qui pèse sur les épaules des aînés. « Il faut protéger les Angevins contre l’inflation en mettant de l’argent dans leur portefeuille. Les promesses de M. Legault dans ce dossier résonneront particulièrement dans la circonscription, parce qu’on a 21 % de la population qui a plus de 65 ans et on a 10 % des gens qui ont 75 ans et plus », affirme la candidate. Ainsi, le « bouclier anti-inflation » proposé par la CAQ comprend une baisse d’impôt de 1 % pour les deux premiers paliers d’imposition, un montant ponctuel entre 400 $ et 600 $ selon les revenus, et enfin, un versement annuel allant jusqu’à 2 000 $ selon les revenus pour 1,1 million d’aînés. « C’est trois mesures qui vont toucher positivement les Angevins et particulièrement les aînés », soutient la caquiste.
Une promesse similaire est mise de l’avant par le parti libéral, qui veut mettre de l’avant une allocation de 2 000 $ par an par aîné de 70 ans et plus. Cette somme, non imposable, a pour objectif de permettre aux personnes du troisième âge de se payer des services, « comme de l’aide à l’entretien sur leur propriété », explique Chantal Gagnon. « On a aussi un enjeu de pénurie de main-d’œuvre, et on a de jeunes aînés qui nous disent que s’ils retournent sur le marché du travail, cela leur coûte de l’argent. Ce qu’on veut faire, c’est que le premier 30 000 $ gagné par la personne qui retourne au travail soit libre d’impôts. On souhaite aussi enlever des cotisations au régime des rentes à partir de l’âge de 65 ans. »
Financer le communautaire
Ayant été directrice de l’organisme communautaire SARA dans Anjou, Mme Gagnon connaît bien le milieu et les embûches que ses membres doivent surmonter afin d’obtenir du financement. « Je sais ce que c’est pour les organismes de faire plus avec moins. On a vu aussi durant la pandémie qui était au front : il y avait le système de santé, mais aussi les organismes, que ce soit chez les jeunes, pour l’aide alimentaire pour les aînés… Je sais ce que c’est que d’aller chercher des subventions, d’avoir des programmes qui ne durent qu’un an, de faire des nouvelles demandes. Je veux donc qu’on assure une pérennité des financements », indique la candidate du PLQ.
Mme Boivin Roy est d’accord sur le fait qu’il est nécessaire de mieux soutenir les organismes communautaires dans Anjou–Louis-Riel. Pour ce faire, la CAQ propose du financement « à la mission » au lieu de subventionner des projets à la pièce, ce qui rend le processus de demande d’aide financière « lourd sur le plan administratif », constate la candidate. « Parfois les organismes ne font même pas la demande, parce qu’ils n’ont pas le temps de faire la soumission », se désole l’ancienne conseillère municipale.
Sécurité urbaine
Depuis le début de la pandémie, les cas rapportés de violence armée, impliquant souvent des jeunes montréalais, inquiètent tous les citoyens, incluant les Angevins. Les deux candidates souhaitent aborder ce problème en faisant de la sécurité un point principal de leur plateforme.
La candidate de la CAQ juge que c’est par l’accès aux ressources et activités que l’on pourra en partie combattre la violence dans la circonscription. « Dans Anjou–Louis-Riel, c’est le reflet de ce qui se passe dans la métropole en général. Alors, on va travailler là-dessus. On va développer des activités pour les jeunes, dans les lieux publics, question de leur fournir un encadrement. Tout ça en bout de ligne nous permettra de prévenir les violences et de créer des environnements sécuritaires. » Cette dernière rappelle que son parti a débloqué une enveloppe de 250 M$ sur une période de 5 ans pour l’embauche de policiers à Montréal.
Mme Gagnon souhaite aussi faire appel aux organismes communautaires pour proposer des activités physiques aux jeunes afin de les tirer des griffes du crime de rue. « Il y a, par exemple, des jeunes qui veulent jouer au hockey, mais ils n’ont pas accès à de l’équipement. Ce qu’on voudrait, c’est de donner des sous à des organismes afin qu’ils puissent acheter cet équipement. Ça vaut pour le sport, mais aussi pour le multimédia, l’informatique. Quand on fait cela, on aide leur santé, mais aussi on lutte contre la criminalité », insiste la candidate du PLQ.
Logements sociaux
La candidate libérale désire quant à elle que de nouveaux projets de logements sociaux voient le jour dans les prochaines années. « Ce qu’on a promis, c’est que 50 000 nouvelles unités soient créées sur une période de 10 ans au Québec. C’est inconcevable qu’un citoyen ne puisse pas se loger convenablement, c’est primordial. On a annoncé le « plan portefeuille » qui propose une dizaine de mesures, dont l’abolition de la taxe de bienvenue pour les premiers acheteurs. Nous souhaiterions aussi bonifier le Régime d’accès à la propriété et augmenter le montant admissible. »
Transports collectifs
Au niveau de la mobilité, Mme Boivin Roy affirme que la CAQ va mettre de l’avant une meilleure offre en transport collectif pour l’est de Montréal. « On pense précisément à la ligne bleue du métro de Montréal et au REM de l’est. Pour ce qui est de la ligne bleue, les travaux sont lancés, les appels d’offres ont été faits pour le tunnelier. On peut donc dire que c’est parti! Grâce à la CAQ on va enfin concrétiser ce projet. Également, le REM de l’est demeure le plus important investissement de notre parti en transport collectif, même si le tronçon du centre-ville a été enlevé en raison des défis d’aménagement. Présentement, le dossier a été donné à l’ARTM et je suivrai ce dossier de près si je suis élue. »
Pour sa part, Mme Gagnon se dit heureuse que le projet de la ligne bleue, qui a précédemment été piloté par le PLQ, soit sur les rails. En revanche, celle-ci croit que tout projet futur de transport en commun devra s’intégrer harmonieusement dans les communautés de la métropole et qu’il faudra prendre en considération les personnes présentes sur le terrain.
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