André Lavallée et sa conjointe, Chantale Bertrand (Courtoisie)

ANDRÉ LAVALLÉE AURA UN ÉDIFICE À SON NOM DANS ANGUS

C’est avec beaucoup de surprise et de joie qu’André Lavallée a découvert, via une rencontre Zoom rassemblant plus de 200 personnes de son passé professionnel, que la Société de développement Angus (SDA) souhaitait lui rendre hommage. L’édifice qui abrite le CLSC de Rosemont portera dorénavant son nom. Portrait de ce Montréalais d’exception, qui a l’est de la métropole tatoué sur le cœur.

La décision unanime a été prise, l’annonce a été faite et le permis, obtenu. Ce n’est maintenant que quelques vieux fils électriques qui empêchent l’installation de la plaque qui scellera le nouveau nom de l’édifice au coin des rues Rachel et André-Laurendeau. « C’est officiel, et on est très contents que la communauté ait reçu ça avec autant d’enthousiasme », dit Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA. L’homme d’affaires a beaucoup côtoyé André Lavallée au cours de sa carrière et en est même devenu un ami. « J’ai connu André quand il était conseiller municipal dans le district de Bourbonnière, sous Jean Doré. J’étais à la CDEC Rosemont-Petite-Patrie. Quand les usines Angus ont fermé en 1992, c’est avec André qu’on a commencé à faire nos premières représentations. La CDEC voulait mettre la main sur les terrains pour les redévelopper en zone d’emploi », se remémore Christian Yaccarini.

Le nom d’André Lavallée trônera bientôt sur le haut de la façade du bâtiment abritant le CLSC de Rosemont, une initiative de la Société de développement Angus (photo : EMM).

À l’époque, André Lavallée était dans les rangs du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), le parti du maire Doré. Ayant compté jusqu’à 20 000 membres, le RCM s’était doté d’un programme très élaboré et s’engageait à faire de nombreuses réalisations pour la métropole. Parmi celles-ci, on dénote le tout premier plan d’urbanisme de Montréal, dirigé par André Lavallée lui-même. Christian Yaccarini croit qu’il s’agit là de la plus grande réalisation du principal intéressé. « Les gens ne s’en rendent pas compte, mais avant 1992, Montréal n’avait pas de plan d’urbanisme. Tout était négocié, discuté à la pièce, avec tout ce que ça peut entrainer comme dérives. André a non seulement réalisé le premier plan d’urbanisme de l’histoire de Montréal, mais il l’a fait de façon très innovatrice. » Des ateliers de réflexion sont alors organisés dans chacun des arrondissements de Montréal par André Lavallée et son équipe. Le processus participatif s’étend sur deux ans.

Jouer en équipe

Équipe. Un mot qui revient maintes et maintes fois lorsqu’on s’entretient avec André Lavallée. Qu’il ait été militant au sein des groupes communautaires en habitation, conseiller municipal ou secrétaire général adjoint du gouvernement pour la métropole, il a laissé sa marque à chacune des étapes de sa vie professionnelle. « J’ai toujours cru que c’est un travail d’équipe qui fait avancer les choses, raconte André Lavallée. Il n’y a pas de sauveur, ni une seule personne qui détient la vérité. Ces reconnaissances, chaque fois, je les partage parce chacune de mes réalisations correspond à un effort collectif souvent impressionnant, inédit. » Car il faut le mentionner, l’ancien haut fonctionnaire n’en est pas à son premier hommage. Il est Citoyen d’honneur de la Ville de Montréal, a obtenu la médaille de l’Assemblée nationale du Québec et la médaille du député, il est membre honoraire de Vélo-Québec, il détient le prix Guy Chartrand, décerné par Transport 2000 (aujourd’hui Trajectoire Québec) pour le Plan de transport de Montréal 2008, la mention reconnaissance de Cyclochrome et celle de « Père spirituel de Bixi ». À ce sujet, il en est le patriarche, mais souligne d’emblée que la bicyclette iconique de Montréal a aussi une mère en la personne de Roger Plamondon ainsi que tout un tas d’oncles et de tantes qui ont tous et toutes permis au projet de naître. Et c’est lors d’un voyage en France, plus précisément à Lyon, qu’André Lavallée a découvert le concept de vélo en libre-service. Il a eu tôt fait d’importer l’idée à Montréal!

Relancer l’est

Depuis quelques années à peine, un vent nouveau souffle sur l’est de Montréal. Les gouvernements en place semblent enfin en saisir tout le potentiel. André Lavallée lutte depuis des décennies afin qu’on reconnaisse le rôle clé que pourrait jouer l’est. « Je pense que de le développer, c’est un des plus beaux gestes qu’on peut poser à l’échelle de la région métropolitaine en termes de développement durable », mentionne André Lavallée. Pourquoi? Parce qu’il existe déjà! Nul besoin d’aller détruire des terres agricoles avoisinantes ou encore de raser des boisés remplis d’écosystèmes. Il s’agit d’un secteur urbanisé et doté de toutes les infrastructures nécessaires. Et pour lui, investir dans l’est, c’est aussi s’attaquer aux inégalités sociales et travailler pour l’inclusion des nouveaux arrivants, dont plusieurs peuplent les quartiers est.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a honoré le 20 novembre dernier l’ancien maire de l’arrondissement de RPP, André Lavallée, lui décernant le titre de Citoyen d’honneur de la Ville de Montréal (photo courtoisie).

À l’heure actuelle, André Lavallée est optimiste, certes, mais aussi inquiet et fâché. Le prolongement de la ligne bleue tarde un peu trop à son goût, tout comme la mise en service du SRB Pie-IX. « Pendant longtemps, l’est a eu plein de promesses, mais peu de réalisations. Comment je vois son avenir? Avec un optimisme délirant! Mais en même temps, je suis très réaliste », confie-t-il. « L’est, ce n’est pas seulement des terrains contaminés. C’est du monde. C’est une main d’œuvre. C’est des jeunes, des personnes plus âgées. C’est des nouveaux arrivants. L’est de Montréal, c’est un appel à se réveiller. » Comment y arriver? En faisant bien les choses, en misant sur le transport en commun au lieu d’élargir les autoroutes, en rejoignant tous les aspects d’une ville comme l’environnement, le développement économique, la création de nouveaux espaces verts. « On a l’est pour ça, c’est une occasion et il faut la prendre. C’est bien parti, mais il faut rester très vigilant », insiste André Lavallée.

Après avoir quitté ses fonctions au gouvernement, André Lavallée a donc travaillé à la relance de l’est, mais aussi auprès de différents organismes à but non lucratif à la réalisation de divers mandats. Récemment aux prises avec des problèmes de santé, il n’a eu d’autre choix que de ralentir la cadence. « J’ai diminué mes activités, mais je suis extrêmement bien entouré par ma conjointe, mes proches, mes amis », révèle-t-il. Pour lui, contre toute attente, la pandémie a été synonyme de retrouvailles et non de solitude. Sa propriété étant pourvue d’un balcon parfait pour appliquer la distanciation sociale, il y reçoit à tour de rôle des amis de longue date, des connaissances, des personnalités du milieu. Vous pouvez d’ailleurs suivre le fil de ses rencontres, qu’il a surnommées « Des nouvelles de mon balcon », via sa page Facebook. Et très bientôt, son nom figurera sur l’édifice du CLSC de Rosemont… qui n’a pas été choisi au hasard! « C’est un lieu à vocation communautaire. Des citoyens rentrent y chercher toutes sortes de services. La SDA trouvait que ça reflétait bien André », termine Christian Yaccarini. « Cet homme a toujours été là pour servir Montréal et ses habitants. »