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ALLIANCE POUR L’EST DE MONTRÉAL : LA MACHINE EST EN MARCHE

Le tout premier directeur général de l’Alliance pour l’est de Montréal vient d’entrer en fonction. Regroupant plus de 30 acteurs du territoire, cet ambitieux projet entame donc enfin ses chantiers. En pôle position? Faire parler l’est d’une seule voix et s’assurer du développement territorial intégré du Réseau express métropolitain (REM). Rien que ça.

Il s’appelle François Bergeron et il œuvre depuis plusieurs années dans les quartiers est de la métropole, tantôt au communautaire, tantôt au culturel. C’est le poste de directeur général de la CDC Centre-Sud, qu’il occupait depuis neuf ans, qu’il quitte pour porter cette fois ce titre au sein de l’Alliance. « J’avais entendu parler de la création de l’Alliance Cette approche territoriale pour mobiliser les forces en place et assurer un développement cohérent de l’ensemble, je trouvais ça intéressant et assez innovateur », révèle le principal intéressé. Choisi à l’unanimité par le comité de sélection après un processus d’embauche rigoureux, François Bergeron a séduit par sa capacité à travailler avec des partenaires d’horizons différents. Il est outillé à côtoyer autant le communautaire que le milieu d’affaires ou celui du développement immobilier. « C’est quelqu’un qui a des principes, mais qui est pragmatique. C’était un élément qui m’apparaissait important parce qu’au sein de l’Alliance, on a des tables de quartier, des maisons d’enseignement, des milieux privés, » explique Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus. Il siège également au conseil d’administration de l’Alliance.

François Bergeron, premier directeur général de l’histoire de l’Alliance de l’est de Montréal (photo courtoisie).

François Bergeron s’affaire depuis le lundi 5 juillet à former l’équipe et, espère M. Yaccarini, à attaquer le premier défi dont s’est doté l’Alliance : s’assurer du développement territorial intégré du REM. L’organisme tient à ce que ce ne soit pas le développement immobilier autour des gares qui soit mis de l’avant, mais plutôt le développement du territoire. « Parce que le grand danger avec une infrastructure comme le REM, c’est que seulement des promoteurs immobiliers achètent les terrains. L’Alliance souhaite cibler quelques stations stratégiques sur le territoire et développer des contenus pour ces stations afin d’en faire plus qu’une gare », précise Christian Yaccarini. Des services, des activités, des lieux de travail pourraient se trouver en ces murs et ainsi participer au foisonnement des alentours et non pas servir simplement de lieu de passage. « C’est vraiment de faire en sorte de réussir l’arrivée du REM dans l’est de Montréal. C’est un des dossiers majeurs de l’Alliance », ajoute-t-il.

La petite histoire d’une grande Alliance

Plusieurs mois après sa création, nombreux se demandent toujours un peu pourquoi l’Alliance a été créée au départ. La Chambre de commerce de l’est de Montréal (CCEM) ne remplissait-elle pas déjà de telles fonctions? Très proactive, la CCEM est axée, comme son nom l’indique, sur le développement économique de l’est de Montréal. Ce n’est pas son seul champ d’intérêt, bien sûr, mais il s’agit néanmoins du principal. Les volets social et écologique sont peu ou pas à l’ordre du jour, les acteurs sociaux, institutionnels et écologiques étant moins présents à la chambre. « On a senti le besoin de créer une structure qui regroupait la chambre de commerce et l’alliance industrielle de l’est de Montréal, mais d’aller aussi chercher les tables de quartier, les maisons d’enseignement, tous les intervenants de l’est de Montréal qui participent à son développement », dit Christian Yaccarini. « Pour obtenir une vision de développement intégré du territoire, on doit travailler de pair. » L’idée est donc de voir le développement comme inclusif. « Il faut arrêter d’adopter des mentalités de clochers, mon secteur versus ton secteur. Les forces et expertises sont partout dans l’est de Montréal. Alors, comment peut-on les mettre à profit autour de son développement? », renchérit François Bergeron. Et où sont les élus? Eh bien, ils ont été volontairement exclus de la table, le tout afin d’éviter la gestion d’arbitrage politique. « Il y a un lieu où le politique règne, c’est au Comité de développement économique de l’est de Montréal. On n’a pas besoin de le reproduire », soutient Christian Yaccarini.

Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus (photo courtoisie).

L’Alliance a tout de même profité, lors de sa création, du nouveau vent qui souffle sur l’est venant de la volonté du gouvernement en place d’investir dans ce territoire, longtemps délaissé. « On le sait, on a des quartiers qui vont très bien. Mais on a des secteurs qui vont beaucoup moins bien, comme Montréal-Nord, Saint-Léonard, Saint-Michel », note Christian Yaccarini. Lieu d’action, et non table de concertation tient-on à préciser, l’Alliance entend participer à mieux desservir les habitants des quartiers est, à servir d’appui aux différents projets et à accompagner les acteurs de l’est. Pour y arriver, elle peut compter sur des partenaires de taille, comme la Société de développement Angus, les trois cégeps du territoire, l’Université du Québec à Montréal (UQAM), la Société d’habitation populaire de l’est de Montréal (SHAPEM), la Corporation Mainbourg et d’autres. L’Alliance profite aussi d’une contribution de la Fondation Lucie et André Chagnon et déposera prochainement une demande d’aide financière au Fonds d’initiative et de rayonnement de la métropole (FIRM) du Secrétariat à la région métropolitaine. « C’est un financement mixte entre la fondation, des partenaires et le public. J’aime qu’on ne soit pas uniquement dépendant de l’État, mais que l’État accompagne la démarche », mentionne Christian Yaccarini.

Pandémie n’égale pas inertie

En 2020, à la suite d’un mémoire qui avait pris la forme de recommandations, l’Alliance devait mettre sur pied quatre groupes de travail, qui devaient culminer en un forum. La pandémie en a voulu autrement, et le forum devra attendre. Néanmoins, les groupes se sont bel et bien rassemblés. « Le travail a eu lieu, des rapports ont été faits, et c’est là-dessus que la direction générale va se baser pour la suite des choses », explique brièvement Christian Yaccarini. Et plutôt qu’attendre que la pandémie finisse, le regroupement a choisi d’en profiter pour mieux se structurer : incorporation, formation formelle de son conseil d’administration, écriture des règlements généraux et élaboration d’un plan d’action. « L’est a un grand potentiel de développement. La pandémie a peut-être généré une grande prise de conscience à ce niveau. Vouloir se regrouper autour d’une même table pour réfléchir ensemble et trouver des moyens, c’est peut-être ce qui me tient le plus à cœur », termine François Bergeron.

Forte d’un aéropage de membres, composé entre autres de six tables de quartier, de trois cégeps, d’une université, de la chambre de commerce, de l’Association industrielle de l’est de Montréal, du Fonds d’action et de Culture Montréal, l’Alliance mise sur la force de son membrariat. Actuellement, ce serait avec beaucoup d’enthousiasme que les différents membres participent aux réunions. Et le principal défi de l’Alliance sera sans doute de conserver cette énergie positive au sein de ses troupes… et de livrer la marchandise!