Photo: Wikipedia/Raysonho

AIRBNB BIEN PRÉSENT DANS L’EST DE MONTRÉAL

Les résidences de tourisme temporaires du type Airbnb sont toujours bien présentes à Montréal, malgré des mesures pour limiter leur nombre, et ce, même dans l’est de la métropole, où des centaines de logements sont retirés du marché locatif pour une bonne partie de l’année.

En effet, selon un décompte effectué par EST MÉDIA Montréal à partir de l’outil en ligne « Inside Airbnb », plusieurs arrondissements dans l’est sont le lieu d’une offre importante de logements temporaires.

C’est dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie que l’on trouve le plus grand nombre d’annonces Airbnb selon le site internet, alors qu’on en dénombre 1 102 sur les 13 621 répertoriées à Montréal. Parmi celles-ci, 246 annonces ont été faites récemment et fréquemment, soit dans les six derniers mois et plus de 90 jours par année. Si une grande partie des locations affichées est plus près du cœur de Montréal, dans le quartier de La Petite-Patrie, on retrouve tout de même plusieurs annonces à l’est de l’avenue Papineau.

On constate le même état des lieux dans l’arrondissement voisin de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, où 754 logements sont répertoriés par l’outil en ligne. De ce nombre, 220 annonces ont été faites récemment et sur plus de 90 jours par année. Encore une fois, ce sont les quartiers à proximité du centre-ville, soit Hochelaga et Maisonneuve, où l’on retrouve le plus grand nombre de Airbnb, mais il y en a tout de même des dizaines d’autres partout sur le territoire de l’arrondissement, jusqu’à Tétreaultville.

Règlements inefficaces

Pourtant, ces deux arrondissements, en tête de liste pour le plus grand nombre d’Airbnb répertorié, ont instauré durant les dernières années des règles pour encadrer ce type de location à l’intérieur de leurs frontières. Effectivement, une des méthodes privilégiées par les administrations a été de circonscrire l’offre à un territoire précis.

Dans RPP par exemple, les résidences de tourisme sont seulement autorisées dans la zone qui correspond à la Plaza Saint-Hubert, entre les rues de Bellechasse et Jean-Talon Est. Pour ce qui est de MHM, l’établissement de résidences de tourisme est autorisé uniquement dans certaines zones où les usages commerciaux et résidentiels sont en vigueur. Plus précisément, les zones où sont permises ces résidences correspondent à la rue Sainte-Catherine, entre l’avenue Bourbonnière et la rue Viau, à la rue Ontario, entre la rue Préfontaine et l’avenue Letourneux et quelques sections bien précises des rues Sherbrooke et Beaubien.

Rosemont-La Petite-Patrie est l’arrondissement de l’est de Montréal comptant le plus d’offres Airbnb (photo : archives EMM).

Or, malgré la mise en place de ces règles, de nombreuses annonces sont localisées en dehors des zones permises par les arrondissements. D’est en ouest, les appartements disponibles à longueur d’année se retrouvent partout sur les cartes de RPP et de MHM.

Cette situation ne surprend pas Guillaume Dostaler, coordonnateur d’Entraide logement Hochelaga-Maisonneuve, qui y voit un échec de la réglementation municipale. « La plupart des Airbnb dans le quartier sont illégaux, puisqu’on les retrouve en dehors des zones permises. Les règlements passés n’ont pas eu l’effet souhaité », souligne-t-il.

Ce dernier croit que la volonté politique n’est pas au rendez-vous pour combattre efficacement les Airbnb illégaux. « L’administration publique dit aux citoyens d’aller déposer des plaintes au ministère du Revenu s’ils constatent des activités de location touristique illégales, mais le Ministère a d’autres chats à fouetter que d’aller vérifier ça. Ce n’est pas efficace comme système », affirme le coordonnateur.

Devant la prolifération des Airbnb en dehors des zones permises, l’arrondissement de RPP explique que la plateforme Airbnb ne contient pas uniquement des offres d’hôtels-appartements, mais également des logements qui sont sous-loués pour une courte durée par la personne qui l’habite, comme par exemple lors d’un voyage.

« La Loi sur l’hébergement touristique prévoit que l’occupant d’un logement peut louer son domicile pour une période maximale de 30 jours consécutifs; cette activité est identifiée par la loi comme étant un «établissement de résidence principale». Le logement pourrait dans ce cas être loué en toute légalité sur Airbnb, indique Samuel Dion, chargé de communications à RPP. L’arrondissement ne contrôle pas ce type d’hébergement, puisque l’usage principal est toujours considéré comme un logement; ce type de location est donc permis partout où l’habitation est autorisée. D’ailleurs, en vertu de la Loi sur l’hébergement touristique, les municipalités ne peuvent pas interdire ce type de location sur leur territoire. »

Pour sa part, MHM affirme utiliser tous ses pouvoirs pour faire appliquer sa réglementation. « L’équipe des permis de MHM s’occupe de ce dossier. C’est elle qui envoie les plaintes à Revenu Québec, mais les membres de cette équipe sont tellement débordés. L’industrie de l’hébergement touristique doit être encadrée par Québec », résume Julie Bellemare, chargée de communications à MHM. L’arrondissement dit avoir transmis une plainte en 2021 et deux en 2022 au ministère du Revenu à ce sujet.

En ce qui concerne les inspections, RPP ajoute que son équipe dédiée à cet effet « agit seulement sur réception de plaintes citoyennes. » « À la réception d’une plainte, un avis d’infraction est transmis immédiatement au propriétaire du bâtiment visé. Nous communiquons également avec la personne requérante afin de l’encourager à déposer en parallèle une plainte à Revenu Québec, qui a une équipe d’inspection attitrée à la location illégale de logements.  Dans les cas plus problématiques où les nuisances sont récurrentes, notre équipe peut intervenir sur place et émettre des constats d’infraction. Ces situations sont toutefois plus rares », affirme-t-on à l’arrondissement.

Décompte dans l’est

Bien que les locateurs sur Airbnb privilégient les logements situés à proximité du centre de Montréal, ceux-ci ne se privent pas de louer à court terme dans l’est, et ce, jusqu’à la pointe de l’île.

On peut ainsi trouver des annonces qui proposent des « appartements de campagne confortables », situés à 30 minutes du centre-ville dans Pointe-aux-Trembles pour 59 $ la nuit, ou encore une « oasis adorable » en plein centre de Montréal-Nord au coût de 125 $ la nuit.

Après RPP et MHM, c’est dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles que l’on compte le plus grand nombre d’annonces Airbnb, soit 61, dont 16 ont été affichées dans les 6 derniers mois et plus de 90 jours par année. C’est l’arrondissement de Saint-Léonard qui suit, avec 57 annonces, dont 18 récentes et fréquentes, puis Montréal-Nord, avec 55 annonces, dont 14 sont récentes. Anjou compte quant à lui 53 annonces affichées, desquelles 6 sont récentes et, enfin, Montréal-Est possède 6 Airbnb sur son territoire, dont 2 ont été loués dans les 6 derniers mois.